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- Tu fais un truc demain ? Je voudrais te montrer quelque chose.
J’allais répondre, mais une clameur a retenti tout autour de nous, faisant vibrer le sol. J’ai beau jouer les cyniques, en un bond j’étais debout et je criais, les bras levés, exactement comme les deux mille gogols autour de moi. Un bout de ciel bleu venait d’apparaitre. J’en ai eu le souffle coupé. Mais qu’est-ce qui te prend espèce de débile ? C’est juste le ciel on s’en fout, pourquoi t’as la chair de poule comme ça ? J’ai regardé Kiwi qui riait aux éclats. Un système d’arrosage s’est déclenché juste à côté de nous, et on s’est retrouvés trempés. Juste quand son regard euphorique a croisé le mien, le soleil s’est ouvert en plein sur nous.
Tout le monde s’est mis à sauter sur place, à danser, c’était plus fort que nous. L’engrenage de la fin du monde, pas encore. La planète était FUBAR, notre éthique bafouée, on mangeait le même aliment à l’infini, mais on était toujours plantés dans la terre comme des cons, les bras en l’air au milieu de nulle part, à célébrer l’existence du soleil comme on le fait depuis quatre millions d’années. Et c’est... bon, je sais que j’aurais un peu honte plus tard d’avoir ressenti tout ça, mais c’est un truc fort.
J’ai essuyé mes yeux. Le soleil fait pleurer quand on le regarde trop, c’est un truc que j’avais oublié. Kiwi avait les yeux brillants lui aussi, derrière ses cheveux mouillés qu’il avait détachés. Le soleil l’inondait. Ça illuminait les gouttelettes d’eau qui volaient autour de lui, le métal de son bras, son sourire. Il dansait sous le jet d’eau, son T-shirt était trempé. J’ai été pris d’un violent tremblement, un vertige, comme une fièvre.
- Viens on danse ! m'a-t-il dit en m’attrapant la main.
[...]
Il s’est calé dans mes bras et on a regardé le soleil jusqu’à ce que le nuage de pollution vienne reprendre ses droits. L’éclaircie avait duré 20min. Le soleil avait été visible 7min 31. Les 7min 31 les plus intenses de ma vie.
Afficher en entier- Et voilà tes papiers.
Il m'a remis un nouveau téléphone et des faux papiers d'identité, plus vrais que nature. A partir de maintenant je n'étais plus Victor Carmin, génie de la sécurité chez Santorga, mais un vigile chez Sephora qui pense avoir un point de vue éthique sur des choses qui le dépassent, et je m'appelais... voyons ce que mon collègue m'avait choisi... Jean-Pierre Soumis.
- Tu te fous de ma gueule ?
Les yeux de Diak ont brillé une seconde.
- Penses-tu.
- Change-moi ça tout de suite.
Je veux bien mettre des T-shirts du Che, m'inventer un travail et emmener un mini-Driss-Diakité partout avec moi dans ma boucle d'oreille, mais hors de question que je m'appelle Jean-Pierre Soumis.
Afficher en entierQuand j'ai signé mon contrat d'embauche il y a quatre ans, j'avoue que je suis passé un peu vite sur les petits caractères. Peut-être que c'était écrit quelque part que passer plusieurs heures d'affilées coincé dans le faux-plafond de Santorga Franche-Comté avec les barres qui me scient la peau et sous une chaleur étouffante faisait partie de mes fonctions ? Faudrait que je relise mieux que ça.
- Mais qu'est-ce que tu fous ? A râlé Kiwi qui était allongé à côté de moi. Arrête de bouger.
- J'en peux plus ! j’ai chuchoté. On va attendre encore combien de temps ?
- Encore sept heures et douze minutes, a fait Litchi. Maintenant ferme là. Essaie de dormir.
- Mais comment tu veux que je dorme il fait au moins 50° ! Et les barres me font mal.
- Continue à geindre et c'est moi qui vais te faire mal.
- Ah nan, vous commencez pas ! a menacé Kiwi que personne n'a écouté.
[...]
- Putain mais quel plan de merde ! 10 heures là-dedans ! Et si on veut pisser on fait comment?
- Mais non tu vas voir, c'est un plan super. On a des bouteilles vides, j'ai tout prévu. Tiens, prend un cookie, c'est ma mamie qui les a faits.
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