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Aimer et être aimée en retour, c’est comme atteindre le ciel avant l’heure. Il n’y a rien de plus fort que ce sentiment de plénitude. Rien de plus doux que de sentir des bras vous maintenir contre un cœur qui bat rien que pour vous.
Afficher en entier— Coquelicot assurances, que puis-je faire pour vous ?
— Mon van est tombé en panne, répète Mya, très patiemment. À sa place, j’aurais déjà insulté tout le monde et j’aurais probablement jeté mon téléphone sous une bagnole.
— Je vois, répond la personne. C’est embêtant.
Non sans déconner ?
— Merci de compatir, dit Mya.
Afficher en entierElle ouvre quand même, mais ne franchit pas le seuil. À la place, elle observe le lieu et moi-même avec perplexité.
— Un combat a eu lieu ici entre toutes ces feuilles et toi ? Qui a gagné ?
Je mets un peu de temps à comprendre sa plaisanterie et à faire le lien entre toutes les partitions déchirées qui jonchent le sol et ma tête de boxeur.
— Qu’est-ce que tu branles ici, putain ?! T’as pas une maison ?!
— Non, je suis SDF, j’erre sans but, à la recherche d’une bonne âme qui viendrait me secourir.
— Dégage.
Afficher en entierJe l’étreins un peu fort afin qu’elle zappe cette histoire de Kei et qu’on passe à autre chose rapidement.
— Aaargh ! Tu m’étouffes !
Oui oui, c’est le but.
Elle finit par me repousser en riant.
— T’es vraiment chiante !
— Je vous laisse entre namoureux, j’ai des tas de choses à faire dans ma chambre : réviser mes cours, surveiller le voisinage avec mes jumelles
je tiens à dire que je ne regarde pas uniquement les fesses du 19B, et les abdos du 22C, je m’assure que personne ne s’est introduit chez eux !
bref c’est du boulot !
— Bonne nuit, perverse ! ricane Blue.
— Bonne nuit, Mya.
Afficher en entierDès que la serveuse est retournée s’accouder à son comptoir, l’air mort, Mya se penche vers moi.
— Bien, si on faisait un état des lieux. Qu’avons-nous appris aujourd’hui ?
— Que dalle ?
— Mais nooon, voyons ! Ça a été très instructif, au contraire. (Elle baisse la voix et se met à parler en japonais.) [Voici la liste de tout ce que nous avons découvert : petit un, Evelyne aime les Kit Kat, et on ne peut pas dire que ce soit une bonne nouvelle ; petit deux, elle adore faire des gâteries aux chats; petit trois, elle a des amis, au moins une ; petit quatre, elle a sûrement des problèmes de prostate; petit cinq, elle porte des chaussures… merde comment on dit ça en japonais ?] Orthopédiques. Ou vraiment très moches si ce n’en est pas. Petit six, elle boit du café ; petit sept, elle te déteste tellement qu’elle ne veut pas te regarder ; petit huit, elle n’a pas d’alliance ; petit neuf, elle ne tapote pas du pied en rythme sur la chanson de David Guetta, ce qui signifie qu’elle a : soit plus de quarante ans, soit qu’elle est de ces gens relou qui restent plantés contre les murs pendant les soirées et qui te répondent « non, non, vraiment, je n’ai pas envie de danser »… mais alors pourquoi tu vas dans une soirée, pourquoiiiii ??? Elle me fixe un long moment en silence, avant de reprendre la parole :
— Excuse-moi, je me suis emballée.
— Non, sans déconner ?
Afficher en entierLes compliments, c’est comme les insultes, ça n’a aucune valeur lorsqu’ils sont prononcés par quelqu’un dont vous vous désintéressez.
Afficher en entier— [Sérieusement, pourquoi on se cache ?! On s’en bat les couilles qu’elle nous voie !]
— [Si en plus de te détester, elle te prend pour un pédopsychiatre, c’est mort de chez mort !]
— [Psychopathe,] rectifié-je.
— [Ce n’est pas gentil, Kei ! Et dire que je fais tout pour essayer de te baiser !]
Je ne relève pas l’erreur cette fois-ci. J’espère que c’en est une en tout cas.
— [Attention, chuchote-t-elle, Evelyne bouge !]
— Emeline.
— [Où ça ??]
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée qu’on se parle en japonais tout à coup. Les gens autour de nous semblent interloqués, voire effrayés, par notre présence. Il faut dire qu’on est plantés là depuis un moment déjà, sans instrument, avec ces capuches qui attirent plus l’œil qu’elles nous dissimulent, et Mya trop voyante avec ses bras tatoués et sa mèche arc-en-ciel.
— [Elle part vers le distributeur. Je répète : elle part vers le distributeur.] J’ai l’impression d’être dans une mauvaise parodie de film policier. J’attrape Mya par un bout de tee-shirt et l’entraîne en direction du hall.
— [Que se passe-t-il, capitaine Kei ? Sommes-nous réparés ?]
— [ Tu peux juste fermer ta gueule deux minutes ?!]
Elle réfléchit en tapotant son menton.
— [Je crois que c’est dans mes champignons.]
Je ne suis vraiment pas certain de ce qu’elle a voulu dire, cette fois-ci.
— Parle français, bordel, tu me files mal au crâne !
— Je parle ou je ferme ma gueule ? Il faudrait savoir !
Afficher en entierJe râle en secouant mon bras.
— [Fait chier !]
— [Je ne te le fais pas dire !]
C’est toujours bizarre de l’entendre parler japonais, elle qui a de grands yeux verts et une teinte métissée entre Blanc et Arabe. En dépit de son accent français, elle se débrouille plutôt bien.
Elle réajuste sa capuche fièrement en ajoutant :
— [On a failli se faire pendre ! Mais heureusement, j’étais croix, avec mon super seizième sens et ma futilité légendaire !] Oui, bon évidemment, il y a parfois des erreurs… Je sens la commissure de mes lèvres me chatouiller et je n’aurais sans doute pas pu retenir un sourire en coin si Emeline ne s’était pas tournée vers nous à cet instant.
Afficher en entier— Ok ! Génial ! Je peux t’aider à faire ça. Les gens m’adorent, je sais toujours comment attirer la sympathie !
Vu sa tête, je peux compter un admirateur de moins dans mon fan-club imaginaire.
— T’as pas intérêt à tout faire foirer, ok ?!
— Waouh ! On croirait mon coach juste avant une compète de surf !
— C’est ton père, ton coach.
— Oui, exactement ! Il peut être très effrayant quand on oublie de s’étirer avant d’entrer dans la flotte.
— Il est effrayant tout court, c’est un psychopathe.
Et c’est lui qui dit ça… Mmmh. Faisons mine d’être d’accord. En même temps, c’est vrai aussi que Kei était tellement infect,
Afficher en entier— Au fait, t’as du fric à m’avancer pour le loyer ? demande-t-il.
— T’abuses, j’ai payé ton électricité le mois dernier !
— Ah d’accord, s’écrie-t-il, outré. On en est à compter ce qu’on s’offre gentiment ?! Ok, donc, moi aussi : je t’ai payé un McDo le mois dernier. Avec un McFleury et un nappage quand même ! Je ne peux m’empêcher de rire face à son indignation.
— Je suis à sec, demande à Hiro de te prêter du blé.
— Je lui dois déjà beaucoup trop. Il me fait une saisie sur salaire, en plus. J’ai dû signer un truc sans m’en rendre compte…
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