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NOLAN

— Waouh ! siffle-t-il en me détaillant sous tous les angles. J’aimais le mec cool en week-end, mais je crois que je viens de tomber en admiration devant le Président. Si je prends une photo, tu me la dédicaces ?

Il arrive à me faire sourire, et j’avoue, à retrouver un peu de ma bonne humeur. Tout simplement à cause d’un compliment basique et même pas original. Encore une preuve que je me suis laissé prendre au jeu et qu’il m’a bien affecté. J’arrive à trouver le diable séduisant et j’en serais presque à demander où je suis censé apposer ma signature pour lui céder mon âme. Et je souris niaisement malgré tout, heureux comme un abruti. Pathétique, à n’en pas douter ! Mes épaules se détendent légèrement d’elles mêmes tandis que je me rappelle que je suis à la bourre et que Sully doit m’attendre en bas sous la flotte. Mon boulot… il m’a toujours sauvé des pires affres que la vie m’a réservée, ce n’est absolument pas le moment d’oublier ce roc qui me guide et me garantit mon équilibre. Au contraire.

— Ça dépend, tu paies combien ? rétorqué-je en me forçant à arrêter de le mater comme un mort de faim pour aller me préparer un café.

— Faut voir, répond-il en simulant une réflexion intense. L’argent ne me paraît pas une bonne monnaie d’échange te concernant… Je te prépare ta bouffe tous les soirs ?

— Deal ! Tu veux boire un truc ? J’ai du thé, du café… Hier, je ne t’ai proposé qu’un café, mais tu as le choix. Et j’ai noté également que tu n’as pas mangé les viennoiseries. Tu préfères…

— Stop ! s’exclame-t-il dans mon dos d’un ton ferme. Je suis là pour m’occuper de toi, pas l’inverse. Et pour répondre à ta question, je comptais me rendormir, j’avais juste soif, en fait. Mais hors de question de louper un président au réveil, donc oui, merci, je prendrais bien un café…

Je ne le devrais pas, mais j’aime bien trop la manière dont il prononce ma fonction. Président. Entre ses lèvres, le mot semble atrocement indécent. Une véritable invitation à la luxure. D’ailleurs, ma libido semble vouloir accepter cette maudite invitation à la noix !

Stop, Nolan ! Focus boulot, rien d’autre.

— Tu sais que tu peux m’appeler Nolan ? lui proposé-je malgré moi en lui tendant une tasse remplie et odorante.

— Ouais, mais là tu fais trop « Président ».

Je tressaille tandis qu’il insiste sur chaque syllabe. J’entrevois son regard avide de chacune de mes réactions et visiblement, ce qu’il aperçoit l’amuse. Ou le flatte. J’en sais rien. Cet homme est un démon que je devrais fuir et que pourtant j’ai envie de sauter.

Beaucoup.

Fort.

Souvent.

Bref !

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AARON

— Tu fais partie d’une équipe ? continue-t-il en m’offrant un sourire ravageur, tout en gesticulant pour rester à flot. Je n’ai rien trouvé dans la presse à ton sujet. J’ai cherché lorsque ton père m’a expliqué que tu participais à quelques compétitions.

Dans la presse ? Il a donc cherché à prendre des nouvelles ?

Cette info devrait me passer par-dessus la tête mais malheureusement ce n’est pas le cas. Je me fige subitement en oubliant de remuer mes bras et mes jambes et… je coule lorsqu’une vague un peu plus puissante que les autres s’abat sur moi. Plongé momentanément dans la pénombre de la mer, je sens immédiatement deux mains larges et puissantes attraper ma taille pour me ramener à la surface. Sans comprendre la suite, j’atterris finalement contre son torse, ma poitrine pressée contre ces fameux poils qui me faisaient bander à l’aube.

Et devinez quoi ?

Welcome Annapurna dans le maillot ! Contre sa cuisse. Juste là, sur son gauche antérieur tout dur et bandé, lui aussi. Simplement ce n’est qu’un muscle en plein effort pour rester à flot, alors que chez moi, ce qui continue de durcir n’aide pas vraiment à la nage ou à la flottaison.

Merde, merde, merde !

— Je ne me noyais pas !

Dans un geste incontrôlé, je tente de m’écarter de lui, mais sans me souvenir de mon handicap. Un mouvement trop large réveille une douleur vive et fracassante entre mes muscles. Un cri s’échappe de mes lèvres avant que j’arrive à le rattraper. Nolan me récupère contre lui sans me demander mon avis, l’air furieux.

— Bon sang, Aaron ! grommelle-t-il en inspectant mes traits. Pas besoin de jouer les héros avec moi, tu le sais pertinemment ! Ni de faire la gueule ! Je ne cède jamais aux caprices, je pense te l’avoir assez répété ! Tu vas bien ?

Je lis l’inquiétude au fond de ses prunelles alors que la douleur s’infiltre un peu plus loin dans ma chair. Il a raison, ce qui a toujours marché avec mes parents ne fonctionne pas avec lui. C’est sans doute d’ailleurs ce qui a fait de nous ce que nous sommes. Pas de faux-semblants avec Nolan, les non-dits le saoulent, il considère que c’est une perte de temps.

— Pas vraiment, déclaré-je en réalisant que je ne peux pas lui mentir, à lui.

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AARON

— Mais bien sûr ! ricane-t-elle en ouvrant la porte. Après toi, mon cher. Je suppose que le diner va bientôt être servi, je propose que tu enfiles d’autres fringues qui ne te feront pas passer pour un manant. C’est quoi ce tee-shirt ? C’est quand la dernière fois que tu l’as lavé ?

Oui, bon, d’accord, j’avoue que ma dégaine du jour n’est pas exceptionnelle. J’ai un peu bricolé avec Stuart, le capitaine du bateau tout à l’heure, ça m’a permis d’échapper à une longue après midi en tête à tête avec les parents.

— Bien mademoiselle, consens-je en passant devant elle pour sortir de cette pièce. Je vais m’empresser d’aller revêtir mon habit de lumière et…

Et me préparer à affronter le jury familial.

Je me fige soudain en laissant ma phrase en suspens, le nez écrasé contre une chemise ultra douce en coton bleu pâle. Un parfum subtil d’orange épicée se faufile dans mes narines et des mains larges et lourdes s’abattent sur mes épaules alors que je chancèle sous la surprise et le choc.

— Hey ! Reste avec nous, plaisante Nolan.

Je redresse la tête, hébété, et plonge immédiatement dans l’océan de son regard. Un frisson particulier que je tente de repousser immédiatement se déploie sournoisement au creux de mes reins.

— Tu vas bien, Aaron ?

Les tonalités suaves de son accent de Kalys roulent sur sa langue pour ramper jusqu’à mes oreilles, et j’ai l’impression qu’elles deviennent quasiment visibles. Chaleureuses et envoûtantes. Rassurantes et enveloppantes. Plus confortables qu’un plaid en plein hiver. Merde ! Cette réaction me prend de court et surtout, me perturbe sans prévenir.

— Euh… oui… Bon, salut.

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Tu as largement payé ta redevance à la vie, il est temps de prendre un forfait pour le bonheur et la paix.

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Ma théorie c'est que les mots ne comprennent pas les hommes. Si tel avait été le cas, ils sortiraient tout seuls pour lui avouer tout ce que je ressens à ce moment précis.

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- Doux Jésus... Madame, qu'avez-vous fait de Claire, cette femme névrosée et tendue comme un tring qui m'a tenu compagnie si longtemps ?

- Oh, mais elle est toujours là, mon cher. Simplement, je m'adapte. Si je t'avais parlé de mes histoires de strings entre certaines dents, par exemple, il y a quelques mois, tu m'aurais sans doute noyée ou défenestrée. Maintenant, je pourrais presque te raconter comment Stuart...

- Non, Claire, tu ne peux pas ! Nous sommes en plein boulot, bon sang ! On y va.

- Yeah ! À l'attaque ! Ça va saigner.

Cette femme me fait peur, vraiment. Trop intelligente pour moi. Et trop folle aussi. Suis-je bien raisonnable de la laisser me seconder au bureau ?

Sans doute que non. Je ne m'étonnerais même pas d'apprendre dans quelques jours qu'elle a revendu Kalys à un Émir richissime. Juste pour mettre des bâtons dans les roues à John Calvin et Cunning.

En attendant, je n'ai pas eu vent d'une telle transaction, donc je suppose que tout va bien.

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Je dois arrêter le whisky. Si je l'aime, lui ne me veut pas que du bien.

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- Et donc, ma vie, mon sport et ma douleur, on en parle la semaine prochaine ? Je n'ai pas demandé un psy, juste un foutu kiné.

- D'après ce que j'ai compris, des kinés vous en avez vu quelques-uns, et visiblement ils n'ont pas fait de miracles. Qu'est-ce qui vous dérange, Monsieur Parker ? Avouer quelques faiblesses ? Je vais vous raconter les miennes, comme ça, vous pourrez vous détendre. Je vous trouve très beau, monsieur Parker, et ce depuis longtemps puisque je suis un fan de vos performances athlétiques. Je suis gay, si vous en doutiez encore, et si ça vous dit, après notre petite discussion, je vous paie un verre. Bien entendu, vous pouvez me faire confiance, je sais parfaitement cloisonner mes différentes activités et respecter l'absolu anonymat de nos clients. Simplement, je préfère baiser avec un homme qui n'a pas de tendinite. C'est quand même beaucoup plus simple de ne pas avoir peur de blesser en cas de pulsion, je dirais... brutale... Je pense donc que ce serait sympa de régler le problème rapidement.

Nom de Dieu !

C'est quoi ce type ?

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La fin des vacances est radicale et je n'y étais pas préparé, perché sur ce petit nuage au goût doux amer et bercé par le soleil. Certains troubles sont plus féériques que d'autres et Aaron est devenu mon chaos préféré. Celui dont je n'aurais pas voulu m'échapper.

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- Un président qui dit "ta gueule" pour justifier ses choix ? Super ! Il doit être bien dirigé ton pays ! Et tu dis quoi à la Reine Mère quand tu la croises ? Salut la vioc, tu sens la naphtaline ?

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