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— Tu me repousses parce que ma sœur a tué ton père. Et tu me crois responsable. Mais tu me désires, Kiha, même si tu refuses de l'admettre.
Je croise les bras sur ma poitrine et le regarde de haut. Daemon se carre contre son dossier, croise également les bras et m'observe, un sourire en coin. Bon, c'est vrai qu'il n'a rien de répulsif. En fait, son charme irradie autour de lui. J'arrive à le sentir comme des ondes bienfaisantes qui caressent mon aura. Damm it ! Je demande :
— Tu as retrouvé tes pouvoirs ?
Il éclate de rire avant de répondre :
— Même pas ! C'est juste moi. Alors, qu'est-ce que je te disais ? Tu me désires. C'est ma nature de savoir ces choses.
— Tu es un incube, accusé-je. Forcément que toutes les femmes sont attirées par toi.
— Tu aurais pu me détester pour de vrai. C'est ce qui se serait passé si j'avais vraiment tué ton père.
Il se penche et son regard devient brusquement intense :
— Tu me veux autant que je te veux, Kiha. Nous sommes de la même espèce. Tu seras à moi. C'est une question de temps, rien d'autre.
Je frissonne. Sa volonté m'enveloppe, me maintient sous sa domination. Là, tout de suite, j'ai envie de coller mon corps contre le sien dans une danse sensuelle ; non, de le frapper ; en fait, de l'embrasser ; de le repousser violemment ; de le mordre sauvagement ; de le déshabiller...
— Et beaucoup d'autres choses encore, promet-il en se penchant vers moi, ses yeux rivés aux miens.
Mon poing s'abat sur la table en même temps que je crie :
— NON !
Les gens se retournent. Je suis tellement gênée que je prétends avoir entamé une chanson et continue de ma plus belle voix d'alto :
— … rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal
Tout ça m'est bien égaaaal !
Quelques applaudissements saluent ma performance. Je les mérite, ce n'est pas donné à tout le monde de chanter en français.
Afficher en entierSes yeux sont d'un noir d'enfer... Elle est moulée dans une robe lie-de-vin au décolleté profond mais à peu près décent. Ses formes sont tellement courbes qu'elle n'a pas besoin d'exagérer ses tenues pour captiver les regards. Elle porte des talons qui doivent mesurer près de douze centimètres, un rouge à lèvres sanglant, des sourcils en aile de corbeau et une expression de froideur malveillante. En tout cas quand elle m'observe. Je la salue :
— Kâli.
Elle me fixe un instant en silence, histoire de marquer sa supériorité. Mais je suis trop pleine de ressentiment pour que cela soit efficace. Elle a tué mon père, réussi à faire passer sa mort pour un suicide et empoché sa fortune.
— Tu vas laisser Daemon tranquille, lâche-t-elle.
...
— Ne me dis pas que tu tiens à Daemon, je ne te croirai pas.
— Je ne tiens pas à lui, humaine, fait la Femme en relevant le menton. J'ai besoin de lui. Pour l'instant, tu l'obsèdes et il ne sert pas mes plans.
Voilà qui génère un frisson glacé le long de ma colonne vertébrale. Quels peuvent être les plans d'un démon échappé du monde du feu ? Je demande :
— De quoi tu parles ?
Kâli pince ses belles lèvres et me toise avec un tel mépris que je me sens clouée au sol, impuissante. Elle ne daigne pas me répondre. Elle descend les marches bancales du porche, passe devant moi sans un regard. Je ne lui fais même pas de croc-en-jambe, comme le bon sens le plus élémentaire me le dicte, son mépris me paralyse vraiment. Comme par magie, une puissante limousine bordeaux s'avance silencieusement le long de la route et s'arrête devant chez moi. Un chauffeur en uniforme en descend, fait le tour de la voiture et lui ouvre la portière. Je fronce les sourcils. Une aura noire l'entoure. Ce type semble à peu près aussi humain qu'elle. C’est-à-dire pas beaucoup. La Femme est suffisamment riche pour se permettre une voiture de luxe avec chauffeur...
J'ai un rictus de satisfaction quand je la vois se tordre les chevilles dans les gravillons de mon allée. Sans blague ! Il faut être idiote pour marcher sur des talons de cette taille. Elle se tourne vers moi au moment d'entrer dans sa limousine :
— Si tu n'enlèves pas ce sort, je te tuerai.
— Il n'y a pas de sor...
Bang ! La portière claque. Elle ne m'entend pas. Elle ne veut pas m'entendre.
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