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Je l'aurais reconnu n'importe où.
- Phèdre ?
Sa voix. La voix de Joscelin, émue et incrédule; j'y entendis l'espoir qui veut croire contre tout espoir et mes yeux s'emplirent de larmes. Je fis un pas puis un autre encore; je tentai de dire son nom, mais ma voix brisée demeurait bloquée dans ma gorge. Puis il se mit à courir, courir jusqu'à être enfin là devant moi, et ses mains me saisirent, fortes, puissantes et vivantes, et l'instant d'après je me retrouvai dans les airs, portée par ses bras, les yeux baissés sur son regard incrédule. Riant et pleurant à la fois, je plaçai mes mains en coupe autour de son visage pour le couvrir de baisers.
- Oh ! Joscelin, Joscelin !
Ma propre voix haletait de tant de bonheur. Il me reposa à terre en me laissant glisser entre ses mains, enfouit ses doigts dans mes cheveux et m'attira contre lui.
- Jamais plus, jamais, jamais, jamais, Phèdre, je le jure, murmura-t-il entre deux baisers. Au nom d'Elua le béni, je le jure. Jamais plus je ne te laisserai, jamais. Prends mille clients si tu veux, dix mille, épouse Severio Stregazza, peu importe, mais jamais plus je ne te laisserai. ( Je levais la tête vers lui et il m'embrassa, longuement et avec fougue, jusqu'à ce que le désir et l'amour, plus violents encore qu'une dague dans le coeur, fissent tournoyer le monde autour de moi. Lorsqu'il me relâcha, je dus m'accrocher au devant de son gilet pour ne pas tomber, luttant pour simplement conserver mon équilibre. Nos regards se rivèrent l'un à l'autre. ) Tu es vivante, murmura-t-il, ses yeux du bleu d'un ciel d'été emplis d'étonnement.
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- Crois-moi répondis-je d'une voix vibrante de ferveur. C'est ce que je fais. (Je tendis les mains dans le noir, lui carressait la joue du vout des doigts, puis saisis à pleines mains deux touffes de ses cheveux hirsutes pour l'attirer contre moi et l'embrasser à en perdre haleine) Qu'Elua te protège quoi qu'il puisse arriver.
- Et toi aussi, murmura Joscelin contre mes lèvres. Toi aussi mon amour.
Depuis tout ce temps, depuis que nous etions ensemble, dans tout ce que nous avions traversé, jamais je ne l'avais entendu m'appeler ainsi.
...
Afficher en entierIl m'ancrait dans ce monde ; son amour était l'aiguille sur laquelle je réglais la boussole de mon cœur.
Afficher en entier"-Oh! cela. (Joscelin rit) Phèdre no Delaunay, nous sommes différents à bien plus d'égards que je peux en compter, et à n'en pas douter, nous trouverons des manières de nous faire souffrir auxquelles nous n'avons pas encore songé. Ce que je pourrais imaginer de pis que de vivre avec toi, ce serait de vivre sans toi. Je l'ai fait et je ne veux plus jamais avoir à revivre cela. Si tu peux trouver le chemin qui te ramène à moi en passant par des pirates abrutis, des Sérénitiens assassins et des tempêtes mortelles, je ne vais pas perdre mon temps à me soucier de quelques clients ambitieux. Et puis...(il sourit)...je me suis dit qu'il fallait que je demande le rôle avant que tu trouves un moyen de libérer ce maudit Tsingano de son ile perdue..."
Afficher en entier— C’est stupide, intervint Ti-Philippe en grattant son nez en voie de guérison. La prophétie, je veux dire. On trouve toujours ce qu’on cherche dans le dernier endroit où on regarde, non ? Pourquoi chercher encore lorsqu’on l’a trouvé ?
— Je sais, répondis-je avec patience. La seule chose, c’est que je n’ai pas posé ma question à voix haute, ce qui donne tout son intérêt à cette réponse. À bien y réfléchir, le sens en est sans doute plus subtil qu’il y paraît. Je crois que nous trouverons Melisande là où on s’attend le moins à ce qu’elle soit.
— En train de vendre du poisson au marché, plaisanta Rémy.
— Ou en train de faire manger le Doge, renchérit Ti-Philippe.
— Ou de changer les langes du fils du prince Benedict, suggéra Fortun avec une amorce de sourire.
Impossible de les arrêter lorsqu’ils étaient lancés : « En train de faire avancer les mules dans les marais salants, de souffler du verre sur l’Isla Vitrati, de tanner des peaux, d’enseigner le tir à l’arc. »
Afficher en entier"C’était lorsque son cœur était léger et qu’il voulait consacrer la nuit à parler et à faire l’amour. C’était devenu une plaisanterie chez ses hommes de compter les raisons pour lesquelles Kazan Atrabiades manquait de sommeil. « Kazan a eu des puces dans son lit et a passé la nuit à se gratter, disait l’un avec un air sérieux. Ne va surtout pas l’ennuyer aujourd’hui. » Le jour suivant, un autre enchaînait. « Une chouette a tenu Kazan éveillé toute la nuit ; gare à son humeur ! » Et Glaukos rougissait, sachant que je comprenais."
Afficher en entierIl existe des chagrins trop immenses pour les larmes; celui-ci en était presque. Presque. Je le regardai partir les yeux secs, puis j'entendis la poignée de la porte de ma chambre, le bruit sourd de la porte d'entrée, et le murmure ensommeillé du vigile à la grande porte lorsqu'il en leva la barre. Ce ne fut qu'à cet instant que son absence me frappa comme un coup-un vide terrible. Si souvent, comme la mer, il s'était retiré pour mieux revenir. Cette fois-ci, je ressentais uniquement son absence-et un désespoir sans fond qui m'absorbait. Je versai suffisamment de larmes pour combler un vide et, alors même que je ne pensais plus la chose possible, je m'endormis enfin dans le blanc infini de l'anéantissement complet, sur mon oreiller trempé et amer.
Afficher en entierComme il exécutait son salut cassilin, je criai son nom de toutes mes forces, haussant ma voix pour qu'elle couvrît autant que possible le bruit du vent et de la mer.
- Joscelin!
Je ne sais pas s'il m'entendit; mais il me vit en se redressant. Par-delà la distance, par-delà la vingtaine de gardes et de prisonniers qui s'empoignaient, nos yeux se rencontrèrent.
Afficher en entier« Je sais ce que tu pensais de lui, mais il n’est pas si foncièrement mauvais. Sincèrement, il y a un certain mérite en lui. Et tu sais, Joscelin, il est parfois plaisant pour moi d’être courtisée pour moi-même, plutôt que pour un rendez-vous ; de connaître quelqu’un prêt à passer sa vie à mes côtés pour ce que je suis – et non pas en dépit de ce que je suis. Au fond, ajoutai-je, peu importe ce que son père aurait décrété à la fin.
Joscelin se tenait silencieux ; il n’avait écouté que la première partie de mes paroles.
- Ce n’est pas juste, dit-il d’une voix sourde. C’est autant ce que je suis, moi, que ce que tu es, toi. Le problème a toujours été quelque part entre les deux ».
Afficher en entier« Aime comme tu l'entends. »
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