L'écuyer

L’enfance d’Alexandre

Le 18 mai 1152 fut un grand jour pour la région Aquitaine, car non seulement Aliénor épousait Henri en la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, mais Alexandre naissait à quelques lieues de là.

L’alliance d’Aliénor d’Aquitaine avec le roi d’Angleterre allait permettre à la Guyenne d’entrer dans une phase d’essor écono- mique exceptionnel qui sera une opportunité que le comte Philippe des Trois-Tours saisira avec force.

Étant négociant en vins, ce mariage allait lui apporter des contrats très importants avec l’Angleterre dont il saura, en bon commerçant qu’il était, tirer un grand profit.

Ce que lui offrit aussi ce jour qu’il considéra alors doublement béni, était la naissance de son fils unique Alexandre, issu de son alliance avec la fille du duc de Beaurepaire répondant au prénom d’Adélaïde.

On m’a dit bien, plus tard, que je me suis mis à pleurer dans les premiers instants que je parus dans la chambre de ma mère, au sortir de ses entrailles. Mes cris étaient un très bon signe, car je serai fort et viril, un vrai combattant digne du nom que je venais juste de recevoir et de mon père bouffi d’orgueil.

Moi, je ne m’attends à rien, je sors d’un endroit chaud et douillet et je me retrouve dans une grande pièce froide. La température, en ce mois de mai, me semble un peu fraîche. En fait, qu’est-ce que j’y connais, moi, du temps qu’il fait, je viens d’arriver. Alors, pour montrer mon désaccord de m’être trouvé où je n’avais pas demandé, je ne n’ai rien de mieux à faire, qu’à crier de telle façon, que mes poumons s’emplissent de l’air de la pièce.

Finalement, le résultat m’est bénéfique, car je me mets à respirer. Que la nature fait bien les choses.

La sensation ne m’est pas du tout désa- gréable, je dois dire, mais tout ce bruit au- tour de moi, tous ces gens qui me regardent, sourient, qui applaudissent même, me font presque peur.

Alors je sens que quelqu’un me prend et me soulève, puis on me pose délicatement entre les bras de cette femme qui est la seule personne allongée de toute l’assistance. Je sais que je la connais, la comtesse, car c’est ma mère, et ça fait neuf mois que nous nous fréquentons, si j’ose dire.

Du coup, je profite de ce moment particulier, pour reprendre le sommeil d’où on vient de me tirer.