Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je me suis dirigée à grands pas vers la cuisine; Conrad s’est levé pour me suivre. Je n’ai pas eu besoin de me retourner pour savoir que c’était lui. Je me suis servi un immense verre de grenadine sans lui prêter la moindre attention.
– Tu comptes m’ignorer encore longtemps ? a-t-il fini par lancer.
– Non. Qu’est-ce que tu veux ?
Il a soupiré en s’approchant.
– Tu es obligée de te conduire comme ça ?
Puis il s’est penché vers moi, très près. Trop près.
– Je peux en avoir ?
J’ai posé le verre sur le comptoir et je me suis détournée pour sortir, mais il m’a retenue par le poignet. Mon coeur a failli s’arrêter.
– Allez, Bells…
Ses doigts étaient froids, comme toujours. Je me sentais fiévreuse tout à coup. J’ai retiré ma main d’un mouvement brusque.
– Laisse-moi tranquille.
– Pourquoi es-tu fâchée contre moi ?
Il ne manquait vraiment pas de toupet ! Pourtant, il semblait sincèrement perplexe et inquiet. Avec lui, les deux allaient toujours de pair – ce qu’il ne comprenait pas l’angoissait, en partie parce que ça lui arrivait rarement. En tout cas, il ne s’était jamais inquiété pour moi, je ne comptais pas suffisamment.
– Est-ce que tu en as quelque chose à fiche ?
Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. Ma peau s’est mise à me picoter bizarrement pendant que j’attendais sa réponse.
– Oui.
Afficher en entier" Un silence étrange s'est soudain installé entre nous. Il me tenait toujours le pied et je m'efforçais de surnager. L'espace d'une seconde, j'ai regretté que Jeremiah et Steven soient partis. J'ignore pourquoi.
- Lâche-moi, ai-je répété.
Il a tiré sur mon pied, m'attirant vers lui. Sa proximité me rendais nerveuse. J'ai insisté, une dernière fois, même si je ne le pensais pas :
- Conrad, lâche-moi.
Il a obéi. Puis il m'a enfoncé la tête sous l'eau. Mais ça m'était égal : je retenais déjà ma respiration. "
Afficher en entierJ'ai enchaîné plusieurs longueurs ; au bout de la quatrième, comme je m'apprêtais à pivoter, j'ai heurté quelque chose. En remontant à la surface, j'ai vu que c'était la jambe de Conrad. Il était assis au bord de la piscine, les pieds dans l'eau.
Il m'avait observé tout ce temps. En fumant une cigarette.
Je n'ai pas bougé, dans l'eau jusqu'au menton, soudain consciente que mon maillot de bain était réellement trop petit pour moi maintenant. Il était hors de question que je sorte devant lui.
-Depuis quand est-ce que tu fumes ? lui ai-je demandé d'un ton accusateur. Et qu'est-ce que tu fiches là, d'abord ?
-A quelle question veux-tu que je réponde en premier ?
Il avait cette expression amusée et légèrement condescendante, celle qui me rendait dingue. J'ai nagé jusqu'au rebord pour prendre appui dessus.
-La deuxième.
-Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis sorti faire un tour.
Il mentait. Il était sorti pour fumer.
-Comment tu as su que j'étais là ?
-Tu viens toujours ici la nuit, Belly. Ce n'est pas nouveau...
Il a tiré sur sa cigarette.
Il savait que je me baignais la nuit ? J'avais toujours cru que c'était mon secret, notre secrets, à Susannah et moi. Je me suis demandé depuis combien de temps il était au courant. Je me suis demandé si tout le monde était au courant. J'ignorais pourquoi ça avait autant d'importance, mais ça en avait. Pour moi, en tout cas.
-D'accord, très bien. Alors depuis quand est-ce que tu fumes ?
-Aucunes idée. Un an, peut-être.
Il faisait exprès de rester vague. C'était horripilant.
-Eh bien, tu ne devrais pas. Tu ne devrais même arrêter tout de suite. Tu es accro ?
-Non, a-t-il dit en riant.
-Alors arrête. Je sais que tu en est capable, il suffit que tu le décides.
Je savais qu'il était capable de n'importe quoi , s'il le décidait.
-Peut-être que je n'en ai pas envie.
-Tu devrais, Conrad. C'est mauvais pour toi.
-Tu me donnerais quoi en échange ? m'a-t-il taquinée.
Il tenait sa cigarette en l'air, juste au-dessus de sa canette de bière.
L'atmosphère s'est modifié tout à coup. Elle était chargée d'électricité, comme si un éclair menaçait de me frapper. J'ai lâché le mur et je me suis éloignée de lui dans l'eau. J'ai eu l'impression que j'avais laissé passez une éternité avant de répondre :
-Rien. Tu devrais le faire pour toi.
-Tu as raison, a-t-il dit.
Et la tension s'est dissipée. Il s'est levé et a écrasé sa cigarette sur le dessus de la canette.
-Bonne nuit, Belly. Ne traîne pas trop ici. On ne sait jamais quels monstres sortent la nuit.
Tout était redevenu normal. J'ai voulu lui éclabousser les jambes, mais il s'éloignait déjà.
-Va te faire voir ! ai-je dit à son dos.
Afficher en entierUn de mes rêves se réalisait j'étais avec un type qui me filait son pull au lieu de me narguer par ce que j'avais oublié le mien.
Afficher en entier- Salut ! Ai-je lancé, toujours sur le dos.
Conrad a plongé un orteil dans la piscine.
- Elle est un peu froide, non ?
- Quelle poule mouillée ! Jette-toi à l'eau qu'on en finisse !
Ils ont échangé un regard avec Jeremiah, puis celui-ci a pris son élan pour sauter dans une énorme gerbe. Conrad l'a aussitôt imité. J'ai avalé des litres d'eau parce que je riais aux éclats, mais ça m'était complètement égal.
Afficher en entierJ'ai ouvert la portière et jeté mon sac sur mon épaule. Les garçons n'ont pas tout de suite remarqué ma présence, puis oui. Et pas qu'un peu. Conrad m'a détaillée rapidement de la tête aux pieds, comme les types du centre commercial. Il ne m'avait jamais regardée comme ça. Pas une seule fois. J'ai senti que je rougissais de nouveau, comme dans la voiture. Jeremiah, lui, a eu l'air surpris. Il m'a dévisagée comme s'il ne me reconnaissait pas. Ça n'avait pas duré plus de trois secondes, pourtant, j'ai eu l'impression que c'était beaucoup, beaucoup plus long.
Afficher en entier- Je t’aime depuis que j’ai dix ans.
Il n’a pas réussi à dissimuler son trouble.
- Tu es le seul garçon auquel j’aie jamais pensé. Toute ma vie, il n’y a eu que toi. Tu m’as appris à danser et tu m’as sauvée le jour où j’avais nagé trop loin. Tu t’en souviens ? Tu es resté avec moi, tu m’as ramenée au rivage. Tout le temps où on était dans l’eau tu répétais : « On y est presque » , et j’y ai cru, parce que je croyais tout ce qui sortait de ta bouche. Comparé à toi, tout le monde est aussi insipide qu’un cracker, même Cam. Et j’ai horreur des crackers, tu le sais. Tu sais tout de moi, tout, tu sais même que je t’aime.
J'étais hors d'haleine. J'avais l'impression que mon coeur allait exploser, tellement il était plein.
[...] Au bout de ce qui m'a semblé une éternité, il a lâché :
- Tu ne devrais pas. Je ne suis pas le bon. Désolé.
Afficher en entierUn coup, je te plais, un coup c'est Cam .. a-t-il lancé en s'approchant de moi. Et ensuite c'est Jeremiah. C'est faux ? Tu veux le beurre et l'argent du beurre, mais aussi le crémier et son petit frère ..
Afficher en entierIl m'a ensuite attirée vers lui pour m'enseigner un pas de deux. J'étais folle de joie : je n'avais jamais été aussi près de lui.
- Encore une fois, ai-je demandé en feignant d'avoir du mal à retenir le mouvement.
Il m'a expliqué à nouveau, en passant un bras autour de ma taille.
- Tu vois ? Tu as compris, maintenant.
Il m'a fait tournoyer et j'ai été prise d'un vertige de pur bonheur.
Afficher en entierQuelques jours après la séance de ciné, Jeremiah a annoncé :
-Je vais apprendre à conduire à Belly.
-Tu es sérieux ? ai-je demandé, emballée.
Il faisait beau, pour la première fois de la semaine. Le temps idéal pour prendre le volant. C'était le jour de congé de Jeremiah et je n'en revenais pas qu'il soit prêt à le consacrer à une leçon de conduite. Je le suppliais depuis l'été dernier de me montrer comment passer les vitesses - Steven s'y était essayé et avait déclaré forfait au bout de trois cours.
Mon frère a secoué la tête avant de boire directement au carton du jus d'orange.
-Tu as envie de mourir, mec ? Parce que Belly vous tuera tous les deux, sans parler de ton embrayage. Il est encore temps de reculer. C'est un conseil d'ami.
Afficher en entier