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Mais, à ce moment, Michael s’approcha, comme errant sans but. Il feignit de ne pas remarquer Kathleen car il avait lui aussi aperçu les enfants. Il se contenta, d’un signe imperceptible, de lui signifier de le suivre. Elle savait de toute façon où il la conduisait.

Ils avaient leur cachette au-dessous du village, dans une minuscule crique de la rivière où poussaient des roseaux et où les branches d’un énorme saule plongeaient dans l’eau. Celui-ci protégeait la petite plage des regards curieux du côté de la rivière et les roseaux du côté de la terre. Kathleen savait que se rencontrer ici avec un jeune homme était un péché, surtout avec un garçon que James O’Donnell n’appréciait pas. Mais qui parlait si bien ! Elle désirait ces rendez-vous malgré tout, qui apportaient un peu de bonheur aux journées de travail sans joie au manoir et au dur labeur, le soir, sur les maigres terres de son père.

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Trevallion n’avait en réalité rien qui pût attirer une jeune fille. Petit, nerveux et roux comme un leprechaun2, il lui manquait pourtant l’humour des mythiques esprits sylvestres à qui les Irlandais un peu fortunés construisaient des maisons dans leurs jardins afin de s’assurer leur aide pour les travaux agricoles, mais surtout pour la distillation du whisky. Une sombre superstition, bien sûr, comme l’expliquait le père O’Brien avant de raconter aux plus jeunes enfants, lors du catéchisme, un nouveau conte sur les farfadets impertinents et vêtus de vert.

Il n’y avait rien de drôle à rapporter au sujet de Trevallion. Il était d’une totale servilité à l’égard de ses maîtres anglais, dur et méchant envers les fermiers. Même lorsque le lord et la lady ne séjournaient pas dans leur propriété irlandaise – ce qui était généralement le cas car ils ne venaient qu’au moment de la moisson et de la chasse –, il ne se montrait pas accommodant, contrairement aux autres intendants à qui il arrivait, surtout en des périodes comme celle-ci, de fermer les yeux quand les hommes braconnaient ou qu’une partie des fruits et légumes du jardin seigneurial terminait dans les casseroles des chaumières. Trevallion se battait pour chaque carotte, chaque pomme et chaque haricot. Il était détesté et, si une jeune fille devait un jour se donner à un homme comme lui, ce ne serait que sous l’empire de la nécessité.

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Kathleen espérait que Trevallion renverrait ses hommes de bonne heure, ce soir-là, même si cela devait avoir pour conséquence une faim plus grande encore dans les chaumières. Les familles avaient en effet un grand besoin du butin rapporté par les hommes. Même le père O’Brien, qui leur infligeait des prières en guise de pénitence quand ils lui confessaient leurs petits chapardages, n’arrivait pas à réprouver sérieusement les agissements des fermiers. Si les pères de famille passaient ensuite la moitié du dimanche à expier leur péché à genoux dans l’église, les jeunes gens comme Michael, pendant ce temps, parcouraient les champs pour dérober quelques épis supplémentaires, profitant de ce que les lords et les ladies, le dimanche, se promenaient à cheval ou chassaient avec leurs amis.

La pleine lune qui, ce soir-là, succéderait au crépuscule allait renforcer chez Trevallion la peur des vols. Les hommes, les femmes et les enfants trouveraient facilement, au clair de lune, les épis cachés, il le savait, et quelques désespérés mettraient même à profit la nuit pour mener des expéditions. Kathleen présumait que l’intendant dînerait tôt puis piquerait un petit somme avant de patrouiller une partie de la nuit.

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Oh, Michael s’y entendait en matière de flatteries ! Kathleen se refusait à croire qu’il fût, comme le pensait son père, un gibier de potence. Il travaillait dur, chaque jour, dans les champs de lord Wetherby. En outre, il jouait du violon le week-end dans les pubs de Wicklow, un long trajet à pied quand personne ne lui prêtait un mulet ou un âne. De temps en temps, Roony O’Rearke, le jardinier des Wetherby, acceptait. Il passait pour un soiffard, mais Kathleen ne voulait pas croire qu’il y eût une relation entre du whisky distillé en douce et le prêt de l’âne d’O’Rearke !

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En des temps meilleurs, Michael, accompagné de son père et du vieux Paddy Murphy, avait joué de la musique de danse, le samedi soir ou lors de la fête annuelle de la Moisson. Les villageois se dégourdissaient les jambes, buvaient et riaient et, tard dans la soirée, Michael Drury chantait des ballades tout en ne quittant pas Kathleen O’Donnell des yeux…

Maintenant, personne n’avait plus la force de danser. Et Kevin Drury ainsi que Paddy Murphy avaient depuis belle lurette disparu dans les montagnes. On racontait qu’ils y avaient monté une distillerie de whisky florissante. On disait aussi que Michael vendait les bouteilles en sous-main à Wicklow. Le père de Kathleen, en tout cas, voulait ne rien avoir à faire avec les Drury et, ayant vu son aînée parler avec Michael un dimanche, à la sortie de la messe, l’avait sévèrement réprimandée.

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Kathleen avait donc volé ! Elle avait dissimulé les scones dans les poches de son propret uniforme de domestique puis dans les plis de sa robe bleue élimée – et, pour finir, commis un autre larcin en empochant le pot de confiture au lieu de le rincer comme le lui avait ordonné Granny. Mais ce n’était là que péché véniel, car elle le rapporterait après l’avoir vidé de son contenu. En revanche, le vol des scones pèserait sur sa conscience jusqu’au samedi, quand elle l’aurait confessé au père O’Brien. À supposer qu’elle osât se confesser. Elle savait que la honte la ferait rentrer sous terre.

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Le blé était pour les maîtres, les pommes de terre pour les valets. Et si les pommes de terre pourrissaient dans les champs, c’était aux paysans de se débrouiller ! La plupart se résignaient. La mère de Michael, par exemple, considérant cette mystérieuse maladie des pommes de terre comme un châtiment divin, cherchait à découvrir dans ses prières quotidiennes pourquoi le Seigneur était fâché au point de leur imposer pareille misère. Michael et quelques autres jeunes hommes, eux, étaient en colère contre M. Trevallion et lord Wetherby.

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Elle n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui lui avait pris, mais, quand elle avait porté le plateau avec les biscuits dans les appartements de la noble lady Wetherby, une envie irrésistible l’avait saisie. Des scones sortant du four, à la farine blanche et au sucre non moins blanc, accompagnés d’une confiture venue spécialement d’Angleterre dans de jolis petits pots. D’après l’inscription, c’était de la confiture d’orange. Quel que fût ce fruit, ce devait être délicieux !

Il lui fallut toute son énergie pour déposer le plateau sur la table entre lady Wetherby et son invitée, faire une révérence et murmurer avec politesse « S’il vous plaît, madame » sans se mettre à baver comme le chien du berger. En y repensant, elle ne put s’empêcher de pouffer. Quand elle était revenue à la cuisine, la vieille Granny était justement en train de déguster un de ces délicieux biscuits. Sans bien sûr en laisser une miette à Kathleen ou à la fille de cuisine.

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Kathleen en était consciente – sa famille avait de la chance. Son père, tailleur, gagnait un peu d’argent. Les O’Donnell n’en étaient pas réduits aux pommes de terre que la mère de Kathleen et ses frères et sœurs cultivaient dans leur champ minuscule. Quand la faim se faisait trop grande, James O’Donnell prenait sur ses maigres économies pour acheter à lord Wetherby ou à son régisseur, M. Trevallion, une poignée de blé. Kathleen n’avait aucune raison de voler, et pourtant elle l’avait fait.

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Le cœur de Mary Kathleen battait fort, mais elle se força à marcher lentement jusqu’au moment où elle fut hors de vue du manoir. Non que quelqu’un l’eût suivie des yeux. Peut-être la cuisinière se doutait-elle de quelque chose, mais, en comparaison de ce que la vieille Granny prélevait sur le budget des riches Wetherby, deux biscuits ne comptaient pas.

Mary Kathleen ne craignait donc pas d’être poursuivie quand elle s’accroupit en tremblant derrière l’un des murets en pierre qui, comme partout en Irlande, délimitaient les champs. Ils protégeaient du vent et des regards curieux, mais ne pouvaient la protéger de ses sentiments de culpabilité.

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