Commentaire de jukebox_fr

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Dès les premières pages qui nous plongent dans les pensées et le ressenti de Gabriel, Matthieu Biasotto nous décrit un homme en crise et profondément enlisé dans son mal-être. Rapidement les mots "passif", "défaitiste" et "pessimiste" viennent à l'esprit pour le caractériser. On comprend qu'il s'enfonce et que c'est un cercle vicieux dont même son épouse, qu'il semble pourtant beaucoup aimer, n'arrive pas à le sortir malgré les efforts, les énièmes chances et les ultimatums.

Jusqu'au terrible soir du meurtre, qui agit comme un électrochoc sur son esprit et ses sentiments. Gabriel prend alors tous les risques et repousse ses limites pour traquer les assassins de sa femme et comprendre leur motif.

Le style d'écriture est vif, saccadé, presque lapidaire, car rares sont les phrases qui dépassent la construction sujet/verbe/complément. Cependant, on constate que quand le personnage est soumis à de très fortes émotions et qu'il s'implique au delà de son tempérament,  les phrases se construisent et se rallongent. Ces variations d'écriture donnent, en premier lieu, une bonne idée du repliement psychologique du personnage, puis, de l'aspect effréné de l'action et enfin, surtout, du caractère essentiel de sa femme pour laquelle il est prêt à surmonter ses blocages et sortir de sa torpeur.

Vers la moitié du livre, le scénario propose de nombreuses pistes dont une tout à fait  machiavélique. A ce stade, difficile d'entrevoir avec précision laquelle est la bonne car la chronologie des événements, s'appuyant sur de nombreux flash-backs à des périodes différentes, permet d'entretenir le doute très longtemps. Par ce procédé l'auteur remet sans cesse en perspective les éléments acquis par le lecteur dans les chapitres précédents.

De plus, dans chaque chapitre il y a une sorte de mini suspens mis en place en ne révélant pas tout de suite les protagonistes concernés par la scène, les dialogues ou les pensées en train de se dérouler.

C'était la première fois que je lisais une oeuvre de Matthieu Biasotto et la première fois depuis très longtemps que je lisais un thriller. Pour un retour au genre, ce livre court (moins de 200 pages) et très rythmé s'est avéré idéal, car lu d'une traite. On sent que l'auteur aime manipuler ses lecteurs pour mieux les surprendre et c'est un vrai plus, car il le fait habilement. Cependant, pour ma part, le twist final était deviné depuis un moment et n'a pas eu tout le retentissement attendu. Sans compter que la motivation derrière cette histoire m'a plus fait rire qu'autre chose par son énormité. Bref, un succès en demi-teinte, mais un auteur à suivre.