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Une profonde tristesse l'envahit. Cette raquette, il l'a tellement souvent vue entre les mains de son vieux pote... Combien de centaines - de milliers ? - de jeux disputés avec acharnement et mauvaise foi au cours de ces presque vingt ans ? Wrinkler était un tennisman amateur d'excellent niveau mais il n'arrivait pas à la cheville de Delcourt ; cependant, il était rare que le journaliste ne parvienne pas à terminer un match en vainqueur, tant sa soif de gagner le poussait à dépasser sans cesse ses limites ; et quel mauvais joueur, prêt à n'importe quel vice pour déstabiliser son adversaire !
Afficher en entierLe lieutenant Moreau se tient debout, figé devant la porte du bureau d'Ange Gabriel, un dossier dans la main gauche, la main droite posée sur la poignée ; mais, non, décidément, il n'arrive pas à exercer la pression nécessaire pour déclencher l'ouverture du battant. Il se considère comme' un homme raisonnablement courageux, il a déjà eu dans sa carrière l'occasion de se retrouver dans des situations difficiles, des interventions sur le terrain où il aurait pu se faire trouer la peau par des forcenés, des désespérés, mais, là, c'est trop pour lui, car, de l'autre côté de l'épaisseur de bois, il entend son boss jurer comme un charretier. Des mots parfois étranges, comme "nodocéphale", mais qui surtout, pour la plupart, lui vrillent les oreilles, car Moreau est un garçon très bien élevè - certains diraient qu'il a été un peu trop couvé par sa maman, mais ce ne sont que des mauvaises langues - qui déteste l'usage de la vulgarité, sauf quand l'emploi d'un vocabulaire approprié est susceptible de favoriser le résultat d'une mission sur le terrain.
Afficher en entier[...] l’autre, la vie des people, celui qui lui avait apporté une réelle notoriété, était l’un des motifs de vanne préféré d’Antoine, qui adorait lui demander avec un ton geignard et passionné : "Alors Marc, s’il te plaît, file-moi ma came : comment se passent les vacances de Sophie Marceau avec Cyril Lignac ? l’interrogeait-il avec un air faussement angoissé. Comment ça, ils ont rompu ?! Nom de Dieu, mais personne ne me tient au courant ! Mais j’y pense, cela explique le fait que depuis huit jours je n’ai plus de nouvelles... Aaargh ! Si ça se trouve, c’est la catastrophe, Sophie s’est foutu en rogne parce que Cyril l’a trompée avec Vanessa Paradis ! Résultat : il s’est pris un pain dans la gueule de la part de Johnny Depp, complètement bourré, qui venait juste de divorcer avec Amber Heard pour retrouver la mère de ses enfants. Dis, Marc, rassure-moi : tout va bien ?!"
Sans répondre, Wrinkler se contentait de rire doucement.
Afficher en entierMoreau n’a sans doute pas dormi beaucoup plus que lui, mais il a le teint frais comme un panier de pêches, son épaisse chevelure blonde brille au soleil qui entre à flots dans la pièce. Le privilège de la jeunesse. Gabriel, en cet instant précis, le déteste cordialement. Il sent littéralement les valoches qu’il a sous les yeux tirer son visage vers le bas, il doit ressembler à un basset artésien ; et encore, un basset artésien après une longue chasse à courre.
Quant au p’tit Julien, c’est un véritable scandale, de l’indécence pure [...]. C’est de la provocation, ce garçon semble sortir de l’adolescence, c’est tout juste s’il n’a pas encore de l’acné sur les joues ! Et pourtant, c’est le meilleur élément arrivé dans la brigade depuis... depuis Moreau, tiens, justement, il y a quatre ans !
Afficher en entierLa gaffe à ne jamais commettre, c’est de l’appeler par son prénom. Déjà, la démarche froisse son sens de la hiérarchie. Une bonne organisation nécessite une stricte hiérarchie, et une stricte hiérarchie nécessite du respect, dit-il. Alors, lorsqu’un pauvre innocent a le malheur de l’interpeller d’un "Ange ! Comment vas-tu ?", la réaction est violente, on n’est pas certain de retrouver tous les morceaux du pauvre gars. Faut dire qu’Ange, ce n’est pas terrible comme prénom, pour un flic dont le patronyme est Gabriel... Le commandant Ange Gabriel.
Afficher en entierD’un seul coup, l’alarme s’arrête net. Il respire un grand bol d’air, ça fait un bien fou ! Mais soudain, les bruits de l’incendie lui sautent aux oreilles. Ça ronfle, ça craque, ça pète, tant qu’on ne s’est pas retrouvé au cœur d’un brasier, on n’imagine pas le boucan d’enfer que cela peut produire. Sans attendre, il reprend sa marche. Il ne reste plus que cinq mètres, la fumée qui s’échappe du bureau est de plus en plus dense. Il arrive devant la porte, l’extincteur brandi comme une arme...
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