Commentaires de livres faits par kiraan
Extraits de livres par kiraan
Commentaires de livres appréciés par kiraan
Extraits de livres appréciés par kiraan
- Malade... Intoxication alimentaire.
- Oh, dit-il en se radoucissant un peu. À cause de quoi?
- Onze bières, rota Winter.
- Je suis là pour ça. On peut parler de ce que vous voulez.
- De la pluie et du beau temps?"
Je levai les yeux vers la minuscule lucarne, dont la vitre poussiéreuse ne laissait passer qu'une lumière sale et pauvre.
"On se les gèle et ils annoncent de la pluie." Je m'adossai à la chaise et posai les mains à plat sur la table. "Et maintenant on peut parler de vous. De votre vie. De la prison." Je comptai jusqu'à trois, les yeux dans les siens. "Ou de ce que vous ferez quand vous sortirez d'ici."
Ses pupilles se dilatèrent brusquement. Une mydriase spontanée étant souvent le signe d'une grande excitation, mon petit espoir de ne pas avoir affaire à un psychopathe disparut aussi vite qu'il était apparu.
"Vous pouvez rien dire à personne, hein? C'est bien ça le deal, Doc?"
Je soupirai avant de réciter, d'une manière mécanique qui déplut à mes oreilles:
"Sauf si ce que vous me confiez laisse clairement entendre que quelqu'un est en danger immédiat. Pour le reste, ça m'est interdit, en effet.
- Et vous pouvez pas déblatérer sur moi, comme quoi ce serait une connerie de me laisser sortir?
- Non. C'est le rôle de l'expert-psychiatre. Tout ce que vous me direz ne sortira pas d'ici et je ne ferai aucune recommandation. Tout ce que l'on saura, c'est que nous nous sommes vus.
- Rien d'autre?
- Rien d'autre.
- Cool. Mais je crois que vous allez regretter qu'on parle pas de la pluie et du beau temps, Doc."
Mes menottes à moi s'appellent le secret médical.
- Je veux voir jusqu'où je peux aller. C'est le chemin qui compte, pas le but.
- Ta mère ne va pas être contente de toi.
- Ma mère n'a jamais été contente de moi.
- Pour l'instant, je n'ai pas le courage d'en parler ni d'y penser.
Je sentais que c'était la stricte vérité.
J'en avais infiniment marre de l'avenir.
- Raconte-moi, Francesca, a-t-il poursuivi en croisant les jambes. Pourquoi donc as-tu souhaité mourir?
Pourquoi avais-je souhaité mourir?
J'étais contente qu'il n'ait pas changé ses méthodes et qu'il ne me laisse jamais le temps de répondre, car à peine ai-je poussé un soupir et haussé les épaules qu'il enchaînait déjà avec ses interminables questions secondaires. L'existence me paraissait-elle dénuée de sens? Avais-je perdu ma foi dans l'avenir? Avais-je des problèmes de sommeil?
- Je crois que tu es déprimée, a-t-il déclaré avec le plus grand sérieux après que j'ai réussi à calmer certaines de ses interrogations.
- Ah bon? Tu es sûr?
Il n'a pas eu l'air de déceler l'ironie, car il s'est contenté d'acquiescer en disant que tout ce que je venais de lui révéler le confortait dans cette opinion. Si on ajoutait à cela la tentative de suicide, le message était clair. J'étais sérieusement déprimée.
- C'était juste un appel au secours, ai-je répété.
- Bon, si tu t'obstines à l'appeler ainsi. Mais nous t'avons entendue, Francesca. Nous avons entendu ton appel.
- Tant mieux. Quelle chance pour moi que vous ayez l'ouïe fine.
- As-tu déjà envisagé... - Il a tiré sur sa pipe. - As-tu déjà pensé à laisser ton intelligence prendre le pas sur ta tendance auto-destructrice? Car tu es une fille intelligente, Francesca. En es-tu consciente?
- Je ne sais pas. Je ne me sens ni spécialement intelligente, ni spécialement destructrice.
Il a étanché sa soif à même le robinet; Le goût de l'eau dans sa bouche, c'est agréable.
Il a ouvert la fenêtre; recevoir l'air frais en pleine figure, c'est agréable. Entendre les oiseaux chanter, c'est très agréable.
Même le goût des larmes est agréable.
Vivre, c'est agréable.
Comme moi, bientôt...
Avec toutes ses contraintes absurdes, ces choses que l'on s'impose à soi-même; ces barrières que l'on érige patiemment autour de soi. Par obligation, par peur, bêtise ou convenance. Par habitude ou par pudeur.
On participe à construire sa prison, dorée ou pas, barreau après barreau. Et même si on dispose des clefs, rester à l'intérieur pour y périr lentement...
François est en train de scier les barreaux, de briser les murs. Dommage que ce soit si tard.
Trop tard.
Il semblerait que l'approche de la mort rende lucide.
Il se déshabille, mordu instantanément par le froid.
Est-ce qu'on a froid quand on est mort? Éternellement froid?
- Écoutez, il va certainement revenir de lui-même, dans quelques jours. Inutile de vous lancer à sa poursuite, il vous sera difficile de le retrouver... Même si nous pouvons le localiser, c'est avec un temps de retard. Je pense qu'il vaut mieux que vous l'attendiez chez vous. Par contre, vous pouvez toujours lui laisser un message en lui disant que vous connaissez la vérité. Ça l'incitera peut-être à vous contacter.
- Je vais devenir folle à attendre!
- Je comprends, madame. Mais au moins, vous savez maintenant qu'il n'a pas été enlevé ou assassiné.
Florence marche lentement jusqu'à la porte.
- Je sais seulement qu'il va mourir, murmure-t-elle.
- Oh, j'entends souvent dire ce genre de choses, mais ça me passe au-dessus. Un lieu n'a pas ce pouvoir. Quand on a envie de partir et qu'on ne le fait pas, le problème n'est pas dans le lieu, mais dans la tête.
chambres
où l’on rêve de partir en emportant
la maison
la fenêtre du rez-de-chaussée
la rue qui coulait sur le pont
ce qu’il y a eu de soleils de nuits
ne leur appartiendront jamais mais le
vide qu’ils répandent
quand ils disent
ils ont volé les chevaux
*
Premier jour du printemps
Les oiseaux chantent à cinq heures
il reste des plumes de nuages sur les
ardoises
Tu penses à lui dans la rame du
tramway qui part vers Hôtel Dieu
il répond comme un peuple perdu qui
chante au fond de toi
entre midi et deux
des vestiges du passé quand le présent s’écroule
toujours plus famélique
de moins en moins familier
de la condescendance du monde quand il prend
racine dans la fuite en avant
Tu veux la richesse des nuits d’été
le saccage de tes désespoirs
faire l’amour avec ta terreur d’être vivant
*
Exaspérée par le bruit et le silence
tourner autour du taillis des questions
sans réponses
En rester là à l’heure qui précède le soir
sous la lumière allumée au-dessus du bureau
L’angoisse traîne de ne pas être à la hauteur
d’un baiser prolongé
d’ un acte de résistance
*
Minuit
musique de l’autre côté de la rue
la table est desservie depuis des
heures
Il faudrait que je dorme sans ajouter
un mot
entre le croissant de lune la terre
mouillée
Il faudrait s’asseoir souffler sur les
bougies du monde
croire encore une fois aux gestes
aveugles
au triomphe de quelque chose
Je n’aime pas la perfection
mais j’aime l’absolu
J’ai vieilli et tout est devenu
flou
comme les nuits d’hiver quand on
n’ose plus s’éloigner de la lampe
de la chaise
de peur de passer le brouillard entre
les vivants et les morts
*
Septembre est à l’heure et je ne suis
pas prête
Je me souviens marcher vite tôt le
matin
rentrer et me réveiller dans le
tramway une station après la
mienne
les yeux embués sur la Loire
Ce matin le soleil entre dans
le salon
en août il entrait par la cuisine
Le café est brûlant
Il me reste cinq cigarettes et un
sachet de pains au chocolat à un
euro cinquante
des rêves d’amour
des peurs d’enfant
et j’aurais tellement voulu les
séparer
*
Quand j’étais malade je disais
à ma mère
J’ai le goût
Elle me donnait des granulés jaunes
dans une grosse cuillère
J’avais les joues brûlantes et des larmes
de chaleur dans les yeux
Le ciel est bleu
On dirait qu’il penche derrière les toits
Avant- hier un ange a glissé
sur la pente
il n’avait pas d’ailes
Il est sur terre depuis un jour
et il a le goût
*
Je dois faire un cv
j’ai écrit
Je n’ai pas beaucoup travaillé
à l’école
et je suis toujours paresseuse
Emma pense que j’ai inventé
la galette de semoule
moi je ne me souviens plus d’où
la recette est tombée
J’ai déménagé douze fois
D’une adresse à l’autre
j’ai laissé une boîte à musique
des livres
et des pulls
Un jour j’irai les chercher
derrière les ours marron
les poupées sans maman
Je resterai
Comme travail je ferai Objet perdu
*
Je ne veux pas travailler
je veux des murmures
regarder la lumière mourante à la fin
du jour
mais ne pas voir la mienne décliner
de gestes mesurés
de peines réduites
Je suis en vacances
J’honore la mémoire de la petite soldat
qui disait
devant la nuit en feu des larmes rouges
dans la bouche
Si je vis jusqu’à demain je prendrais des
notes
*
J’entends les bruits de la circulation
A chaque fois je pense à mon enfance
quand on traversait les routes en voiture
Les odeurs de tabac froid et d’hiver se
mélangent à l’ombre de mes parents
La nuit cache la laideur des gens des choses
des immeubles
et je reviens au présent
comme quand mon père garait la voiture
avec le même étonnement
la même peur
Où dorment les rêveurs
le ciel
Je sais monter
pousser les nuages avec ma hanche
celle sur laquelle tu poses la paume
de ta main
c’est aussi un nuage
J’attends devant la porte
comme j’attendais que ma mère
dise
Entre
pour venir dans sa chambre
Je m’assois et je regarde un peu en bas
la lueur des arbres et des océans
comme des petites mares bleues
Quand les lampes sont des croissants
dans les maisons
je suis là-haut même si j’ai perdu
mes ailes
Ce sont les méchants qui font l'histoire.
Ce n'était pas uniquement de la littérature. C'était la vie.
À leurs aînés irresponsables qui exposent les gorges de leurs enfants au fil des couteaux,
Aux autorités démissionnaires et aux peuples aveugles,
Aux ignorants horrifiés par la cruauté des loups,
Je veux dire que
Leurs mains pleines seront coupées,
Leurs cœurs arrachés,
Leurs vertus salies,
Leurs esprits pervertis.
Et tout ce qu'ils ont pu trouver de beau en ce monde sera détruit.
[...]
Face au loup, l'agneau,
Face au violeur, la vierge,
Face au bourreau, la victime,
Face à l'assassin, l'innocent,
Face au chaos, nous tous.
Non, le problème avec la haine, c'est qu'elle finissait toujours par se consumer. Et à présent qu'il en avait vraiment besoin,