Extrait

J’arrachai mon bras gauche de sa main et donnai un coup de coude dans son plexus solaire. Il hoqueta. Je plongeai sur la dague et m’assis sur lui, mes genoux clouant ses bras, ma dague sur sa gorge.

Il resta immobile.

— J’abandonne, dit-il en souriant. À toi de jouer.

Euh… J’étais assise à califourchon sur le Seigneur des Bêtes, en sous-vêtements avec un couteau sur sa gorge. Que pouvais-je faire ? Le regard de Curran se fixa sur mon épaule.

— C’est une marque de griffe, dit-il, sa voix devenait dure. Un loup. Qui ?

— Personne !

Quelle merveilleuse réponse. Il allait y croire.

— Un des miens ?

Des éclairs d’or passèrent dans ses yeux.

Vu que tous les Changeformes d’Atlanta étaient les siens, il répondait lui-même à sa propre question, n’est-ce pas ?

— Depuis quand mon bien-être te regarde-t-il ? Tu te fais des illusions sur notre relation. Toi et moi, on ne s’entend pas. Tu es un psychopathe obsédé du contrôle. Tu me donnes des ordres et j’ai envie de te tuer. Je suis un âne insubordonné à tête de cochon. Je te rends fou et tu as envie de m’étrangler.

— Une seule fois. Je ne l’ai fait qu’une seule fois.

— Une fois suffit. Ce que je veux dire, c’est qu’on n’est pas faits pour s’entendre… on…

Il arracha ses bras de sous mes genoux, me tira vers lui sans tenir compte de la dague, et m’embrassa.

Sa langue caressa mes lèvres. La chaleur m’envahit. Ses mains s’enfouirent dans mes cheveux. Soudain, j’eus envie de connaître son goût. Il m’avait déjà embrassée, juste avant que nous combattions le traqueur de Red Point. Cela faisait quatre mois. Ce baiser ne pouvait pas être aussi délicieux que ce que prétendait ma mémoire. Je devais l’exorciser pour ne plus jamais enfer. J’ouvris mes lèvres.

Oh ! mon Dieu ! L’Univers explosa.

Son goût était enivrant, comme du vin sauvage.

Je me laissai aller contre lui, grisée par sa saveur et son odeur, séduite par la sensation de son corps dur enveloppant le mien.