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Afficher en entierUn ado qui joue à l'adulte reste quand même un ado. Imaginer que se défoncer en soirée et coucher va vous bombarder personne à part entière, c'est comme croire qu'un déguisement fait de vous un indien. Et de trois,c'est quand même une drôle de conception de la vie que de vouloir devenir adulte en imitant tout ce qu'il y a de plus catastrophique dans l'adultitude... (...) Finalement, les ado croient devenir des adultes en singeant des adultes qui sont restés des gosses et fuient devant la vie.
Afficher en entierLes hommes vivent dans un monde où ce sont les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c'est la maîtrise du langage. C'est terrible parce que au fond, nous sommes des primates programmés pour manger, dormir, nous reproduire, conquérir et sécuriser notre territoire et que les plus doués pour ça, les plus animaux d'entre nous, se font toujours avoir par les autres, ceux qui parlent bien alors qu'ils seraient incapables de défendre leur jardin, de ramener un lapin pour le dîner, ou de procréer correctement. Les hommes vivent dans un monde où ce sont les faibles qui dominent. C'est une injure terrible à notre nature animale, un genre de perversion, de contradiction profonde.
Afficher en entierOù se trouve la beauté ? Dans les grandes choses qui, comme les autres, sont condamnées à mourir, ou bien dans les petites qui, sans prétendre à rien, savent incruster dans l'instant une gemme d'infini ? [...] Ces instants où se révèle à nous la trame de notre existence sont des parenthèses magiques qui mettent le cœur au bord de l'âme, parce que, fugitivement mais intensément, un peu d'éternité est soudain venu féconder le temps. Au-dehors, le monde rugit ou s'endort, les guerres s'embrasent, les hommes vivent et meurent, des nations périssent, d'autres surgissent qui seront bientôt englouties et, dans tout ce bruit et toutes cette fureur, dans ces éruptions et ces ressacs, tandis que le monde va, s'enflamme, se déchire et renaît, s'agite la vie humaine.
Afficher en entier— La politique, me dit-elle. Un jouet pour les petits riches qu'ils ne prêtent à personne.
Afficher en entierPersonne ne semble avoir songé que si la vie est absurde, y réussir brillamment n'a pas plus de valeur que d'y échouer.
Afficher en entierMoi, j'ai compris très tôt qu'une vie, ça passe en un rien de temps, en regardant les adultes autour de moi, si pressés, si stressés par l'échéance, si avides de maintenant pour ne pas penser à demain... Mais si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu'on le pourra demain et c'est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd'hui, vous voyez ? Donc il ne faut surtout pas oublier tout ça. Il faut vivre avec cette certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c'est maintenant qui importe: construire, maintenant, quelque chose, à tout prix, de toutes ses forces. Toujours avoir en tête la maison de retraite pour se dépasser chaque jour, le rendre impérissable. Gravir pas à pas son Everest à soi et le faire de telle sorte que chaque pas soit un peu d'éternité. Le futur, ça sert à ça: à construite le présent avec des vrais projets de vivants.
Afficher en entierLorsque la maladie entre dans un foyer, elle ne s'empare pas seulement d'un corps mais tisse entre les cœurs une sombre toile où s'ensevelit l'espoir. Tel un fil arachnéen s'enroulant autour de nos projets et de notre respiration, la maladie, jour après jour, avalait notre vie.
Afficher en entierLes gens croient poursuivre les étoiles et ils finissent comme des poissons rouges dans un bocal.
Afficher en entierC'est sidéral, enivrant comme le mauvais vin et surtout très révélateur du fonctionnement de l'Université : si tu veux faire carrière, prends un texte marginal et exotique (la Somme de logique de Guillaume d'Ockham) encore peu exploré, insulte son sens littéral en y cherchant une intention que l'auteur lui-même n'avait pas aperçue (car chacun sait que l'insu en matière de concept est bien plus puissant que tous les desseins conscients), déforme-le jusqu'au point de ressemblance avec une thèse originale (c'est la puisance absolue de Dieu qui fonde une analyse logique dont les enjeux philosophiques sont ignorés), brûle ce faisant toutes tes icônes (l'athéisme, la foi dans la Raison contre la raison de la foi, l'amour de la sagesse et autres babioles chères aux socialistes), consacre une année de ta vie à ce petit jeu indigne aux frais d'une collectivité que tu réveilles à sept heures et envoie un coursier à ton directeur de recherches.
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