Kant tu ne sais plus quoi faire il reste la philo

Après quatre heures à arpenter vainement les allées d'Ikea, abattue par un fort sentiment d'impuissance, je m'étais retrouvée là, au milieu de tous ces cartons, en larmes, prête à gifler la prochaine personne prononçant un nom suédois. Pourtant, la liste avait été bien établie et le catalogue appris quasiment par cœur. Mon esprit méthodique était activé, certain de livrer une démonstration de son efficacité. Mais ça n'avait pas suffi. Perdue pour la cause, trahie par ma raison, j'étais en état de crise. Je ne savais plus quoi faire. J'ai alors décidé de passer en revue toutes les choses qui, dans la vie, me calmaient et m'aidaient à me sentir mieux. J'ai songé à m'allonger sur un lit au nom de Viking ou peut-être à saisir une bouteille de vodka. Mais, après quelques minutes d'hésitation, j'ai cherché un meilleur remède. Et c'est ainsi que m'est apparue la figure de Spinoza, l'un de mes penseurs préférés depuis bien des années. Assise dans un coin du magasin, j'ai imaginé que mon cher philosophe s'approchait pour me servir un cappuccino et m'adresser quelques mots réconfortants. J'ai arrêté de pleurer, je me suis accrochée à ses concepts. J'ai su prendre du recul et retrouver le fil de mes émotions. Soudain, je me suis aperçue que sa philosophie venait de sauver mon après-midi. C'est ainsi qu'est née l'idée de ce livre : douze situations de crise et douze philosophes capables de nous apaiser et de nous aider à dédramatiser. Dans ces récits, j'ai voulu parler de tous ces moments qui nous échappent, de ces minutes de chaos où tout vacille, de ces instants qui nous laissent en proie à la colère, aux larmes, à la culpabilité, à l'incompréhension, à la honte, bref, à la loose. Des histoires que nous avons tous vécues. Et pour y répondre, quoi de mieux que des paroles rassurantes qui ont traversé les siècles ? Il me paraissait essentiel de sortir la philosophie des bibliothèques pour la replacer au cœur de nos soirées, de nos rencontres, de notre travail et, surtout, de notre quotidien. C'est peut-être de cette façon que la discipline redevient ce qu'elle sait être depuis des millénaires, c'est-à-dire non pas une théorie abstraite, prétentieuse et ardue, mais une sagesse qui nous fait du bien. Car l'acte philosophique ne se situe pas seulement dans la connaissance, mais dans tout ce qui peut améliorer notre vie, nous soulager.