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Commentaires de livres faits par Krysaline

Extraits de livres par Krysaline

Commentaires de livres appréciés par Krysaline

Extraits de livres appréciés par Krysaline

Il est vrai que ce roman est aux antipodes de mes lectures habituelles (plutôt axées sur les polars et autres thrillers en tout genre) mais j'aime les livres qui me font ainsi découvrir de nouveaux sujets, de nouveaux auteurs et me font voyager.

Pour ce premier roman d’Olivier Rogez, nous partons vers un pays de l’Afrique de l’Ouest, qui n’est jamais nommé précisément dans le roman mais on comprend qu’il a dû être une ancienne colonie française et qu’il pourrait être à mon sens la Guinée dont l’histoire du capitaine Moussa Dadis Camara pourrait avoir inspiré ce livre. Mais peu importe car le livre retrace une histoire universelle, celle du destin d’une nation secouée par les soubresauts de l’Histoire et de l’ascension au pouvoir d’un simple sergent surgi de nulle part, promu capitaine à la faveur d’une situation opportune puis Chef d’Etat.

Ce sergent, vit d’expédients glanés à droite et à gauche en faisant des « petits boulots » et en rendant quelques services, la solde de l’armée suffisant à peine à la maintenir en vie. Car tout part à vau-l’eau dans ce pays-là. La misère est latente et tous ceux qui s’en « sortent » vivent de « combines » ou de larcins divers. Les « bandits » sont rois au royaume de cocagne. Au plus haut niveau de l’état la corruption règne en maître. C’est la loi du chacun pour soi.
Un matin, la population constate une effervescence inhabituelle aux abords du palais présidentiel et pour cause, le vieux chef d’état Doumbia, se meurt. Aussitôt les spéculations vont bon train ; les tractations et les manipulations pour la succession vont bientôt faire rage au cénacle et chacun des protagonistes se voit jouer un rôle prépondérant et accéder à la fonction suprême au prix de duels meurtriers et sans pitié pour leurs adversaires.

Mais c’est sans compter sur une équation à plusieurs inconnues : l’armée ainsi que le peuple et ses réactions. Car même s’il est rarement consulté pour ce qui est des décisions au plus haut niveau il n’en reste pas moins un joker non négligeable que tous cherchent à manipuler.

Mais que fera Dida une fois son coup d’état mené à bien quasiment sur un coup de tête ? Quelle sera son programme pour la destinée de son pays ? Là est tout le cœur du livre. Quel sera sa réflexion et son cheminement ? Quel rôle son entourage va-t-il jouer ? Sera-t-il positif ou négatif ? Arrivera-t-il à se sortir de la spirale de la corruption et des exactions commises pour le « bien de l’état » (ou du peuple et ce qui ne se rejoint pas toujours)?

Nous le suivront d’espoirs en désillusions, de déceptions en illuminations ; l’auteur avec un langage frais, coloré et vivant, autopsie comment le pouvoir influe sur la personnalité, guide l’individu jusqu’à son ultime revendication : déclencher la Révolution. Une vraie révolution, celle qui libère les âmes, celle qui redonnera égalité aux humains, qui rompra les chaines qui les avilis et les soumets, qui détruira toute corruption et qui fera renaitre un ordre nouveau. Mais Dida réussira-t-il à imposer sa vision de l’avenir ? Existe-t-il une révolution « positive » ?

L’auteur qui est grand reporter pour RFI en Afrique connait bien ces questions brulantes et tente d’y introduire avec un certain succès, sa propre vision des choses. Cependant il se défend d’avoir écrit un livre « sur l’Afrique » en arguant que ces problèmes-là sont mondiaux et qu’on peut retrouver la même situation sur n’importe quel continent. Il veut donc élargir le débat à quelque chose de plus philosophique, de plus global sur l’impact du pouvoir sur une personne, l’usure de son exercice et la finalité de la puissance gagnée par la force.

Ce livre est une très belle découverte et la fin m’a étonnée et puis elle nous rappelle que l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement…
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Il s'agit donc du deuxième opus sorti en 2005, chronologiquement parlant, dans la bibliographie de l'auteur, après " Train d'Enfer pour Ange rouge" en 2003. "La chambre des Morts" a fait l'objet d'une adaptation au cinéma par le réalisateur Alfred Lot en 2008 avec notamment l'excellente Mélanie Laurent. Ce Livre a reçu 2 prix littéraires: en 2006, celui des lecteurs Quais du Polar et en 2007 le prix SNCF du Polar Français.

L'histoire: Deux informaticiens licenciés décident de se venger en taguant les murs de leur usines de propos injurieux, puis un pari insensé: celui de rouler au milieu d'un champ d'éoliennes désert, en pleine nuit, le plus vite possible, tous feux éteins. Juste pour le fun ....Mais au moment le moins inattendu, un choc immense. Puis la découverte d'un corps sans vie, et à côté, deux millions d'euros dans un sac de sport. A ce moment-là, ils ont encore le choix ...... pas forcément le bon, car le destin rattrape toujours ceux qui se croient à l'abri. La découverte d'une fillette assassinée à quelques centaines de mètres du lieu de l'accident, ne fera qu'amplifier le cauchemar qui commence, qui le poursuivra jusqu'à la fin et qui a pour nom: La Bête.

L'écriture est toujours "déliée", "fluide", limpide, incisive, expressive, tellement "parlante" qu'elle en est criante de vérité, de mortalité! Un paysage campé dans le Nord de la France, glacial et morne du plein hiver, cet univers des anciens corons où tout semble désolé, gris, mort, noir et usé. Une ambiance un peu glauque, lourde, pesante, presque poisseuse. Des descriptions précises, nettes, chirurgicales sur des sujets très fouillés, très documentés. le suspense est bien mené avec un rebondissement à chaque chapitre ou presque, entre vraies et fausses pistes.

On pourrait arguer qu'il présente quelques similitudes avec le « Silence des Agneaux », mais traité « à la française », non vraiment le « rendu » est différent.

Pour Lucie Hennebelle fraîchement sortie de l'école de police, brigadier à qui l'on confie que des tâches subalternes ou des permanences d'accueil au commissariat, c'est sa toute première enquête "sur le terrain" qui l'emmènera fleurter avec la mort et ses démons intimes, car les personnages de Thilliez sont toujours « torturés » intérieurement, et ça n'ira qu'en s'accroissant au fil de ses romans ! Oui, d'aucuns diront qu'il est peu plausible qu'un simple brigadier, seule qui plus est, serait à même de prendre de telles initiatives (dans la vraie vie), mais ce n'est qu'un roman!!! Et il faut bien un commencement pour un « héros » !!!!!

Alors, bien que l'histoire soit remarquablement bien ficelée, que l'écriture nous tienne toujours en haleine et qu'elle ne se démente pas jusqu'à la dernière page, mon tort assurément a été de ne pas lire les livres de Thilliez dans l'ordre chronologique, car après avoir lu « Deuils de Miel », « La Mémoire Fantôme » (avec Lucie Henebelle plus torturée que jamais) et le Génialissime, le Brillantissime « Anneau de Moebius » où les destins collectifs se confondent et se confrontent aux travers des mémoires intimes jusqu'au paroxysme ultime d'une noirceur absolue ou plus aucune rémission ne semble possible, il faut bien prendre « La Chambre des Morts » comme une deuxième oeuvre d'auteur, largement saluée par la critique et donc une vraie belle réussite.
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Bon, autant le dire d’entrée, je suis une vraie « fan » de Marilyn, mais pas la star fabriqué par Hollywood, hein, non, la vraie Marilyn, Norma Jean, l’enfant fragile en manque d’amour qu’elle a toujours été. J’ai déjà lu nombres d’ouvrages qui lui ont été consacré sans jamais avoir été vraiment convaincue. Mais ce livre-là m’a paru être à la fois très honnête, sans parti pris et surtout sans jugement à l’emporte-pièce sur la vie et les agissements des uns et des autres.

Basé sur des témoignages, ce livre (prix interallié 2006) retrace les 30 derniers mois de la vie de Marilyn Monroe vus au travers du prisme de « La Psychanalyse ». Finalement Marilyn n’est pas vraiment le seul élément central. Elle dispute le premier rôle avec cette fameuse psychanalyse "freudienne". Le rôle que cette dernière a pu jouer dans le destin malheureux de l’actrice et son échec retentissant, ou plutôt, l’échec de son dernier psychanalyste, Ralph Greenson, impuissant à enrayer la machine infernale et la spirale descendante que prenait la trajectoire de Marilyn, est bien mis en lumière ici.

Dans cette biographie fictive ante-chronologique, où s’entrecoupe, séances de psychanalyse, fragments de déroulement des tournages, flashbacks sur l’enfance de Marilyn et rencontres avec des amis, l’auteur essaye d’imaginer ce qu’ont pu être les derniers moments de la star aux deux facettes : D’un côté, le Mythe, l’objet, la bombe sexuelle monté de toute pièce par le « star system » du Cinéma hollywoodien et de l’autre la femme-enfant, noyée dans sa quête existentielle d’elle-même au milieu de ses peurs et ses angoisses étouffantes.

D’aucun dénonceront la longueur du livre (560 pages) ; certes c’est long, mais il ne relate pas seulement la vie de l’actrice ; il analyse aussi l’échec encaissé par Greenson et sa tentative de « sauvetage » par l’analyse en « innovant » en la matière (elle était avant tout un « cobaye » à ce niveau-là). Et cela ne se fait pas en un chapitre ! Pour ma part, j’ai mis un peu de temps à le lire car j’avais besoin de pause pour oxygéner ma lecture, car je « souffrait » véritablement avec Marilyn. Et je ressentais presque réellement ses angoisses, ses peurs, l’inévitable déchéance « annoncée » de par sa dépendance pharmaceutique et affective. C’est dire si ce roman semble « réaliste » !! Je me suis prise plusieurs fois à m’égarer et prendre cela pour une véritable biographie…

Greenson m’est apparu par contre, assez froid et très calculateur au travers du récit malgré l’évident trouble qu’il a ressenti à traiter cette si célèbre icône, nouant une telle relation fusionnelle à la limite de la « rupture » entre eux qu’on ne sait plus très bien qui était dépendant de qui. Celle-ci s’est instaurée au fil des mois, les séances devenant quotidiennes, puis bi, tri voire quadra-quotidiennes. Sans compter le fait que Marilyn était « intégrée » à la famille de son psychanalyste de façon inconditionnelle et le voyait donc y compris le soir et les weekends….

Cet « envahissement », cet « investissement » dans la vie de l’actrice se fait d’ailleurs à tous les niveaux, aussi bien professionnel que personnel, faisant intrusion même dans ses rapports à l’argent ; Greenson en « profitant » pour assoir son autorité en tant que médecin auprès des maisons de productions cinématographiques comme la Fox par exemple où il décroche des « contrats » pour « soutien psychologique » aux acteurs durant leur tournage. L’emprise des uns sur les autres et inversement est total.
On voit bien toute l’importance et le pouvoir qu’avait, aux États-Unis, dans les années 50/60, la psychanalyse sur le monde du Cinéma y compris à New-York et pas seulement à Hollywood.

Marylin, est suivie d’abord par Marianne Kris à New-York, puis Greenson à Los Angeles et même Anna Freud (fille de Sigmund) en Angleterre lors de ses tournages. On assiste ainsi au tournage des « Désaxés » (The Misfits) son avant-dernier film et à l’amorce de « quelque chose doit craquer » qu’elle ne finira jamais. Le lent et difficile calvaire des tournages où elle arrive systématiquement en retard et quitte les plateaux régulièrement pour se rendre en analyse.

Quand survient la mort de Marilyn, l’auteur ne s’attarde pas vraiment sur ce qui s’y est réellement passé mais les Kennedy n’y sont pas véritablement mis en cause, si ce n’est par la suite d’avoir cherché à effacer toutes les preuves de leurs liens avec l’actrice.

Greenson y est beaucoup plus mis sur la sellette (ainsi que le médecin généraliste) pour son laxisme avec les barbituriques prescrits à tour de bras et en injections sur une Marilyn complètement déphasée et de plus en plus borderline.

Après, le roman perd de son intérêt car on se perd un peu dans la technique psychanalytique et la justification de Greenson au regard de son implication dans la tragédie survenue le 4 août 1962, sa lourde responsabilité même si elle n'était pas volontaire et de sa culpabilité évidente. On parlera ainsi plus de suicide-assisté que de meurtre ou de complot.

Deux mots pour finir, qui renforce toujours mon impression à son sujet : pauvre Marilyn !.... (elle n’ a pas vraiment été « aidée » !!!).
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D'abord, j'ai choisi ce livre (pour ma première découverte de l'auteur) pour sa couverture et son titre qui m'avait intriguée. En effet il évoque l'usage de mensonges… l'idée que l'on cache quelque chose, que « papa » n'est pas dans la confidence... Cela veut-il donc dire plus de complicité avec « maman » ? (En référence à son précédent roman peut-être ?)

Pour cet opus, on rentre d'entrée de jeu dans le vif du sujet avec un chapitre « choc » et les adeptes de thriller savent combien ce fameux « premier chapitre » est important. Il a l'air de ne rien avoir à voir avec le reste de l'histoire. Il se fait tellement discret qu'on arrive presque à l'oublier avec la succession d'évènements qui suit. Mais il nous revient en boomerang à la fin quand les pièces du puzzle (qui semble très éclaté » au début), s'emboitent et illustre qu'un battement d'aile de papillon….

Avec le second chapitre, l'auteur effectue un brusque virage à 190° et passe sans transition à une autre histoire. Ce qui déroute de suite car le tout semble très décousu au départ mais je soupçonne évidemment l'auteur de l'avoir fait sciemment !

Alors, à mon sens, on ne "spoile" rien du tout en disant qu'il existe forcément un lien entre les différentes histoires (qu'il faut suivre avec attention sous peine de perdre le fil) et que tout se rejoint. N'est-ce pas d'ailleurs ce que l'on demande à un roman à suspense ? Tout semble couler de source, aller de soi et facile. On (croit) comprendre tout, tout de suite. Mais on reste dans l'interrogation sur les raisons, le pourquoi du comment. On se dit que la fin va être « télégraphiée ». Eh ben, oui. Oui et non finalement ! Dans le cas présent, la surprise vient effectivement mais vraiment à la fin de la fin alors que pendant les trois quart du livre on se dit que décidément on est « trop fort » parce qu'on a tout deviné ! Oui, on pense que c'est gros comme une maison mais finalement c'est plus fin que ça. L'axe central est ailleurs...

C'est un mélange d'histoires où l'on découvre des meurtres, un drame familial, un viol et un bonheur parfait – si parfait qu'on en cherche évidemment la faille ! C'est donc un thriller à tiroirs qui a l'air d'être un coffre dont on aurait déjà la combinaison mais ne dit-on pas qu'il ne pas se fier aux apparences !

Mon premier ressenti en refermant la dernière page a été la perplexité. On pense d'abord à un manque d'originalité tant ce schéma est classique et les thèmes abordés ont été galvaudés. On se demande donc ce qui fait la différence avec les autres thrillers classiques…

A bien y réfléchir, il faut dépasser cette impression de déjà lu, de prémâché, du « j'ai tout compris ». Est-ce bien sûr ? Il faut aller au-delà. Se laisser porter. Se découvrir une curiosité qui va plus loin. Voir comment l'auteur va « goupiller » (ou plutôt « dégoupiller ») son histoire. Certes, on se fait vite une idée sur la trame globale. Mais au-delà des soi-disant « grosses ficèles » comment va-t-il faire évoluer psychologiquement ses personnages ?

L'alternance du passé et du présent, l'idée qu'il y a un « ici » et un « ailleurs » … et un entre-deux, en italique qui ne comporte pas d'indication temporelle, les chapitres courts et l'alternance des temps donnent cette impression de rythme constant soumettant le lecteur à une gymnastique mentale intense. L'écriture sous tension renforce l'impression « TGV ».

Attention, certaines scènes décrites de façon très « crues » peuvent heurter la sensibilité d'un certain public… le roman est parfois violent et décrit des scènes sordides… Âmes sensibles, s'abstenir !

Bon, pour le côté « avis plutôt court » c'est raté. Merci en tout cas, d'avoir eu la patience de lire jusqu'ici !! ?

D'autres critiques à retrouver sur mon site: https://www.bouquinista.net
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« Pic et pic et colegram, bour et bour et ratatam, am stram, gram…. Mais comme le roi ne le veut pas ce ne sera pas toi! » Ritournelle d'une comptine bien connue des enfants et qui résume assez bien l'ambiance de ce roman au suspense diabolique et terriblement efficace qui ne cesse de jouer avec nos nerfs.

Car ce roman, c'est un peu comme le coup de la roulette russe sauf que là, ils sont deux à y « jouer »…. Sauf qu'ils ne « jouent » pas mais qu'on les a kidnappés et enfermés dans des lieux isolés jusqu'à ce que l'un de deux décide de tuer l'autre avec le révolver qui ne possède qu'une seule balle aimablement mis à leur disposition par la personne qui les a kidnappés …. A moins qu'ils ne décident de mourir tous les deux de faim et de soif, mais le message sur le téléphone portable laissé à proximité des victimes en guise d'ultimatum est clair : "Tuer ou être tué, c'est le prix de votre liberté" !

Et le scénario pervers et sadique recommence toujours et encore. C'est d'abord un couple, puis des collègues de travail, puis une mère et sa fille, et encore des collègues de travail sans que le commandant Helen Grace qui mène l'enquête avec Charlie et Mark notamment, ses plus proches collaborateurs, ne trouvent d'éléments reliant les crimes les uns aux autres.

Il faut dire que les chapitres courts qui se succèdent rapidement impriment un parcours syncopé et rythment bien ce thriller machiavélique. On n'a pas le temps de souffler. L'écriture est fluide et coulent bien. Pas de difficultés de lecture ce qui permet de dévorer les pages plus vite pour connaitre la suite de cette histoire addictive et originale. Un vrai page-turner !

On n'évite cependant pas quelques clichés tel que le flic alcoolique qui traine des tonnes de problèmes et l'autre flic, Helen, mystérieuse et « dure à cuire » avec une force de caractère hors du commun qui ne souhaite pas être aimée, mais respectée. Bref des personnages au bord de la caricature mais qui évitent quand même les poncifs du genre, un exploit ! la psychologie des personnages est assez fouillée, retorse et remarquablement exploitée par l'auteur.

En un mot, ce récit est mené de main de maître et j'avoue ne pas avoir « vu venir » la fin ! C'est un tour de force, car, grande adepte du genre, j'en lis tellement (Thilliez, Chattam, Giebel, Grangé et tant d'autres) que rarement les « chutes » des romans m'étonnent et de plus en plus exigeante, je veux toujours plus d'originalité et de sensationnel.

J'ai donc été très agréablement surprise par ce thriller et je vais de ce pas acquérir les deux autres livres d'Arlidge : « il court, il court, le furet » (le premier de l'auteur) et « la maison de poupée » (une sorte de suite à Am stram gram si j'en crois ce que j'ai lu)…. A suivre
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date : 18-03-2018
Ce roman à l'environnement nihiliste, poisseux et glauque mais totalement fictionnel (et pourtant tellement hyperréaliste) m'a profondément perturbée, troublée et dérangée. Certes le livre m'a déstabilisée mais pas tant par l'histoire qu'il relate que les questions qu'il a soulevé en aval pour moi... Le voyeurisme des foules, le rôle de notre société et enfin ma propre responsabilité quant à la lecture de tels ouvrages... Je sais, "jeté" comme ça, sur le papier, ça peut faire peur... car ça n'est jamais qu'un "thriller"!!!...mais je ME suis fait peur! C'est peut-être un peu "excessif" mais c'est mon premier ressenti.

Alors, j'avais survolé quelques critiques auparavant et je savais donc plutôt à quoi m'attendre...on m'avait bien prévenue: c'était très dur à lire voire insupportable. Mais ça a été bien pire et au-delà de ça!...

En effet, cette plongée en apnée dans les méandres du cerveau déglingué d'un sociopathe aux pires penchants pervers (de deux même, en ajoutant Gabriel) ne se fait pas sans égratignures!!

L'histoire des enlèvements répétés de fillettes de quinze, douze puis huit ans se révèle sordide et macabre surtout à la lueur ce que leurs font subir les deux complices.

Buczko, qui trouve pourtant Gabriel ultra-violent et sans état d'âme ne fait en effet pas dans la dentelle. Au fil des fix et des shoots, des scarifications infligées à lui-même, comme autant de tentatives de purification, on plonge toujours plus profond sans avoir pu avoir pu reprendre sa respiration.
Spoiler(cliquez pour révéler)
La spirale infernale n'aura de cesse qu'à l'anéantissement total et définitif de tout
.

Tout de suite, en terminant ma lecture, je suis d'abord restée sans voix, avec un malaise profond et persistant. J'ai refermé le livre sans vraiment savoir quoi en penser exactement sur le coup... j'étais "soufflée"...

A quoi venais-je d'adhérer? qu'est ce que je venais de lire exactement? Sinon, les pires justifications de l'innommable avec pour seule excuse l'envie de vouloir lire un thriller, toujours mieux, toujours plus "hard", toujours pire... et d'avoir été jusqu'au bout!

Car j'ai bel et bien l'impression d'avoir cautionné quelque chose en terminant ce livre! Un sentiment désagréable et étrange. Je n'ai pas réussi à me détacher du "je" employé dans le livre et le fait que le "je" soit coupable d'actes condamnables.

Presque choquée par mon propre comportement, l'identification au tueur étant facilitée et encouragée par l'emploi de la première personne du singulier, je m'interroge sur ma propre démarche éthique: Pourquoi avoir tourné ces pages sans (ou presque) remords jusqu'à la fin. Pourquoi n'ai-je pas stoppé, abandonné ma lecture? Ce côté voyeurisme" des foules m'habiterait-il donc aussi? quelle claque! Je n'ai pourtant ressentie aucune empathie pour cet homme aux fêlures psychologiques qui n'a d'égale que sa propre perversion.

Mais enfin, avouons le, ce thriller-là est terriblement efficace et brillant! il nous permet d'accéder en direct "live" au cerveau de ce détraqué, d'accéder à ses pires turpitudes, ses crimes, ses faits et gestes plus révoltants les uns que les autres mais aussi, ses douleurs, ses faiblesses et ses lacunes, sans l'ombre, cependant, d'une plume compatissante.

Envisageons trois secondes que ce soit un "vrai" tueur qui ait laissé de telles lettres derrière lui, en aurait-on osé la publication? NON, bien sur, non! On hésite déjà à republier le livre d'Hitler... alors pensez!! Y-a-t-il un réel intérêt à savoir ce qu'un psychopathe pédophile peut faire subir à un(e) enfant? Non plus car ce serait alors juste de la curiosité morbide.

Alors quoi?? pourquoi ai-je trouvé l'idée brillante? Car il a atteint à mon sens pleinement son objectif: Écœurer le lecteur jusqu'à la lie, l'emmener jusqu'au bout de l'horreur, jusqu'au bout du supportable (sans verser dans le "pathos" ni dans l'excès de détails non plus mais un juste peu trop quand même!....) et faire qu'on ne s'arrête qu'à la dernière page? qu'on tourne les pages jusqu'à la fin, toujours plus loin, pour savoir enfin comment l'auteure aura imaginé le dénouement.

Pourquoi ce désir malsain de se projeter plus avant dans un tel esprit fracassé? Que peut-il en ressortir de bon? de positif? Nous "aider" à comprendre la psychologie d'un tueur? Comme un jeune enfant démembre sa poupée pour savoir "comment ça marche"? Et pourquoi pas? Voir comment un esprit délirant en arrive là. Comment il succombe à ses propres démons et voulant tellement y échapper... Comment un manque d'amour à la base, peut être ressenti puis vécu et développé?

Mais surtout, il me pose une question existentielle: Quel serait le rôle de notre "Société" sur le développement de tels états d'esprit déviants? pourrait-elle en être la "complice" hypocrite, en partager la responsabilité partagée? Comment percevoir le blanc du noir, la normalité de l 'anormalité, la morale de l'amoral et de l'immoral?

Enfin, pour toucher un mot sur l'auteure, son style d'écriture courte, vive, violente, brute de décoffrage, percutante, sans détours et spontanée me fera sans doute quand même persévérer pour découvrir la suite de ce talent certain et voir sa façon de traiter d'autres sujets.
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date : 12-09-2017
Pour commencer, je souhaite dire un mot de la couverture : magnifique, en papier gros grain, avec effet "tissu" crème avec d'étranges signes qui recouvre la majeure partie de la page. Il s'agit d'écriture Rongo-Rongo (dont on entendra beaucoup parler dans ce livre), provenant de l'île de Pâques (ou l'île de Rapa Nui) et dont personne à ce jour n'a réussi à en percer le mystère. Cette langue indéchiffrable gardera ses mystères et sa signification peut-être à jamais… Et ce sera le fil conducteur de ce livre.

Ce roman de vacances, c'est l'histoire de "Rouquin" qui commence sur une autre île, Peut-être celle d'Oléron (je dis ça à cause de sa référence au "phare de Gésiron" qui me fait furieusement penser au "phare de Chassiron" et à la ville de "St-Arjan" au sud de l'île qui fait sans doute référence à la ville de "St-Trojan"). « Rouquin » est un adolescent paisible, qui aime la campagne, la mer, la plage des "Belles" et surtout celle de "Roulefaux", il aime les promenades sur sa bécane antique "Rosalie". Il est en vacances sur cette île avec ses parents et profite pleinement de ce repos estival, loin de sa banlieue qu'on devienne parisienne peut-être, Preterny, mais qui peut être n'importe où aux alentours d'une grande ville de France.

Sur l'île donc, où il démarre les vacances d'été avec ses parents, le narrateur fera au détour d'une brocante, l'acquisition d'une étrange tablette en bois gravée de signes kabbalistiques qui se révèlent donc être du Rongo-Rongo, langage de l'île de pâques aujourd'hui oublié, île d'où proviendrai cette tablette, selon la vendeuse.

Son âme romantique et curieuse le mènera donc tout naturellement à la bibliothèque municipale de la ville pour faire de plus ample recherche sur ces hiéroglyphes (ou logogrammes écrits en boustrophédon inversé – c'est-à-dire qu'en partant de la ligne inférieure du support, on lit la première ligne de la gauche vers la droite, puis on fait tourner le support de 180°, on lit également la deuxième ligne de la gauche vers la droite, et ainsi de suite). Là, il y fera la connaissance d'Elisabeth la jolie bibliothécaire, pourtant plus âgée que lui, qui ne tardera pourtant pas à occuper toutes les pensées de notre ami.

Mais si dans cette première partie il est question de poésie, de romantisme et de doux rêves, il est aussi question de l'attente de l'arrivée de l'ami de "Rouquin": "Ficelle" qu'il admire mais qu'il craint également car ce dernier semble selon la description soit tout, sauf romantique. Ficelle est un pur "sirop de la rue", un ado qui joue avec le feu, qui transgresse allègrement les interdits et qui n'a cure des "bonnes manières", qui flirte avec tous les excès (alcools et stupéfiants en tout genre) et finira même par s'improviser cambrioleur pour subvenir à ses besoins de plus en plus impérieux en diverses drogues.

"Rouquin", dans la seconde partie est donc partagé entre son envie de suivre son ami partout, y compris sur les chemins interdits, dangereux et retors de la drogue, sa fascination pour celui-ci et son attirance pour la poésie et la petite bibliothécaire. Il ne choisira d'ailleurs pas vraiment, il suivra le mouvement. Celui d'abord de ficelle, dont les "tryp" bad ou non, sont décrits avec force précision et un vocabulaire fort riche (et parfois anachronique voire pompeux) pour nous emmener à travers leurs délires et même si cette description reste malgré tout, toute poétique, on n'en ressent pas moins les effets néfastes et destructeurs.

Alors, autant je me suis attaché au narrateur dont on ne connaitra finalement que le surnom de « Rouquin », autant « Ficelle » le casse-cou perturbateur m'a agacé un brin. Un chien dans un jeu de quilles qui vient gâcher le beau tableau tranquille, bucolique et romantique de l'île et qui entraine le narrateur dans ses égarements malsains qui les emmèneront aux portes du point de non-retour. Mais justement, cet agitateur arrive pile dans le paysage à un moment où la « romance » et la mièvrerie risquent de prendre le pas et de devenir ennuyeux. Il fait office de « détonateur » et de troisième temps dans la valse bien ordonnée qui s'opère jusqu'à présent. Il « casse le rythme » et apporte plusieurs inconnues à cette équation qui sans lui aurait été peut-être un peu trop plate et fade sans lui.

L'écriture si douce et poétique au tout début fait place à un tempo plus syncopé où se mêlent dialogues et récit sans distinction de forme et telle la marée, les flashbacks amènent la tension et le souvenir des galères puis succède le présent qui amène un peu de paix et de calme jusqu'à ce que finalement, les deux se mêlent et s'entremêlent, se déchirent, ne fassent plus qu'un et puis que tel le soleil après la tempête, le vent « mauvais » se retire et que le calme et la tranquillité revienne.

Ce livre est une divagation poétique et lyrique sur l'adolescence et ses émois mais elle n'est pas a proprement parlé une lecture pour ados. Certes elle parle de cet âge trouble et flottant où les ados perdus se posent mille et une questions, toutes plus saugrenues les unes que les autres mais elle n'est pas "fléchée" et destinée aux ados.

Tout au long des parties suivantes on sent monter une "tension" avec la méchante impression que "cela va mal se terminer", comme si un drame allait fatalement arriver. En cela les descriptions des "voyages sous acide" est terriblement dramatique et la montée en puissance de leurs intensités annoncent la catastrophe, inévitable....

Je ne suis pas en train de dire qu'il s'agit d'un thriller, loin de là, mais il y a une tension dramatique dans ce livre, palpable et bien transcrite.

Je note au passage que la construction des phrases est parfois assez étonnante, incluant des dialogues et omettant des virgules ce qui rend la lecture parfois malaisée voire un peu pénible. J'avoue que le choix du vocabulaire, les envolées lyriques du texte, la prose à visée poétique m'a parfois laissée sceptique et n'a pas eu toujours l'effet escompté. Pourtant cette écriture si particulière, rend la description des « voyages sous acide » tellement réelle car l'alignement des mots sans suite logique comme une litanie sans limites, puisque privé de ponctuation sème la confusion chez le lecteur ce qui l'emmène à avoir une impression de vertige qui transcrit l'état exact des protagonistes au moment de leurs délires. En cela la construction lexicale est intéressante et fait mouche à mon sens.

Globalement je trouve ce roman léger et rafraichissant malgré la pesanteur de certains sujets abordés ; c'est une expérience de lecture intéressante que je suis prête à renouveler avec plaisir avec cet auteur
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Sébastien Lepetit nous met en scène ici, un commissaire « à l’ancienne », un peu bourru, un peu ringard, un peu balourd mais « bon vivant », ne lésinant ni sur les spécialités Franc-Comtoise, ni sur les bons vins du Jura. Aussi, tellement attendrissant et touchant avec son ours en peluche, incongru dans le contexte et totalement en décalage avec le personnage (en plus de sa bluette avec la propriétaire de l’auberge où ils séjournent pour l’enquête) !! C’est assez original, mais on n’échappe quand même pas à certains stéréotypes : flic à problèmes, séparation douloureuse, alcool...
En fait, je me suis rendu compte qu’il s’agit là de la quatrième enquête du commissaire Morteau, mais pour moi, c’est une découverte. [Noter que cela ne gêne en rien la lecture et la bonne compréhension de l’histoire, même si c’est toujours mieux de lire dans l’ordre afin de suivre le cheminement des personnages récurrents].
Alors, d’aucuns diront que l’histoire « se traine » et qu’elle manque de rythme. D’un côté oui pour les fanas du genre « Fast and Furious ». Sinon, je ne suis pas d’accord [C’est mon avis propre et n’engage que moi !]. C’est un véritable roman policier posé à la Simenon. C'est-à-dire que l’histoire « prend son temps », elle se développe à son rythme, tranquille mais offre néanmoins un suspense et une tension toujours présente, lancinante même.
Il y a un vrai travail de mise en scène d’une « atmosphère », avec des descriptions minutieuses qui peuvent être considérées comme des digressions pour certains lecteurs mais qui contribuent à poser un contexte, une ambiance. C’est presque un « scénario » qu’on visualise sans mal.
Dans cet épisode, notre ami le commissaire est appelé par une ancienne connaissance d’enfance, Michel Pupillin, qui lui demande d’enquêter sur une histoire de menaces anonymes par téléphone. Ces appels mentionne le fait qu’«il y aura du sang sur la neige » à l’occasion de la Trans Jurassienne, course de fond réunissant des participants du monde entier.
A partir de ça, nous suivons les tribulations de Morteau et son collègue, l’inspecteur Fabien Monceau pour retrouver un assassin. Car en effet, il y a bien eu mise à exécution des menaces téléphoniques puisque le favori de la course est abattu alors qu’il s’entrainait.
Nous suivrons donc le duo dans leur enquête et leurs déductions trop hâtives parfois pour Monceau qui a l’impétuosité de la jeunesse et qui trouve Morteau trop lent, trop « has been » et pas suffisamment efficace selon lui. Le conflit générationnel est évoqué, effleuré mais pas vraiment creusé (-là n’était pas l’essentiel du sujet).
Monceau privilégie l’évidence, les apparences et la vitesse (qui se confond là avec précipitation) par contraste avec le calme, la méthode, la sagesse de Morteau (le vieux singe…). L’auteur insiste avec humour sur les divergences de technique d’investigation et sur la notion « d’apprentissage » pour l’inspecteur.
D’ailleurs l’enquête semble à priori très simple, le(s) mobile(s) le coupable tout désignés… Trop simple ! et cela s’avèrera en fait beaucoup plus « tordu » que ça n’en avait l’air au premier abord.
L’auteur saupoudre les indices et le suspense tout au long du récit. Nous avons de magnifiques descriptions de la montagne, de la neige et des courses de fond. N’étant pas une adepte de la course de fond (mais plutôt du ski alpin) j’ai eu un peu peur de m’ennuyer mais fi de cette impression !
Nous suivons la course de « l’intérieur » avec le ressenti de l’un des coureurs, à l’occasion des chapitres écrits en italique. On ressent bien l’engagement physique, les efforts fournis et la finesse de la stratégie nécessaire pour être le vainqueur. On y découvre la beauté des paysages mais aussi la douleur, la difficulté de la montagne, la rigueur du ski de fond, la fatigue… la dureté et l’exigence de la compétition.
Les dialogues sont sympas et bien structurés. J’ai aimé cette plongée en milieu naturel et cette immersion totale dans le milieu du sport et des fondeurs, cette course si belle est bien décrite.
La lecture est agréable, facile d’accès sans construction biscornue. Les mots coulent naturellement, les sentiments s’entremêlent, les doutes et interrogations émaillent le récit et au détour d’un chapitre, nous arrive la solution, l’explication et le coupable.
Pour ma part, j’avoue que bercée par le récit, l’écriture, je n’y ai vu que du feu (mais je n’ai pas vraiment cherché non plus, non). L’enquête passe presque au second plan à la limite. Elle est prétexte à chanter les louanges du Jura, de la Franche-Comté, du Doubs. On est pantois devant la virtuosité des descriptions qui nous fait ressentir réellement la montagne comme s’y on y était.
Un grand merci donc aux Editions Flamand noir et à la plateforme NetGalley France pour cette lecture. Et je vais me mettre en quête des 4 précédents pour parfaire ma connaissance du personnage si attachant du Commissaire Morteau.
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date : 14-08-2017
Voilà très longtemps qu'il ne m'était plus arrivé de dévorer un livre en moins de deux jours ! Ce n'est pourtant pas un « thriller » ni un « page-turner » et de toute façon d'ordinaire, chez moi (le fait de lire un livre en une journée), ça n'est pas très bon signe, car vite lu et vite oublié en principe. En effet en lisant vite, on n'a pas le temps de s'imprégner de l'histoire, des personnages, de l'atmosphère dégagé par le livre ; on ne prend pas le temps de « s'installer » dans le récit et ça laisse donc rarement, chez moi, un souvenir impérissable. Sauf que là, ça n'est pas le cas ! Et croyez-moi, je me souviendrais encore longtemps de ce cas de conscience soulevé par l'auteur et qui n'est rien de moins que le thème de l'euthanasie. Un thème lourd et difficile, angoissant, qui réveille des peurs irraisonnées, qui soulève des questions d'éducation, de religion, de bienséance, de croyances et plus généralement des questions d'éthique.

L'auteur nous raconte ici, l'histoire d'Elsa vue par le prisme de la fille ainée, Manon. Elsa a eu un accident sur les petites routes de montagne en lacets où sa voiture est brusquement passée pardessus le parapet pour venir s'écraser quelques mètres plus bas au pied d'une des multiples gorges qui peuplent la région. (Région qui n'est nommée à aucun moment dans le livre ; mais l'auteur donne quelques indices géographiques çà et là qui permettront aux plus perspicaces de deviner l'endroit où se déroule cette histoire).

Mais Elsa n'est pas morte ! Elsa s'en est sortie, plutôt mal en point cependant. Elle est en état de mort clinique mais pas cérébrale. Pour le moment elle est dans le coma. Elle peut sortir du coma rapidement comme y rester un temps indéterminé. le hic, c'est que les fonctions vitales ayant été touchée, il est peu probable, voire impossible qu'Elsa recouvre sa vie d'avant. En un mot, elle restera entièrement dépendante des machines qui lui maintiendront un semblant de vie et ce pour un temps indéterminé : tant que son cœur en aura encore la force en fait. Autant dire : ce ne sera rien de moins qu'un légume.

Constat difficile à accepter pour ladite famille...

C'est le départ de cette histoire qui va nous faire découvrir comment chacun des membres qui composent cette famille : Gabriel, le frère ; Adèle, la sœur cadette, Manon, l'ainée mais aussi le père vont « vivre » cet état de fait, vont « gérer » la nouvelle de l'accident, l'intégrer, « l'ingérer » et finalement arriver à une décision, prise collégialement, mais qui auparavant va les diviser et raviver les rancunes et rancœurs de l'enfance.

Comme toutes les familles confrontées à des cas extrêmes, ils vont se déchirer, se reprocher, se déliter, se rapprocher, se pardonner, s'en vouloir à nouveau, se soutenir, se désunir bref s'empoigner pour arriver à décider de l'avenir de leur mère qui n'est plus, en tout état de cause, capable de décider pour elle-même.

Mais au-delà de leurs propres différents, de leurs propres histoires et de leurs propres vécus, il y a aussi Elsa et les questions que sa situation soulève :
- Pourquoi roulait-elle sur cette route de montagne tortueuse où elle n'avait rien à y faire ?
- Pourquoi avait-elle été en contact avec un prête, elle qui n'était pas croyante ?
- Qu'aurait-elle souhaité, elle, dans le cas qui se présente ? Mourir ou vivre ?
- Que cachait-elle de son passé en Norvège avant son arrivée en France ?

Et là, vont ressurgir tel des vieux spectres poussiéreux, les vieux secrets de familles, enfouis si profondément qu'il est presque impossible de les exhumer afin d'y apporter des réponses. Certains resteront d'ailleurs sans réponses, mais ils les aideront à se donner une idée de qui était réellement leur mère et les aidera à prendre la douloureuse décision qui s'impose.

L'écriture est nette, précise, sans concession ; elle est même parfois, sans « émotion » quasi chirurgicale, déshumanisée. La description des relations entre frère et sœurs est parfois glaçante tant il y manque des sentiments. Manque de chaleur, d'empathie entre ces êtres contraints, malades, privés de tendresse et de gestes d'amour. de l'amour, il en existe pourtant dans cette famille, mais ils ne savent comment l'exprimer, on les dirait handicapés du coeur. Pas de gestes entre eux, pas d'embrassades, pas d'élan de tendresse, jamais : leur mère n'était pas démonstrative. Alors chacun s'enferme dans les non-dits et s'arrange avec son propre ressenti, un peu comme des autistes.

Elle fait de la peine cette famille tant elle crève de sa solitude, tant elle se débat au cœur d'un désert sentimental et d'un manque de communication. Ce récit « fort » en sentiment brille par le fait qu'il souligne le manque de compréhension entre les êtres qu'il évoque.

Manon, quant à elle, parait la plus « lucide », mais aussi la plus dure. Là où elle se voudrait « maternelle » avec sa sœur et son frère, elle est cassante et sèche. Là, où elle se voudrait apaisante et compréhensive, elle n'est qu'amère et abrupte. Là où elle voudrait tant pleurer, les larmes ne viennent pas.

Manon, qui, sans hésiter a tout laissé tomber depuis l'accident de sa mère pour revenir parmi les siens. Qui a laissé sa vie entre parenthèse, sa vie de nouvelle mère où elle peine à trouver sa place, sa vie auprès de son mari, Simon. On peut se demander jusqu'où va le devoir d'ainé et quand peut-on commencer à parler de fuite en avant ?

Car cet évènement a un retentissement personnel sur chacun d'entre eux. On découvre une Manon, incapable de communiquer avec sa mère – il lui est impossible d'adresser la parole à cette « personne » couchée dans ce lit, immobile, inerte et muette – mais il lui est aussi difficile de communiquer avec son bébé. Et le « baby-blues » n'explique pas tout. On le voit au début, elle est presque « soulagée » de devoir se rendre au chevet de sa mère...

Quant à Adèle et Gabriel, ils se retranchent dans le mutisme total, chacun ayant un souvenir différent de sa propre mère avec un vécu différent. le père, lui, est relégué à un rôle complètement secondaire ; il est quasiment « absent » du tableau et n'intervient que de manière totalement anecdotique. On le retrouve pourtant vers la fin, bien présent lors du dernier acte mais sans vraie consistance un peu comme s'il avait été « exclu » du récit. Cette histoire-là, était essentiellement celle de la mère et de ses enfants et traitait principalement de la relation à la mère.

Cette mère « inconnue », qu'ils découvriront au fil d'une histoire et qui se révèle être pathétique, triste, torturée et terriblement humaine finalement ne les rapprochera pourtant pas suffisamment; la découverte de certains de ses secrets ne comblera malheureusement pas le gouffre qui s'est installé petit à petit entre la fratrie.

Chacun s'en retournera vivre sa propre vie, à ses occupations qu'ils avaient mis de côté le temps d'un moment, sans plus s'occuper des uns et des autres désormais. le lien qui les unissait, fragile et ténu et sur lequel il tirait depuis l'enfance, semble s'être définitivement rompu.
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date : 29-10-2019
Un mot « fort » me vient immédiatement et spontanément à l'esprit en refermant la dernière page de ce livre : SUBLIME !

J'exagère peut-être un chouïa mais si peu… Pour moi, un ouvrage indispensable et précieux à la mémoire mais un témoignage d'amour plus qu'un récit historique.

Regardant très peu le petit écran, J'ai malheureusement « raté » l'émission la « Grande Libraire » où Robert Badinter, invité pour la sortie de son livre, y évoquait le souvenir de sa grand-mère avec beaucoup d'émotion. Je me promets donc de le regarder en replay aussitôt que possible…

Mais, autant le dire tout de suite, je ne vais pas être vraiment « objective » car je nourris une immense admiration pour l'auteur qui est entré dans les premières places au panthéon de ma mémoire le 18 septembre 1981 lors de l'abrogation de la peine de mort en France dont il est l'un des artisans principaux.

A la lecture de cet ouvrage, on mesure pleinement la force de cet homme qui a connu les pires atrocités de la seconde guerre mondiale au travers de l'histoire de ses parents et grands-parents et qui a trouvé malgré tout la force immense et le pouvoir de résilience suffisant pour livrer avec conviction ce combat en faveur de l'abolition de la peine capitale. Pour cela, entre autre, je lui voue le plus profond respect.

Aujourd'hui, à l'aube de ses 91 ans, il nous livre le récit de son affection incommensurable pour « Idiss », sa grand-mère maternelle. Un portait absolument touchant de cette mère courage, qui affronta nombre de situations dramatiques qui entraineront sa famille vers d'autres patries, d'autres horizons fait de volonté et d'espoirs inébranlables.

Un destin, Des destinées, toutes hors-normes, qui englobent cette partie d'Histoire dont nous ne sommes pas vraiment ressortis tout à fait glorieux, même si nous mettons plus volontiers l'accent (mérité pour tous les compagnons de la "résistance" et de toutes les forces engagées) sur la « libération » et la bravoure de nos combattants revenus en vainqueurs grâce à l'Angleterre et aux États-Unis (et aussi la Russie accessoirement). Cette France dans laquelle ils avaient une confiance aveugle et absolue. Croyant dur comme fer à ses idéaux perçus comme le pays, gardien d'une Liberté inaltérable.

En effet, pour ces juifs ashkénazes, venus d'Europe Centrale essentiellement, fuyant les pogroms de la Russie Tsariste de 1903 & 1905 la France représentait un Eldorado absolu. Ces espoirs les jetant sur les chemins de l'exil pour tenter de se soustraire à la terreur des heures sombres et leur quotidien de misère ; échapper à la montée xénophobe et antisémite qui a connu son apogée en 40-45 avec le régime nazi et l'extermination programmée non seulement de tous les juifs, mais aussi des roms, des homosexuels, des fous, des faibles, des vieillards, des handicapés et de tous ceux réputés comme non Aryens… bref le plus grand génocide de tous les temps avec un pic de six millions pour les plus touchés par la « solution finale » imaginée par Hitler : les juifs.

Avant cette extrémité, ils passeront par toute la gamme des stigmatisations possibles, connaitront la spoliation de leurs biens, les persécutions de plus en plus prononcées, les restrictions drastiques sur le droit des juifs, les lois et les décrets qui en découlent (interdiction de participer à des réunions, d'entrer dans certains magasins, de s'alimenter … de vivre tout simplement … en prélude au port de l'étoile jaune et des futurs déportations).

Cette histoire là n'est qu'une longue déchirure où l'histoire au niveau personnel et individuel se confond finalement avec l'Histoire avec un grand « H » et du mécanisme implacable qui s'est inexorablement mis en place au niveau collectif dès le début de la guerre en Europe.

Cette histoire primordiale pour l'auteur, pour les membres de sa famille, plus globalement pour eux, pour tous est un exemple fondamental car il est écrit sans acrimonie et sans colère. Il est posé là comme un constat sans jugement sur l'Histoire. Les faits, les souvenirs d'enfant et la figure emblématique d'Idiss constitue l'essentiel de ce texte.

Dans toute ces horreurs quelques touches de bonheur éclatent néanmoins: le temps des chocolats chauds, des jeudi-ciné avec deux films et les actualités.

Robert B. redevient un enfant pour célébrer cet hommage tendre et délicat. Il y met toute la mesure et la retenue nécessaire. Il nous livre un hymne à sa famille où ses souvenirs d'enfant sont parfois un peu vagues, un peu biaisés, mais souligne les plus important : L'amour filial, maternel, paternel (il reste sur la réserve pour parler de Simon – mais il livre quand même quelques bribes de bonheur dont a bénéficié Charlotte aux temps « heureux »).

Les photos en annexe et en fin de livre, anime le récit, donne un visage, une représentation concrète des personnages (on réalise que ce n'est vraiment pas une fiction – Même si on le savait déjà) l'humanise et le rend plus émouvant encore s'il est possible.

Une déferlante d'émotions m'ont assaillies à la lecture de ce bouleversant hommage à sa grand-mère disparue.

Le choix Cornélien auquel devra se livrer Charlotte n'est pas sans me faire penser au « Choix de Sophie » de William Styron. Choix déchirant qui se fera obligatoirement au détriment de quelqu'un…

Une bien belle écriture pour un récit à la fois triste mais quand même empreint d'immenses espoirs. Robert B. met en lumière une partie de sa vie, de ses souvenirs, du personnage de sa grand-mère et de son épopée à travers l'Europe simplement avec une véritable tendresse pour l''histoire d'une femme, son histoire.

Beau tout simplement. Merci M. Badinter…

Merci également aux éditions Fayard et @Netgalley pour cette lecture.
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date : 19-02-2017
Alors, je sais que je ne vais pas me faire des amis sur ce coup....Dites-moi, mais dites-moi pourquoi je persiste toujours à lire du Guillaume Musso ????? (À ne pas confondre avec son frère Valentin et son excellent « Murmure de l'Ogre »)...... Maso, moi ?? Mouais…. Probablement! Il semble aux vues des critiques que soit l'on adore, soit on déteste… pas de demi-mesure ! Et là, je n'ai pas aimé du tout... pire, j'ai eu l'impression de perdre mon temps et qu'en plus on se moquait de moi!

Alors, c'est vrai je cède toujours au phénomène de mode et me revoilà embarquée à nouveau dans des histoires extravagantes, abracadabrantes et complètement ineptes. « Allez cette fois c'est la dernière » me dis-je à chaque fois… et me voilà en train de chercher un plan pour me procurer « la fille de Brooklyn »…. Mais je m'égare ! Revenons à « l'instant présent » !

Cette histoire de phare des « vingt-quatre vents », qui vous fait « voyager » dans le futur pour ne finalement vivre qu'un jour par an et ce pendant 24 ans, je n'y ai malheureusement pas cru une seconde. Censé être fantastique ou magique c'est seulement invraisemblable et improbable.

On suit donc incrédules, les aventures d'Arthur entre Boston et New-York qui tente de briser la « malédiction » qui le frappe suite au non-respect des instructions de son père, qui n'est pas son père, de n'ouvrir la porte de la cave du phare dont il a soudainement hérité, sous aucuns prétextes. Où mène la curiosité ? Grand débat philosophique ! Mais non en fait !

Bref, On lit ça très très vite (quelques heures tout au plus) et on oublie vite aussi !! Cet opus est complètement décevant et le twist final ne suffit pas à redresser l'édifice.

J'ai la dent un peu dure ?? Surement, mais devant telles inepties rocambolesques je n'ai pas de mots. Je suis désabusé et atterrée. Pourtant il avait fait fort avec « Et après ? », « Central Park » ou « 7 ans après » mais là je trouve ça tellement peu plausible que finalement, c'est pénible à lire.

Mais, peut-être est-ce moi qui ai perdu ma candeur, ma capacité à « rêver » ou mon « âme d'enfant »? Mea culpa !
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Raz de marée ? Lame de fond ? Ce sont les premiers mots qui me viennent spontanément à l’esprit pour exprimer mon ressenti à propos de ce thriller aux accents du grand large et contre toutes attentes, j’ai été littéralement « emportée » dans cet univers. Pourtant pas ma « tasse de thé » à la base, ayant une phobie des milieux marins !

Alternativement embarqués dans l’Atlantique nord à bord d’un chalutier pour le présent puis « projetés » durant la guerre en Afghanistan avec différents « flash-backs » pour le passé. Un contraste saisissant et un grand écart permanent entre l’immensité de la « mer » et la brutalité de la « guerre ».

Après un prologue « choc », on passe à l’ile de Batz où une maison a entièrement brulée avec son propriétaire, Walter Colley, à l’intérieur. Puis retour sur le chalutier avec trois personnages centraux : Xavier, le SDF, Paul, le prêtre et Franck dont on ne sait pas grand-chose sur le moment… […]

Au départ donc, rien ne relie ces quatre hommes. Xavier ex-sergent du génie, Paul, aumônier des armées, Franck, ex-tireur d’élite et Walter, infirmer ; Tous quatre ont l’armée française et la guerre en commun. […]

Pour cet étrange équipage, composé de marins aguerris aux rudes conditions de la pêche en haute mer et de ces trois anciens militaires souffrant de Stress Post-Traumatique à la suite des combats, le tout accompagné d’un agent des services sociaux du Ministère de la Défense, le lieutenant Emily Garcia, ce sera loin d’être une croisière tranquille. L’enquêteuse des assurances rejoindra la croisière par la suite… mais ne s’amusera pas ! […]

Plume nerveuse, glaçante même (autant que l’est la mer du Nord) et redoutablement efficace. Sèche, brève, incisive et tranchante, elle fait ressortir à merveille le parallélisme que constitue la brutalité sauvage de la mer et celle de la guerre. Le style assez brusque, les successions de phrases courtes et percutantes transcrivent bien les esprits fracturés des « héros ». […]

Mise en route est un peu lente avec la « pose » du récit avec force détails pour les lieux et les personnages, mais ça permet de mieux les « visualiser » selon moi. On rejoint ensuite un rythme plus soutenu pour rencontrer de vraies scènes d’actions vers la fin : une recette correctement dosée à mon goût. J’ai juste trouvé le final un peu « capillotracté » …

Un grand merci @NetGalley et aux Editions Belfond pour cette belle découverte. Je m’en vais acquérir « IBOGA » de ce pas !
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date : 03-01-2018
Ça fait un an tout pile que j’ai ce roman dans ma PAL, sur ma liseuse. Et je me décide enfin à le lire après avoir entendu et lu pléthore d’avis favorables. Bien mal m’en a pris car après l’excellentissime « serre-moi fort » de Claire FAVAN celui-ci m’a semblé bien fade ! C’est d’autant plus fâcheux que le livre m’a pourtant plu, jusqu’à ….. l’avant dernière page !!

Pour le « pitch », deux époques alternent au cours du récit: le passé aux alentours de 1993 et le présent en 2015. D’un côté : Une mère, banale, atone et sans attraits particuliers, Sophie Delalande qui s’éprend d’un play-boy insouciant, sans foi ni lois, beaucoup trop beau pour elle. De l’autre : une fille, Hortense, que son père a enlevée brutalement à sa mère à l’âge de presque trois ans dans la première période.

Une mère, donc, qui n’a jamais perdu espoir et qui a continué envers et contre tout à chercher sa fille malgré le fait que la police n’ait trouvé aucun indice lui permettant d’avancer dans l’enquête.
Le présent enfin où Sophie se persuade d’avoir enfin retrouvé Hortense en la personne d’Emmanuelle, une jeune fille qui travaille dans un restaurant non loin de sa maison et qui peut avoir l’âge de sa fille.

Peu à peu on découvre au fil des chapitres ce qu’il s’est passé en 1993, puis les années d’incertitudes, d’errance, d’espoirs déçus, de souffrance, d’effacement de soi-même jusqu’à devenir une ombre pour Sophie qui n’a de cesse de retrouver sa fille.

Alternance des points de vue aussi, où l’on a d’un côté le récit de la mère, les procès-verbaux de dépositions de certains témoins dont on se doute forcément qu’ils ont dû assister à un drame, puis d’Hortense enfin, la fille, qui nous raconte « son » histoire… et ça marche à fond les gamelles !!! Le récit est habilement construit, les témoignages bien amenés et l’on est pris au piège, on y croit vraiment, on est captivé !

J’ai bien aimé la tension palpable qui se déroule au fil de la lecture, ce malaise, cette angoisse, sourde et oppressante que l’on sent poindre à tous les chapitres, le drame que l’on croit deviner maintes et maintes fois mais je suis restée comme deux ronds de flan avec cette fin qui me semble complètement aberrante. A la lumière de l’épilogue, on se remémore toute l’histoire et là commence les grosses interrogations auquel le livre ne permet pas de répondre. On se doutait que les personnages n’étaient tous pas si « sains d’esprit » qu’ils en ont l’air mais : Comment, pourquoi, comment se fait-il alors que, mais qui est-ce dans ce cas etc… et là on reste sur sa faim totalement. Une impression de frustration rétrospective donc qui a gâché pour moi tout le plaisir et le bénéfice de cette lecture. C’est tellement dommage !!

La psychologie des personnages était si bien décrite, l’écheveau se déroulait si bien… mais qu’avait-je donc pu imaginer, à quoi m’attendais-je ?? Je n’en sais rien, à tout, tout mais pas cette fin. J’ai été assez déçue je dois dire et l’épilogue (1 page) justifie à lui seul la note attribuée. L’impression de s’être « fait avoir » tout au long du récit… c’est le but affiché d’un thriller psychologique après tout ! Certes on ne s’attend vraiment pas à un « happy end ». Oui, d’accord, mais trop, trop de questions restent sans explications même en reprenant les fait un par un. Ça ne tient plus débout, rien ne se tient et les recoupements sont impossibles fautes de précisions. J’aurais même admis que ce soit la faute de Gégé à la limite tellement j’y crois pas !!!! …. Ou alors, j’ai loupé quelque chose ? Dîtes-moi, vous lecteurs attentifs …

Donc note de 3.5/5 mais déçue de devoir le noter ainsi.
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date : 12-07-2018
Alors l'idée de base est simple. Nous partons donc sur un banal échange d'appartement par le truchement d'une annonce sur un site internet. Idée apparemment pas super originale à priori puisqu'un bouquin ayant le même sujet de départ est sorti un peu avant mais suffisamment alléchant tout de même…

Francis et Caroline, habitant à Leeds en Angleterre vont venir en séjour « d'aération » dans la banlieue de Londres pour une semaine pendant que celui qui habite à Londres occupera leur appartement de Leeds. Et c'est là que le casse-tête va commencer. Car sait-on vraiment à quoi s'attendre et ce à quoi on s'expose ?...

Ce qui semblait être une bonne idée à la base pour Caroline qui veut donner une autre chance à son couple de survivre à la dépression profonde de son mari et sa dépendance médicamenteuse ainsi qu'à l'addiction qu'elle a finalement eu pour Carl, un jeune collègue de travail qui finira pas être son amant avant de se séparer de façon tragique apprend-t-on sans en connaitre la cause et les détails exacts, va s'avérer plus compliqué que prévu…

Les voilà donc à Londres, sans leur jeune fils Eddie, confié à sa grand-mère pour la semaine, dans une maison plus qu'étrangère pour eux. Elle va d'ailleurs paraitre à Caroline étrange dès le début, comme sans âme, sans vie. A se demander si elle est vraiment habitée habituellement… Puis petit à petit, certains détails sautent aux yeux de Caroline (un pull, un parfum, des fleurs), lui faisant soupçonner que Carl soit derrière cet échange qui ressemble soudain à une vaste machination.

Il en va de même pour cette voisine encombrante et un poil trop envahissante qui ressemble tellement à Caroline qu'elle la met mal à l'aise. Que peut-elle cacher ?

Soudain tout lui semble suspect et les détails qui semblent pourtant anodins aux yeux de son mari la ramène un peu moins de deux ans plus tôt, dix-huit mois exactement, date de sa rupture avec Carl.

Et qui donc, alors, est dans sa maison de Leeds ? Selon les indices, comme semé à dessein dans la maison de Londres, Caroline va porter rapidement ses soupçons sur son ancien amant ; soupçons confirmés par quelques e-mails échangés avec son « locataire » temporaire… Mais tout est-il si simple qu'il n'y parait ?

Alors c'est vrai, que l'histoire du couple est parfois un peu longuette, on s'étale un peu trop, parfois beaucoup sur le cas de Francis mais je pense que c'est aussi nécessaire à la mise en condition de l'histoire. Quant à Carl et Caroline, j'avoue avoir eu peur de sombrer dans la romance sentimentale qui est un genre que je n'affectionne pas particulièrement. Mais finalement on ne bascule pas dans la mièvrerie puisque les amours sont contrariées et compliquées, donc ça passe relativement bien et ça permet de développer la psychologie des personnages.

Et bien au contraire, les chapitres très courts, très rythmés alternant le point de vue de Caroline en 2012-2013 puis en 2015, de Francis en 2015 et du « locataire » temporaire de Leeds en italique, ne laisse aucun temps mort et le rend tout à fait agréable à lire, voire addictif.

Le personnage de Francis est assez bien creusé ainsi que celui de Caroline. On suit avec attention leurs péripéties de couple à la dérive qui tentent un ultime sauvetage par contre je n'ai pas ressenti d'empathie particulière pour l'héroïne elle-même. Elle semble trop introvertie, centrée sur elle-même voire égoïste, ce qui ne la rend pas vraiment attachante.

Un ressenti en mi- teinte donc, j'ai bien aimé ce roman sans aller jusqu'à être totalement emballée… le retournement final est assez « attendu » et le suspense s'est relâché bien avant la fin pour moi ; il n'en reste pas moins que cela me semble être une première publication assez prometteuse… à suivre donc…
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Alors franchement j'ai hésité grandement. Soit c'était une vaste fumisterie et ça n'était pas drôle du tout, du coup c'était totalement hors sujet et c'était consternant; soit c'était génial et drôlissime… Après réflexion, J'ai opté pour la seconde solution.

En effet, ce roman aux accents loufoques et décalés nous offre une vraie bouffée d'air frais dans le Paysage Littéraire actuel.

L'histoire est celle d'une petite ville de province dont les « experts » décrètent que la mer arrivera bientôt à ses portes en raison du réchauffement climatique. Afin d'aborder ce tournant historique dans les meilleures conditions possibles, la ville et son maire se dotent donc d'infrastructures adéquates : phare, port de pêche, plage, pontons etc…. Un magasin tourne à plein régime : le magasin « tout en suédois » dont on devine aisément de qui il s'agit…

Tout cela est décrit avec force humour et calembours plus ou moins « heureux » mais globalement hilarants. Nous suivrons les tribulations de Bogart et Miss Gable, d'Artaban et bien d'autres, au gré de leurs excentricités.
Improbable et invraisemblable on pense fatalement à Boris Vian sans pour autant qu'il y ait imitation. Non, Bertrand Menut a un style bien à lui qui peut plaire ou ne pas plaire. A mon avis c'est tout l'un ou tout l'autre : ça passe ou ça casse !!

Pour ce qui me concerne j'ai trouvé ça très rafraichissant par rapport à mes lectures habituelles que sont les thrillers bien noirs et bien glauques et j'ai accueilli cette « parenthèse » vivifiante avec le plus grand plaisir. Je recommande donc pour un "entre-deux"... ça délasse :-)
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date : 18-05-2018
Je viens tout juste de découvrir Gioacchino Criaco, cet auteur Calabrais qui parle de sa région d’Italie, de sa Terre et des dures lois qui la régisse : la loi du plus fort notamment, mais pas seulement….

C’est l’histoire de deux familles qui vivaient l’une en face de l’autre, en montagne, sur les contreforts du massif d’Aspromonte dans une région très fertile en Calabre: les Therrime, venus d’Albanie pour servir le roi Alphonse d’Aragon et qui habitaient le village de Coraci et les Dominici, habitent celui d’Ascruthia depuis des temps immémoriaux. Puis les eaux sont montées, obligeant les habitants à venir vivre dans la même ville, à l’embouchure du fleuve dans les jardins d’Allaro, près de la mer ionienne. Ces deux familles se haïssent depuis la nuit des temps, pratiquent la vendetta par respect des traditions ancestrales sans se poser de questions et suivent la loi du sang, comme une malédiction, le destin, le Fatum…

Ce nouveau « Roméo et Juliette » revu et corrigé par G. Criaco donne dans le roman noir, très noir. Roméo – Julien Dominici dans le roman – est devenu un tueur en faisant parler la poudre à la suite de son père et de son grand-père pour perpétuer des coutumes tant antiques que barbares. Juliette – Agnese Therrime dans le livre – quant à elle représente la famille « ennemie », celle avec qui les Dominici sont fâchés à mort. Leur amour donc impossible et contrarié par le frère d’Agnese, Alberto, sera un vrai chemin de croix que chacun des deux surmontera à sa manière grâce notamment à l’opiniâtreté et l’obstination d’Agnese à rétablir la paix entre les familles. Cette histoire fait penser à Mérimée, à Colomba, à la Corse aussi par la violence des sentiments et la tenacité de ces femmes solides et splendides qui rétablissent la force initiale du matriarcat dans une société pourtant dominée extérieurement par la loi du patriarcat.

En effet Agnese et Julien tombent amoureux lorsqu’ils sont ados puis se perdent de vue alors qu’ Agnese déménage puis se retrouvent quand finalement Julien écope d’une peine de prison après une condamnation pour plusieurs meurtres soi-disant commandités par la ’ndrangheta (la mafia calabraise) alors qu’il la hait profondément.

Julien cherchera à faire passer l’amour avant la violence pour finalement de replonger en elle comme une fatalité de son sang et de finir par céder à l’appel des sirènes de la vengeance. Il qui va croiser la route des Triades, la non moins crainte mafia chinoise. Ce parallèle entre 2 univers mafieux totalement différents démontre que la violence n’est pas celle d’un pays, d’une race, d’un sang, mais qu’elle est internationale à partir du moment où l’on considère que tout est question d’affaires et d’argent caché sous des prétextes d’honneur.

Alors revenons, sur ce titre, si bien trouvé :

- La soie, c’est celle des femmes qui la tisse sur leur métier au foyer, ces femmes qui tentent de tisser la paix entre les familles ennemies, les Therrime et les Dominici. Beaucoup de batailles et quelques victoires toutes gagnées par des femmes, par amour, toujours.

- Le fusil, est incarné par la colère des hommes, leur obstination à vouloir toujours la vengeance et réclamer un mort pour un mort. D’un côté la rivalité entre deux familles, Les Aigles contre les Loups qui pratiquent la vendetta de l’autre la mafia, vaste organisation qu’elle soit italienne ou chinoise…

L’histoire donc, résonne à plusieurs voix :

Celle du Gecko – le Gecko est un petit lézard - (Julien), de la Nymphe (Agnese), du Chiot (Alberto) et enfin le serpent (Tin – qui apparait plus loin dans le récit). Nous avons là, tous les points de vue, de chacune des « familles » et toutes une palette de sentiments forts s’en dégage : amour, amitié, haine, désespoir, mépris, peur…

Un roman vibrant et fort qui réattribue ses lettres de noblesse à cette région d’Italie, la Calabre et qui combat les préjugés et les idées reçues pour finalement transcender le pouvoir des femmes : un très bel hommage !!!
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Cette histoire de violence conjugale et de harcèlement morale résonne étrangement d'actualité en ces temps troublés par les plaintes en cascades qui pleuvent en ce moment de tous les coté de l'atlantique!

En effet ce livre raconte l'histoire d'Amandine Moulin qui a disparu mystérieusement tout à coup, mais seuls ses parents et sa sœur semble s'en émouvoir...Son mari Henry , brillant prof de lettre admiré de tous, n'a signalé sa disparition que plusieurs jours après celle-ci et il semble croire à l'hypothèse d'un suicide révélant les tendances dépressives de sa femme et du fait qu'elle aurait été "perturbée mentalement". il ne semble, ni troublé, ni soucieux, ce qui en fera le suspect n°1 dans l'enquête qui va s'ouvrir.

Cependant sa famille n'y croit pas car elle aurait laissé ses 3 filles, Zoé, Jade et Lola derrière elle; chose impensable pour ses parents, de même que pour sa sœur. Pour eux, et pour échapper à l'enfer qu'elle vivait avec son mari, elle trouvait une échappatoire dans son travail et dans la musique qu'elle passait à fond dans sa voiture les jours "sans".

Hervé Filipo, ex d'Amandine et chef de la police se débrouille pour récupérer l'affaire qui piétine et confier l'enquête à son meilleur limier: Yoann Clivel. Celui ci prend l'affaire au sérieux et creuse toutes les pistes possibles. Il fera même appel a un chien "renifleur" "Bestoff" qui le conduira au pied d'un pont où coule la Seine et où ils récupèreront son portable semblant confirmer la thèse du suicide.... ou du meurtre. Cependant aucun cadavre ne sera repêché... le mystère demeure donc entier.

Le livre est construit sur deux point de vue: celui de Clivel, l'enquêteur qui tente de remonter la piste et rassembler des preuves contre le mari qui est l'idéal suspect alternant avec celui d'Amandine qui raconte sa vie avant sa disparition. Ces flash-back donnant ainsi un éclairage nouveau sur son vécu conserve un rythme constant au récit et le rend agréable à lire.

En effet il s'avère qu'Amandine vivait un enfer avec Henry qui la harcelait psychologiquement et la faisait vivre dans la terreur constante en soufflant le "chaud et le froid". Pour autant Amandine lui trouvait cependant des excuses et tentait de lui donner d'autres chances de s'amender à chaque fois; elle tentait de retrouver les dix semaines de "bonheur" qu'elle avait connu au début de son union (quelques semaines en dix huit ans d'union!!!) pourtant à la fin, elle aurait souhaité le quitter mais n'en avait ni la force, ni le courage. Elle vivait sous emprise et se sentait dépendante totalement de Henry.

Thème actuel donc s'il en est, ce livre se lit bien et vite. L'auteur privilégie l'atmosphère qu'Henry a su instaurer dans le couple, au regard de l'image radicalement différente, charmante et attentionnée qu'il donne en public.

Si j'ai bien compris, l'inspecteur Clivel fait partie d'une série d'autres livres et c'est la raison pour laquelle on doit se pencher sur son histoire personnelle avec Alisha (ainsi qu'une aure histoire concernant l'un de ses acolyte). Cependant n'ayant lu que cet opus, je trouve ces considérations un peu superflues, mais je m'empresserai tout de même de lire d'autres romans de Natasha Calestrémé afin de confirmer (ou non...) la bonne impression que j'ai eu en lisant ce roman.

Mon ressenti est donc plutôt positif et j'ai envie de découvrir un peu plus cet auteure. Je tenterai bien "le testament des abeilles" ou "les racines du sang" pour compléter mon opinion.

En tous cas Merci Mme Calestrémé pour ce récit et ce sujet brûlant d'actualité sur la destruction d'un individu, de son mental, de sa confiance en lui et qui même réussi à le faire douter du rapport avec ses enfants et de sa santé mentale...Belle réussite que ce polar!!!
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date : 14-04-2018
Je voudrais ici saluer le travail de l'auteur pour avoir recueillie cette foultitude de renseignements sur la vie de Rubirosa, Ambassadeur de la République Dominicaine dans les années quarante-cinquante, sous la dictature de Trujilllo (Il fut d'ailleurs marié à la première fille de Trujillo pendant un temps, vers 1944).

Très attirée par ce sujet pour avoir entendu parler de celui qu'on surnomme « Rubi », lors du décès de Danielle Darrieux qui fut également mariée au diplomate un moment et pour avoir lu « La fête au bouc » de Mario Vargas Llosa récemment sur Trujillo ; j'étais donc curieuse de découvrir la vie de cet homme empreint d'une certaine légende et au passé si sulfureux…

Cependant, je dois avouer que la lecture de cet ouvrage s'est révélée très longue puis finalement pénible et laborieuse car excessivement riche mais noyée sous un excès de précisions, avec moult noms oubliés depuis longtemps et histoires qui ne disent plus rien à personne. C'est bien dommage, car le sujet est néanmoins intéressant et l'écriture est agréable mais il me semble qu'il ne touchera pas un néophyte car trop précis sur les détails. J'avoue avoir été un peu déçue par et très déçue d'avoir été déçue….

Il faut pourtant reconnaitre que Porfirio, tombeur de ces dames, diplomate de carrière a eu une vie bien remplie, mais surtout remplie de vide et d'affectations plus ou moins « louche » de Vichy (1940) à Berlin (1936) en passant par Cuba (1958-59) ou encore l'Argentine sous Péron (1948) ... officiant sous bons nombres de dictatures et notamment le régime fasciste nazi en France durant la 2nd guerre mondiale.

D'aucuns le soupçonneront d'espionnage ou de trafic de passeports pour Haïti dans une période très noire de son histoire où Trujillo accueillait les juifs fuyant l'Europe – et les « parquaient » à Sosua - , mais assassinait la population jugée « trop noire » d'un autre coté… d'autres pourraient le qualifier de simple « gigolo » qui profitait de son charme enchaînant les mariages parfois « éclair » (1 mois avec la milliardaire Barbara Hutton). Alors, qui était donc Rubirosa (celle de sa liaison scandaleuse avec Zsa Zsa Gabor)?

Joueur de polo, de courses de chevaux, pilote de jet privé, pilote de course et membre actif de la « jet-set » internationale, ce « multicarte » mystérieux au charme ravageur mais buveur invétéré finira hélas mal le 5 juillet 1965 au volant de sa Ferrari 250 GT, écrasé contre un arbre dans une ligne droite au Bois de Boulogne… suicide ? Simple accident ? Était-il saoul ? Les paris resteront à jamais ouverts faute d'avoir des preuves et des certitudes.

Alors est-ce vraiment de la non-fiction ? Oui et non. Difficile de la classer dans cette catégorie puisque ce n'est pas réellement une biographie à proprement parler. Car des preuves ils n'en existent pas vraiment beaucoup et c'est donc à partir de celles-ci (ou de leur manque) que l'auteur a reconstitué la vie de « Rubi » en partie réinventée donc ou du moins « interprétée ». Etait-il donc pertinent d'écrire une non-fiction sur la vie de ce diplomate ? A-t-elle un intérêt suffisant ? Je me pose sérieusement la question … Un « roman » eu suffit me semble-t-il, car enfin sa « vie » ne m'a pas « emballée » du tout ; je n'ai pas ressentie d'empathie pour lui, ni de compassion ou même une quelconque sympathie. Bref, encore une fois je souligne le travail de l'auteur, mais je n'en garderais pas un souvenir impérissable. Dommage !
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date : 20-02-2018
Le choix de la traduction française m'a un peu étonnée et interpellée. En effet, le titre original: "The Wicked Girls" se traduirait plutôt par "les méchantes filles" (ou mauvaises filles) car d'amitié il n'en est pas trop question tout au long du livre (sauf si on le considère rétrospectivement...).

L'histoire débute en 1986 avec Bel, une fillette de onze ans qui fait la rencontre de Jade, une autre fillette de son âge. Elles vont "trainer" ensemble une journée durant et cela se terminera par un drame qui nous est dévoilé petit à petit au fil des chapitres, entrecoupés d'autres chapitres où il est question du présent.

Un présent, vingt cinq ans plus tard, où Bel (pour Annabel) Oldacre est devenue Amber Gordon et Jade Walker, Kirsty Lindsay. Toutes deux tentent de reconstruire laborieusement leur vie après avoir été incarcérée dans des prisons pour adolescents difficiles chacune de leur côté. Depuis cette fameuse journée, elle ne se sont jamais revues et depuis leur libération conditionnelle respective elles n'en ont pas le droit.

Pourtant le hasard va faire que leur chemin va à nouveau se croiser dans la petite ville côtière de Withmouth en Angleterre. Amber y travaille en tant que responsable d'une équipe d'agents d'entretien du parc d'attraction local: "funnland". Elle y vit avec son petit ami, Vic (Victor) qui travaille lui aussi au parc d'attraction.

Quand une série de meurtres vont soudain s'y succéder, c'est tout naturellement que Kirsty va se retrouver à travailler sur l'affaire en tant que journaliste sans se douter que son passé va la rattraper au tournant plus vite qu'il ne faut de temps pour le dire.

Quant à Amber, en tant que témoin, puisqu'elle découvre l'un des meurtres, se retrouve bien vite au centre d'une tempête médiatique imparable lorsque son petit ami se retrouve bientôt suspect puis arrêté par les autorités.

Le passé ressurgit brutalement et pour l'une et pour l'autre qui pourtant se sont construit une autre vie avec mari et enfants pour Kirsty. Les deux femmes, attirées comme des aimants l'une par l'autre vont finir par se rencontrer secrètement (du moins le pensent-elles) dans un pub en ville. Amber/Bell découvrira ainsi que Kirsty/Jade s'est vu offrir une sorte de seconde chance en étant incarcérée dans une prison moins dure que la sienne et qu'elle a pu y poursuivre des études et passer un diplôme. Elle ressent cette différence comme une terrible injustice et en nourrira du ressentiment à l'égard de Kirsty.

Finalement les meurtres en série qui sont perpétrés dans le présent ne servent que de prétexte pour y développer l'autre histoire, celle de deux adolescentes qui ont commis (Les deux sont-elles coupables à égalité?) un meurtre sur une autre fillette de quatre ans. Quant à l'histoire de Martin et Jackie, ils sont là aussi en "fioriture" mais n'apportent pas de "plus" à l'histoire sauf à la toute fin, où la encore l'un des deux servira de prétexte...

On assiste aussi à l'ébauche d'une réflexion sur le rôle des journalistes (l'auteur sait de quoi elle parle puisqu'elle est elle-même journaliste - Serena Mackesy de son vrai nom). Leur devoir "d'information". Où s'arrête l'info, où commence la manipulation des faits? qu'en est-il de l'objectivité journalistique? de l'éthique et de la morale? Quand la chasse au scoop devient une "traque" pure et simple (coupable ou innocent peut importe du moment qu'il y a un "responsable") qui annonce l'hallali générale? Le harcèlement journalistique y est bien décrit et m'a beaucoup intéressée.

Quant au final, il m'a étonnée, car je n'avais pas envisagé cette option, et l'ensemble du bouquin m'a bien tenue en haleine, même s'il n'y a pas de véritable mystère sur le serial killer et pas vraiment d' enquête ni de twists impressionnants à couper le souffle. C'est un bon petit roman qui se lit vite et bien, mais qui n'est pas mon coup de cœur de l'année! Il reste néanmoins agréable à lire et offre une sorte de "récréation" entre deux polars/thrillers plus hards et plus durs. Merci pour ce moment de détente Mme Marwood!
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date : 08-02-2018
J'avoue avoir acquis ce livre « à cause » de (ou « grâce à », c'est selon…) sa magnifique couverture, mystérieuse et évocatrice mais je dois dire qu'il n'a rempli ses promesses qu'à moitié et finalement je ressors de l'aventure avec un avis très « mitigé »….

Tout commence sur les chapeaux de roue : un hôpital psychiatrique, un cadavre, une mort suspecte, une inspectrice avec des problèmes dans sa « life »… ça démarre fort et bien !! … le dit « mort », se serait étranglé lui-même… un suicide ? Peu plausible (car enfin, peut-on raisonnablement se serrer la gorge soi-même suffisamment fort jusqu'à strangulation complète ??) comme le souligne le légiste, qui diagnostique plutôt un arrêt cardiaque suite à une « très très grosse frayeur »… de quoi a-t-il bien pu avoir si peur ? le suspense est total, et l'enquête commence bien…

Sarah Geringën, qui vient de se faire méchamment larguer par son cher et tendre va se lancer à corps perdu dans l'enquête sur ce curieux patient de l'hôpital psychiatrique norvégien de Gaustad qui a une bien étrange inscription sur le front et dont personne ne semble se souvenir d'où il vient. le patient « 488 » ainsi surnommé à cause de cette fameuse inscription, qui couvrait sa chambre des mêmes graffitis inlassablement sans que personne ne sache ce qu'ils signifient, va les emmener de Norvège, à Paris, puis à Londres, sur l'ile de l'Ascension, aux États-Unis dans le Minnesota et même à Nice pour le retour en France! A Paris, elle y fera la rencontre de Christopher, journaliste d'investigations et de terrain avec qui elle continuera l'enquête et quelle enquête !!

Ça tourne carrément au « James Bond » où les héros ne mangent jamais, ne dorment pas et continuent à se battre malgré les coups et la douleur. C'est simple, ils sont « increvables » !! de vraies « machines de guerre » !! Et même s'ils ne sont pas tous formés pour et bien ça n'est pas grave, ils sont « trop forts » quand même !!.... même « mort », ils ne le sont pas !!!! C'est tout de même parfois un peu « gros » à avaler mais qu'importe ; pas de temps mort, ça bouge, il y a de l'action (plein d'action), des courses-poursuites à la limite de la crédibilité, un chouïa de romance, beaucoup de déduction, un brin d'ésotérisme, des expérimentations pseudo-scientifiques : donc, tout y est... Justement c'est là que le bât blesse, il y a trop de tous les genres en fait… polar nordique, espionnage, chick-lit, roman cabalistique, dark romance. On se croirait dans un film en cinémascope (on voit là le côté « scénariste » de l'auteur qui ressort bien)…

Oui….. Oui mais voilà, la fin m'a beaucoup déçue et n'est pas du tout à « la hauteur » du bouquin à mon sens. C'est un peu comme un soufflé qui serait « monté » à la cuisson, puis serait retombé brusquement d'un coup, à sa sortie. Ça m'a fait quasi le même effet. La tension monte petit à petit au fil des pages et on y prend plaisir …. pour redescendre d'un coup à la fin. Plaffff !!! Comme « un plat » à la piscine !

Quand Sarah arrive à l'H.P., le thriller prend une bonne tournure, quand elle rencontre Christopher, le frère de celui qui a mis « le feu aux poudres » finalement, on commence à « tiquer » ; quand intervient une histoire de tout-vilain-pas-beaux de la CIA avec leurs expériences et leurs méthodes plus que douteuses, on se dit que ça devient « too much » avec le côté « factice » des bagarres à l'américaine… et la fin, servie comme un feu d'artifice avec un bouquet « final » d'enfer reste malgré tout « convenue » (comme un scénario bien rodé, typographié et réglé à la virgule près) et m'a laissée un peu de marbre. Vraiment dommage car j'avais été emballé par la première partie consacrée à l'univers psychologique et psychiatrique. Je n'en garderai malheureusement pas un souvenir impérissable !
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Un manga qui a l'ambition de se hisser au rang de thriller ? Voilà une idée qu'elle est excellente! Et qui relève le défi avec brio à mon sens...

Et, dire qu'il y a à peine 3 mois, je n'avais encore pas mis le nez dans un seul Manga souffrant de préjugés ineptes et débiles en la matière (croire par exemple, entre autre, qu'il ne s'agissait que de « bagarres » entre bandes rivales ou de « pikachu » et autres bêbêtes semblables). Et puis, me mettant en quête pour remédier à cette grossière erreur de ma part, j'ai « plongé » avec le « Death Note », « 20th Century boys » et autre « Fairy Tail »… et je ne le regrette vraiment pas !...

J'ai donc ouvert avec beaucoup de curiosité ce bel exemplaire de « Muséum T1 : Killing in the rain » (mention spéciale pour la couverture qui nous dévoile ….. la tête de l'assassin !!!!..... il est édité en 2 volumes pour cette édition) et je l'ai trouvé vraiment très agréable à lire, très bien structuré et formidablement rythmé. Il n'y a absolument aucun temps mort dans ces aventures et ça commence très fort avec un meurtre dès les toutes premières pages !

En effet, une femme est retrouvée déchiquetée par des chiens enragés. Violent comme commencement et les dessins sont très crus aussi. Alors on est tout de suite dans «l'ambiance ».

Evidemment dès le deuxième meurtre, où le type se fait découper en morceaux, on ne peut s'empêcher de penser à « Seven » (le film ou le livre au choix) avec ces rituels qui semblent être la signature du sérial killer : un mot déposé non loin des victimes et qui énonce chacun une « sentence » différente. Par exemple, le premier c'est « la sanction de la pâtée pour chien », le second « la sanction pour comprendre sa mère » etc… Tout cela se passe sous une pluie battante, omniprésente et lancinante. le tueur en série agit sous couvert d'un déguisement à tête de grenouille pour le moins saugrenu mais surement pas dénué de signification…

De l'autre côté nous avons les enquêteurs qui piétinent ferme sans autres indices que les mystérieux messages laissés à proximité des victimes, rien à se mettre sous la dent et notamment de lieutenant Sawamura (plutôt beau gosse, ça mérite d'être souligné) qui va se retrouver personnellement impliqué dans l'histoire malgré la désapprobation formelle de sa hiérarchie suivi le fidèle sergent Nishino qui le seconde vaillamment. Sawamura qui n'est pas alcolo (comme la plupart des flics dans les romans policiers classiques) mais qui traine quand même son lot de problèmes avec sa famille parce que trop investi dans son travail. Je n'en dirais pas plus, pour de ne pas spoiler l'histoire…

Au niveau des dessins, Riôsuke Tomoe s'en donne à coeur joie dans les détails (on ne s'en lasse pas) qui sont pour le moins « parlant » et quelquefois voire même un peu « gore » mais cela donne un réalisme sidérant à l'histoire ainsi qu'une mise en scène saisissante. Les scènes sont remarquables de précisions et les plans sont judicieusement assemblés et nous réservent une foultitude de surprise tout au long des épisodes (initialement publiés dans une revue spécialisée de Mangas à destination de jeunes adultes).

Le suspense est savamment dosé et ménagé et même si ça commence très vite par deux meurtres, le mobile n'est reste pas moins mystérieux jusqu'à la fin…. Où il n'est pas résolu non plus puisqu'il y aura un second tome…. Que j'attends de pied ferme avec une impatience que je n'essayerais pas de dissimuler !!!

Noter que cette édition comporte à la fin un chapitre supplémentaire intitulé « Solitude au Ministère public » qui met en lumière certains éléments du début de l'histoire, à postériori donc… pas vraiment indispensable pour la compréhension de l'histoire mais qui enrichit quand même le premier chapitre.
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Ce chef d’œuvre de la littérature américaine a été largement inspiré de faits réels et bien que les personnages n’aient pas tous effectivement existé, il n’en reste pas moins que les plus étonnants, tel Lady Chablis (Brenda Dale Knox, de son vrai nom), la Drag-Queen, sont bien réels (elle a même joué son propre rôle dans l’adaptation cinématographique de 1997).

Ce livre, publié en 1994 par John Berendt (qui n’a écrit que deux romans avec « la cité des anges déchus » qui se passe à Venise) a figuré au box-office du New-York Times pendant quatre ans et demi, a une histoire pour moi. En fait à la base, j’ai visionné le film réalisé par Clint Eastwood et je n’avais pas aimé du tout l’interprétation qu’il en avait faite. Mais comme je suis têtue et curieuse, je voulais savoir pourquoi je n’avais pas apprécié le film : j’ai donc acheté le bouquin. Et là, révélation : ça m’a beaucoup plu ! Alors quoi ?? Bon, je ne vais pas égrener les différences entre le film et le livre, il suffira juste de dire que la fin est différente et que les coups de projecteurs donnés dans le film sur tel ou tel détails sont différents du bouquin.

Pour ce qui est du livre, l’histoire se passe donc à Savannah, dans un petit état du sud-est des États-Unis, en Géorgie dans les années 80. La vie s’y écoule tranquillement parmi les 22 squares typiques que compte la ville et le long de ses belles avenues bordées de maisons à colonnades cossues du vieux Sud et plus particulièrement à Mercer House, riche villa d’un antiquaire de la ville, Jim Williams où doit se dérouler une somptueuse réception pour la fête de Noel, comme tous les ans et où toute la ville se bat pour figurer sur la liste des invités. Le journaliste John Kelso est envoyé par sa rédaction pour y couvrir l’évènement.

Le livre, à travers le regard de ce jeune journaliste new-yorkais, tient aussi bien du roman que de la chronique et la galerie de portraits que nous décrit Berendt est impressionnante, riche, fournie et haute en couleur. Elle nous plonge dans l’atmosphère et la touffeur de la ville, au cœur de la haute bourgeoisie de Savannah, monde centré sur lui-même, codifié à l’extrême et rigide où la façon de paraitre est plus importante que la vérité et qui va être ébranlée par l’assassinat de Danny Hansford à la suite d’une violente altercation avec Jim Williams. En effet, ce dernier est arrêté et accusé du meurtre de Danny, jeune gigolo frondeur et indiscipliné avec lequel il aurait eu une liaison. Jim qui représente la vieille élite polie, distinguée et sulfureuse plaide la légitime défense et soutient que Danny n’était qu’un employé à mi-temps. Quatre procès s’en suivront et une bataille juridique s’engagera alors entre John, l’avocat de Williams et l’accusation.

Alors, on peut se demander si le sujet central du livre qui est ce fait divers ayant défrayé la chronique de l’époque n’est réellement que cela ? Pas vraiment et je dirais qu’il s’agit plutôt d’un prétexte car c’est l’occasion pour l’auteur à travers les descriptions des différents personnages rencontrés au fils de l’histoire de nous parler du Sud, de la bourgeoisie qui y siège empêtrée dans le carcan de ses traditions ancestrales et de toute une galerie de personnages interlopes aussi fascinants qu’énigmatiques ; tel Lady Chablis, donc, vedette de cabaret, Joe Odom, un riche oisif, Minerva, la prêtresse vaudou qui explique que Minuit, l’heure des morts, est l’heure qui sépare la magie blanche (une demi-heure avant minuit et la discussion positive avec les morts) de la magie noire (une demi-heure après minuit où les morts se vengent des vivants), M. Glover qui promène un chien fantôme/imaginaire, Luther Driggers qui se balade avec une fiole empoisonnée dans la poche en menaçant la ville entière et bien d’autres. C’est drôle, tendre, touchant, mystérieux, romantique envoutant, surprenant mais aussi cruel et sans pitié ; ça foisonne de mille et un détails sur la vie dans le Sud et qui transcrit surtout une « atmosphère » imprégnée de mystère traduite par la lumière filtrant à travers les arbres, les squares entourés de vieilles demeures Georgienne style rococo Second Empire, Colonial ou encore Régence ou Victorienne et l’on y surprend l’accent trainant et lent du Sud ainsi que la musique de jazz présente partout. Une atmosphère où les morts ne semblent pas vraiment morts, où les cimetières inspirent plutôt la flânerie et où l’étrange « fille aux oiseaux » est devenue désormais l’icône de Savannah.
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Voilà un livre fort sympathique sur des gens qui le sont…. Plus ou moins… Il ne s'agit pas là d'un livre « politique » en soi mais plutôt sur les « acteurs politiques » qui tiennent le « haut du pavé » actuellement soit au niveau des médias soit au titre de leurs fonctions.

L'auteur brosse un portrait de chacun des politiques "en vue" actuellement, allant de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par toutes les nuances qui existent entre les deux. [...]

Mais tous, vraiment tous sans exception et c'est un secret pour personne, ont une chose en commun : Ils ont les dents qui raillent le parquet !!! Et pas qu'un peu!...Certaines canines plus érodées que d'autres mais quel que soit le parcours, l'ambition demeure ou émerge. [...]

Le livre est découpé en dix-huit chapitres courts (consacrés parfois à une seule personnalité, parfois deux, voire trois pour d'autres) qui se veulent « objectifs ». Nous sommes donc là, sur des « constats » plutôt que sur des critiques. Pas d'anecdotes « croustillantes » donc, nous ne sommes pas dans ce registre-là. [...]

Alors finalement, mieux vaut-il mieux être un « vieux de la vieille » à qui « on ne la fait pas » ou un « jeunot » pétrit de bonnes (?) intentions, avec des idées neuves et encore « frais » dans le circuit? [...]

Un grand merci à l'auteur pour ce livre intéressant, aux Éditions l'Archipel pour la découverte de cet univers impitoyable !!!!.....

​Critique complète sur mon site:
https://www.bouquinista.net/vieux-renards-et-jeunes-loups-metez
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Ce livre est arrivé sur ma liseuse quasiment en même temps (à quinze jours d’intervalle) que l’on apprenait la mort de Karl Lagerfeld. Opportunisme ? Certes non, puisque l’ouvrage avait été préparé bien en amont. L’auteur avait d’ailleurs consacré auparavant un documentaire sur le couturier : « être et paraître » pour l’émission de Laurent Delahousse « un jour, un destin » que je vais tenter de visionner au plus vite, tant le sujet a piqué ma curiosité !

Ce travail remarquablement bien documenté est essentiellement composé de témoignages d’amis et de proches qui l’ont côtoyé d’assez près pour donner quelques détails sur sa vie personnelle et intime. L’auteur se livre à une interprétation de certaine de ses « poses », ces « attitudes » et nous invite à entrer dans les coulisses de la Légende…

Alors, comme tout un chacun j’imagine, j’ai bien sûr entendu parler du « Pape » du prêt-à-porter de luxe. J’ai en tête son look particulier avec son catogan poudré, son accent typé au débit d’enfer, et son aura dans le milieu de la mode. Mais je ne me suis jamais intéressée de près à cette personnalité ni vraiment documentée à son sujet. C’était donc le moment de combler cette lacune ! Le livre qui « tombe à pic », quoi !

On apprend beaucoup de détails dans ce livre de Laurent Allen-Caron sur le personnage de Lagerfeld et sur sa vie. L’auteur ne fait pas de « révélations » fracassantes et ne donne pas dans le « sensationnel » à la « Voici » mais aborde les principaux évènements « factuels » qui ont jalonnés la vie de ce styliste et dessinateur de génie. Son enfance en Allemagne, ses parents, sa mère surtout (Il donnait une image de sa mère, stricte à l’extrême, égoïste et dure mais qu’il respectait et admirait profondément. Une image que l’on suppose trop exagérée, une description dont il aurait forcé le trait à l’extrême), sa venue à Paris, ses débuts, son ascension dans le milieu de la mode, Chloé, Chanel donc il était le directeur artistique, Fendi puis sa marque « KL » et bien d’autres (une vingtaine de marques en tout).

Mais l’auteur s’attache surtout à nous décrire l’homme qu’était Karl, ses peurs, ses obsessions, ses antagonismes, son amour et sa fidélité pour Jacques de Bascher, son amitié avec YSL qui s’est tournée en concurrence et presque à l’affrontement puisque ce dernier était tombé amoureux de l’amant de Lagerfeld… Et Bergé n’appréciait pas, mais alors pas du tout !

L’auteur souligne la rigueur extrême dont faisait preuve le couturier, la solitude de ce « bucheur » infatigable. Cet homme qui s’enfermait dans sa tour d’ivoire même s’il se mêlait volontiers à la vie turbulente et « tape-à-l’œil » de sa bande d’amis dans le milieu interlope de la Jet-Set. On note qu’à l’abri de ses lunettes noires il était plus spectateur qu’interprète.

En se servant des détails de la vie du couturier, l’auteur nous raconte comment Lagerfeld a entièrement « construit » son image avec divers accessoires (les célèbres lunettes noires, l’éventail, les bagues, les mitaines en cuir) et entretenu par des propos très vagues et volontairement énigmatique (comme sa date de naissance, toujours inconnue - ses biographies commencent toutes par : « probablement né… ») et le mystère entretenu autour de son enfance en Allemagne nazie.

Cet homme à la créativité débordante, voulait vivre constamment dans le présent mais dans un décor du passé, dans une époque qui n’existait plus, une époque à jamais perdue. Il s’est d’ailleurs attaché à reconstituer dans ses différentes propriétés, l’atmosphère de l’entre-deux-guerres dont il semblait être nostalgique. Une de ses contradictions la plus frappante.

Laurent Allen-Caron nous raconte comment KL a façonné sa « légende » et a trouvé une façon de laisser une trace après lui en créant le « Mythe Lagerfeld » de toutes pièces. Cette icône de la mode a tout au long de sa vie orchestré et soigneusement mis en scène des zones d’ombres réelles ou inventées de manière à exercer une certaine fascination sur les autres. Sa vie suscite en effet, nombres d’interrogations sans réponses et a fait naître de folles rumeurs… Cabotin à souhait, ça l’amusait énormément de brouiller les pistes et de laisser planer des équivoques qui alimentaient les potins mondains et les suppositions qui ne manquaient pas de fleurir dans les tabloïds … Il réécrivait sans cesse son histoire au gré de sa fantaisie…

On découvre surtout dans ce livre, au détour des phrases, un être très sensible et terriblement « humain » qui voulait surtout se forger une carapace et qui ne dévoilait pas son regard de peur de paraître « trop gentil ».

Alors, avec cette armée d’artifices qu’il déployait pour tenter de paraître « différent » on se pose la question : que retiendra-t-on du « Kaiser de la mode », qu’aura légué ce « roi » de la confection de luxe, à la postérité ? Des fabuleuses « collections » haute-couture et surtout, une « silhouette » unique et à jamais célèbre dans ce milieu, lui qui n’a pour seule héritière, que sa chatte « Choupette » !

Alors, ce livre est un succès total pour moi car il répond à deux de mes critères principaux pour en faire une lecture réussie : m’apprendre quelque chose de nouveau [le monde de la mode] et faire que je cherche à approfondir le sujet en visionnant des vidéos et lire d’autres livres sur le personnage de Karl…

Un grand merci donc aux éditions Fayard et @NetGalley pour cette découverte plus qu’intéressante !
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C'est bien connu : on désire toujours le contraire de ce qu'on a, c'est le syndrome de « l'herbe plus verte dans le pré d'à côté » : les cheveux frisés rêvent d'être raides et vice et versa, les yeux bruns voudraient être bleus ou verts mais surtout pas bruns. le pauvre envie le riche (rarement le contraire cependant !!) en pensant qu'il a forcément une meilleure vie (plus confortable matériellement c'est sûr, mais il y a toujours des conditions suspensives) suscitant, jalousie et obsessions.

Dans ce cas précis, il est question de deux jumelles à la vie et aux caractères diamétralement opposés :

Alice, a fait de brillante études et est devenue professeure (de philo). Belle, émancipée, rebelle à tout et à l'autorité, sure d'elle jusqu'à l'arrogance, elle manie volontiers le cynisme, le sarcasme et l'humour cinglant. Elle a fait de Nietzsche son « maître à penser », c'est peu dire!!

Élève laborieuse, Célia, a quant à elle, suivi l'école de la vie » en faisant ce qu'on attendait d'elle : se marier tôt, avoir des enfants et mener une vie de famille calme et sans histoires. de caractère plus réservé, Célia a vécu sous l'emprise et la dépendance de sa mère, puis sous celle de son mari.

Alors Célia, la sage mère au foyer, versus Alice, la rebelle, l'insoumise ? Y-a-t-il matière à devoir faire un choix ?

Deux parties distinctes se dégage dans le livre :

La première partie avec le présent ; c'est le point de vue d'Alice sur sa soeur et sa vie. Alice pense que Célia mène une vie « facile », une vie de rêve : entourée et aimée et surtout sans contraintes matérielles.

On s'aperçoit, contre toutes attentes, qu'Alice jalouse de manière compulsive la vie de sa soeur. Jalousie qui confine à la haine. La libre et frondeuse Alice, en quête éperdue de reconnaissance de sa mère, rêve d'un cadre de vie aisé, mais rêve-t-elle vraiment pour autant des responsabilités qu'une vie de famille imposent ?

Convaincue de la nécessité de détruire « l'autre » pour pouvoir exister, que « la raison de plus fort » fait loi, se substituer à son doute pour être « révélée », elle affiche une réelle volonté d'être « mieux » voire « unique ». Usurper l'identité de l'autre, prendre sa vie. Pour « exister » faut-il « tuer » « l'autre » et prendre sa place ?

En psychanalyse, on en parle mais de façon abstraite. Dans ce roman, on passe à du « concret » et alors Alice nous apparait rapidement insupportable, détestable, égoïste et sans aucuns scrupules.

La seconde partie avec le passé sur la vie de Célia, vu par Célia au travers de son journal intime où l'on découvre « l'envers du décor ». Celle-ci voyait la gémellité en termes de complémentarité, comme les moitiés formant un tout.

Spoiler(cliquez pour révéler)
La pauvre Célia n'est entourée que de gens mesquins et subit la goujaterie de son mari, mais aussi de la « bande d'amis » qui les entourent. Dédain et sarcasmes de la part de la belle-mère et belle-sœur, les rebuffades sont son lot quotidien. Elles ne perdent aucunes occasions de la rabaisser. Tout n'est qu'hypocrisie et faux-semblants.

Alice réalise alors, qu'elle a « idéalisé » la vie de son « autre » elle-même…. On est toujours attiré par son contraire, comme je le disais au début.

Le livre fait de fréquentes références à « Alice au pays des merveilles » et à l'autre côté du miroir, au fait de devenir l'autre, de se fondre en elle. Devenir les deux à la fois… le reflet l'une de l'autre ou son ombre comme le titre en fait référence.

En psychanalyse et selon Carl Gustav Jung « L'ombre peut être définie comme notre double inversé, celui ou celle que nous aurions pu être, mais que nous ne sommes pas. C'est notre face obscure, elle contient l'ensemble des traits de caractère qui n'ont pas pu se développer dans notre personnalité. Elle symbolise en quelque sorte notre frère jumeau opposé qui est caché dans les profondeurs de notre inconscient” [Réf.: Wikipédia].

Ici, les jumeaux sont réels et la dualité intériorisée dont parle Jung, se traduit par le meurtre réel de l'une d'elle. de plus, le « crime », même s'il est accidentel, est aggravé par le fait qu'Alice jette le corps de la falaise et prend la place de sa sœur. Alors qu'en psychanalyse on parle de s'affranchir symboliquement de son autre, dans le livre on passe de l'empirique au réel.

On pourrait aussi trouver matière à moult réflexions transcendantales sur le thème du « miroir » et du « double » … mais trêve de psychanalyse !!! le tout dernier chapitre est « étonnant » sans être renversant mais c'est un excellent thriller domestique dans la veine des Shari Lapena, AB Paris et autre B. Abel…

Un grand merci aux éditions de l'Archipel et @NetGalley pour la découverte de ce thriller psychologiquement bien travaillé!
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J’ai attendu que la surexposition médiatique autour de la sortie de ce livre retombe un peu pour tenter de produire un avis plus objectif loin de l’effervescence provoquée par d’éventuels détails croustillants que le fils Delon aurait pu révéler. Il est vrai que j’ai postulé pour la lecture de ce livre sur la foi du nom affiché ; non pas pour en apprendre plus sur le père, non, mais pour découvrir ce que le fils avait à dire justement. Aucune déception de ce côté-là.

Ce premier roman d’Alain-Fabien est donc une fiction [revendiquée haut et fort] et toute ressemblance avec des personnages ayant existé serait évidemment fortuite…blablabla. J’ai dû néanmoins me faire violence absolue pour éviter les parallèles et les raccourcis et réussir à m’extraire du contexte particulier de cette famille archi-connue! D’ailleurs, Alex Delval (A.D…) ne fait rien pour nous aider à nous déconnecter de la réalité. Est-ce un jeu, volontaire ?

Pour le récit, l’auteur raconte son histoire à un psy qui l’a emmené à son cabinet à la suite d’une bagarre dans une soirée entre ami(e)s d’où découlera de graves conséquences. En parallèle l’auteur doit passer un bout d’essai, un casting de rêve pour un premier grand rôle au cinéma. Il s’interroge sur sa légitimité à le faire à travers une réflexion intérieure qui doit aboutir à une prise de décision (et de conscience). Peut-il marcher dans le sillage de sa « star de père » aux reflets si aveuglants, sans se brûler les ailes, tel Icare ? Saura-t-il s’en détacher, se singulariser ? Pourra-t-il « crever l’écran » ? Telle est la question centrale de ce livre où « oui/non » s’affrontent violemment et les doutes sont légions. Pourrait-il supporter un échec cinématographique en fait?

Pour ce qui est du contenu, un torrent de sentiments bruts se déverse dans cette œuvre : un déchainement de haine, d’exaspération, on y perçoit intensément la peur de l’ire paternelle, des menaces de représailles, des querelles. L’auteur apparait très en colère et en conçoit de l’aigreur. On perçoit l’irritation, l’agitation, le dépit ; il est furieux, il fulmine, il a du ressentiment, de la hargne, de l’animosité, un courroux immense contre son père surtout, mais aussi la mère, les amis, sa petite amie, le monde entier !

Tout s’accumule, indignation, rage, désir de vengeance. On ressent son agressivité de plein fouet, sa rancœur, son emportement. Il est en rupture totale avec son entourage. Il perçoit la défection des parents comme un reniement. Son sentiment d’abandon est criant. Il en conçoit un profond désarroi et une solitude difficile à supporter à un tel âge, induisant un sentiment de vide abyssal et d’insécurité l’amenant à commettre des incartades et des extravagances de plus en plus conséquentes. Une grande fuite en avant dans les abus "classiques", amenant folies, débordements et outrances, mêlant divers alcools, drogues et autres médicaments engendrant une violence devenue "ordinaire".

Le vrai sujet c’est « comment parvenir à exister » à l’ombre de cette silhouette imposante et écrasante que représente sa « star de père », d’un monument, d’un mythe ? Ce livre relate les difficultés à se positionner par rapport à un père qui occupe au sens propre comme au figuré, tout le devant de la scène ! L’auteur exprime son ambivalence totale, à la fois l’admiration, le rejet, la haine. Cri de haine teinté d’amour et appel à l’aide.

Tout le livre illustre juste cette interrogation en donnant des exemples concrets de faits amenant tous les excès, les doutes, les égarements, les manquements… Comment « tuer le père » comme on dit en psychanalyse, s’en détacher sans sombrer ? Vous savez cet être que vous admirez mais qui prend toute la place, qui est tellement exigeant et intransigeant, autoritaire, intraitable, implacable à donner le vertige, qui vous fait douter de vous-même surtout à 18 ans…

Il s’agit d’un véritable récit cathartique, un défoulement qui se veut libérateur voire rédempteur. C'est l'histoire d'un "écorché vif" à la sensibilité exacerbée. Un être sur la défensive, à fleur de peau, en quête d’amour et de respect de son ainé.

Sur la forme, la stratégie de l’éditeur me pose problème : Pourquoi avoir écrit « DELON » en aussi gros caractères sur la couverture puisque le fils rêve « d’exister » par lui-même et pour lui-même ?
Pourquoi donc « user » de la notoriété d’un nom qui est apparemment si difficile à porter. Je soupçonne une stratégie marketing soigneusement « pensée et orchestrée ».

Mettre en avant le titre et non pas le nom eut été peut-être moins « vendeur » mais plus authentique. Cet artifice décrédibilise le contenu à mon sens et c’est dommage. Pourquoi mettre une photo qui ressemble au père s’il veut tant se démarquer ? Difficile de s’affranchir de la célébrité familiale, mais elle peut quand même servir… il est difficile de faire la part des choses entre réalité et fiction ; ambigüité savamment entretenue tout en niant toute similitude. Peut-on parler de bio-fiction ?

Pourtant le fils a un véritable, talent d’écriture, certes jeune mais indéniable. Son écriture est vive, saccadée mais néanmoins fluide ; son style dépouillé à l'extrême, aéré et délié voire télégraphique confine à l'essentiel; le tout sans artifices ni exercice de style inutile. Le débit des phrases est pourtant haché, donnant une structure de phrase heurtée, fracturée. Cela évoque un style enfiévré, très direct et rapide jusqu'à la névrose, une intensité bouillonnante.

Cette spontanéité brutale, impulsive et nerveuse est finalement désarmante. L'écriture frénétique semble "jetée" sur les pages dans l’urgence tel un attelage dont les chevaux seraient devenus fous; On sent affleurer l’impatience et l’instabilité de la jeunesse, un maelstrom d'émotions, tumultueux, incommensurable. Un talent certain pour la narration et un style incisif, un beau coup de plume ! Merci Monsieur.

Pour finir, je referme ce livre sur une excellente impression du talent littéraire du fils. Reste pour moi à visionner son film tourné en 2013, voir ce qu’il en ressort. Mais je recommande avec enthousiasme cette lecture et je remercie Les éditions Stock et la plateforme numérique NetGalley pour cette découverte très intéressante et prometteuse.
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