Extraits

Gen était allongée sur les couvertures, contemplant le magnifique plafond orné d'une fresque de la Vierge à l'Enfant. Ce n'était sans doute pas terrible si on voulait baiser comme des lapins mais vu que cela n'arriverait pas ce soir, elle ferait peut-être mieux de réciter son rosaire. Sa mère en serait ravie. Plus ou moins.

- Nan, j'apprécie l'homme que tu es devenu. Mais j'ai toujours cru en toi. Je me rappelle encore t'avoir accueilli ce premier jour. En peu de temps, tu avais réussi à tuer tes cheveux, te faire tatouer et poser plus de piercings que je ne peux l'imaginer. Tu m'as lancé un sacré "va te faire foutre". Tu te rappelles ce que tu m'as dit?

Comme si c'était hier.

- Je t'ai dit: " Qu'est-ce que t"en dis, maintenant? Je suis aussi foutu dehors que dedans. Tu veux toujours de moi?"

Sawyer hocha la tête.

- Je le jure devant Dieu, je crois que je t'ai aimé dès cet instant. Tu étais tellement emmerdant.

Wolfe secoua la tête, prenant une longue gorgée d'eau.

- Il te fallait un défi.

- Tu as couché! Pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité? Je sais que tu as décidé de ne plus revoir Charles, mais j'ignorais que c'était parce que tu avais couché avec lui. C'était comment? Mauvais? Bien? Moyen? Est-ce que tu regrettes? Est-ce que tu es heureuse? Est-ce que tu as joui?

[...]

- Hem, Charles et moi n'avons pas couché ensemble.

Kate cligna des yeux et l'examina attentivement.

- Attends une seconde. Je sais que tu caches des preuves sous ce foulard. Tu as marché bizarrement toute la journée, mais j'ai cru que c'était à cause des chaussures. Même tes lèvres font cette moue qui dit que tu as sucé quelque chose pendant longtemps. Je sais que tu as couché, je le sens!

- Quel est le sujet d'étude du moment de Nate, Ken? Le sexe anal?

Gen s'esclaffa en découvrant la rougeur sur les joues de l'intéressée. C'était impayable. Son fuséologue geek avait une passion pour les études académiques et ses nouvelles matières incluaient les meilleurs façons de s'envoyer en l'air. Son inventivité avait maintenu leur vie sexuelle sacrément active. Souvent, Kate disait qu'elle retrouvait Ken endormie à son bureau dans un effort désespéré de trouver un peu de vrai sommeil.

- Est-ce que tu fumes le jour de mon mariage? Tu m'as dit que tu avais arrêté. Julietta va te tuer.

Il surmonta sa stupeur et se demanda s'il s'agissait d'une hallucination.

- Pas si tu gardes le silence.

Elle renifla.

- Dans tes rêves . Je refuse que tu meures d'un cancer des poumons. Ne reste pas planté là, aide-moi à me relever. J'arrive tout juste à bouger là-dedans.

Alors elle redevint Gen, tout simplement. Sa meilleure amie, une emmerdeuse notoire, et la personne la plus précieuse au monde à ses yeux.

« — Ne viens pas te planquer dans ma chambre cette nuit.

Il arqua un sourcil. Il nageait autour d’elle comme un requin encerclant sa proie.

— C’est une proposition ? J’ignorais totalement que tu convoitais mon corps.

Elle renifla et faillit s’étouffer.

— Oh oui, ce sera romantique. Toi, moi, et la grosse araignée poilue que je vais mettre dans ton lit.

La bonne humeur disparut de son visage.

— Ne joue pas à ça avec moi.

Elle s’esclaffa et lui tira la langue.

— Je parie qu’il y en a plein par ici. Tu as déjà vu une araignée des bois ?

Elle fit mine de frissonner.

— Poilue, avec de grosses pattes et super rapide, si bien qu’on ne peut pas les attraper.

Il tenta de rire, mais elle distinguait la pâleur de ses traits. Mince, c’était trop drôle.

— Tu sais ce qu’il y a avec les araignées ? demanda-t-il.

— Quoi ?

— Des grenouilles. Des tas et des tas de grenouilles vertes. Comme Kermit.

L’horreur s’empara d’elle.

— Je te l’avais dit sous le sceau du secret, murmura-t-elle.

Un frémissement d’horreur lui parcourut l’échine à cette idée.

— Tu es un être humain atroce et malfaisant.

 — Si je découvre une araignée dans mon lit, tu te réveilleras devant un portrait de Kermit.

— Enfoiré. J’étais ivre quand je te l’ai avoué. Les informations communiquées en état d’ivresse devraient être sacrées – tu as enfreint une règle fondamentale. »