Extraits

"Approche donc et découvre, petit dragonnet,

Les sept ennemis que tu dois redouter.

Prends garde à l'Orgueil qui assombrit l'esprit

Et te leurre sur la vraie taille de ton ennemi.

N'Envie pas aux autres dragons pouvoir, richesses et biens

Car intrigues et complots seront la fin des tiens.

Même percé de lances, évite la Colère

Car elle tuera la ruse, qu'il te faudra entière.

Un dragon doit dormir mais, toi, fuis la Paresse

Nos assassins profitent des longues années de sieste.

'Quel mal à l'avarice ?' dira le dragon sot.

Les voleurs de trésors voleront aussi sa peau.

Tu connaîtras la faim et devras l'apaiser

Mais Gourmandise rend gras, empêche de décoller.

Dragonne, joyaux, gloire ou or,

Luxure a conduit bien des draques à la mort.

Apprends par cœur ceci, mon précieux dragonnet,

Tu seras sûr de vivre encore de longues années"

- (...) Voilà un exemple : « Deux cannibales sont assis près d'un feu. L'un dit : "Je déteste mon beau-frère", et l'autre lui répond : "Alors essaie les pommes de terre" ». Comprends-tu ?

Auron tira la langue et essaya de sentir l'humour.

- Non.

- D'accord, elle est mauvaise.

- (...) Un nain se battra pour l'honneur, mais un homme tuera par orgueil.

Auron réfléchit pendant un instant.

- Quelle est la différence ?

- L'honneur, c'est la façon dont les autres te voient. L'orgueil, c'est celle dont tu te vois.

À bien des longueurs de cou au dessous, deux formes se tortillaient ; toutes deux avaient un cou semblable au sien et une queue tout aussi longue pour propulser leur arrière-train. Identiques en tout point, leur couleur exceptée, elles se poussaient et s’agrippaient en prenant appui sur leurs quatre courtes pattes. Leurs gueules étaient grandes ouvertes, révélant des dents blanches et pointues, et leurs museaux étaient surmontés de cornes identiques à celle qui lui avait permis de sortir de sa coquille. Les combattants arboraient tous deux une courte crête qui protégeait leur nuque. L’un des dragonnets, d’une belle couleur rubis, planta ses dents dans son adversaire cuivré, lacérant chair et muscles et lui arrachant un cri plaintif. Quelque chose dans ces crêtes qui naissaient sur l’arête séparant les yeux du front le plongea dans une rage terrible. Il bouillait d’impatience de se joindre au combat. Il déroula son corps ; son œuf fendu n’était plus de taille face à sa toute nouvelle force et s’ouvrit en deux ; le dragonnet se tortilla pour plein triomphe. Il lâcha la patte antérieure déchiquetée de son adversaire et leva la tête. Il se précipita en un clin d’œil vers la paroi rocheuse et commença à grimper vers lui. Il n’attendit pas de l’affronter au milieu des autres œufs. Il s’approcha du bord pour combattre le dragonnet rouge tandis que ce dernier montait, cherchant d’instinct à avoir l’avantage du terrain. Quelque chose de glissant et d’humide le ralentissait ; il baissa la tête et aperçut une masse flasque qui pendait de son ventre. L’une de ses pattes y était emprisonnée. Il lacéra frénétiquement cette substance de ses deux membres antérieurs, il cambra le dos et se libéra de cette entrave. S’il ressentit une douleur, elle fut étouffée par le désir d’aller au-devant du dragonnet à la crête. Au moment où il atteignit le bord, la tête du rouge apparut. Ses pupilles fendues et luisantes s’élargirent quand il vit son opposant prêt à le renvoyer en bas.

Le dragonnet goûta l’air pour la première fois. Comparé à la moiteur de son œuf, il lui sembla froid et sec. Son étrangeté le laissa tout tremblant. En se réveillant lentement, il venait tout juste de découvrir un nouveau monde, très différent de l’ancien, avec ses silhouettes et ses couleurs estompées, ses échos étouffés et ses saveurs rances. Confortablement installé dans l’obscurité, il avait somnolé et rêvé jusqu’à ce que des craquements secs le réveillent. Il avait soudain haï la cellule dans laquelle il flottait depuis si longtemps. Il tenta instinctivement de déployer son long cou, il donna un coup de menton vers le haut et sentit l’excroissance sur son nez cogner l’intérieur du dur cocon. Trois coups de plus et la coquille céda. L’air lui transmit tant de nouvelles impressions que ses sens sortir son museau et ouvrir la gueule, il prit une vraie inspiration. Les longs poumons qui s’étiraient sur quasiment toute la longueur de son dos se remplirent entièrement d’air. La saveur de cet élément, la sensation toute neuve de ses poumons qui se gonflaient puis se vidaient lui donnèrent autant de forces que l’oxygène qui se mêlait à son sang. Il rejeta la tête en arrière et la corne qui surmontait son nez encore humide ouvrit davantage l’œuf. Désormais, il pouvait sortir la tête.

Le dragonnet goûta l’air pour la première fois. Comparé à la moiteur de son œuf, il lui sembla froid et sec. Son étrangeté le laissa tout tremblant.

En se réveillant lentement, il venait tout juste de découvrir un nouveau monde, très différent de l’ancien, avec ses silhouettes et ses couleurs estompées, ses échos étouffés et ses saveurs rances. Confortablement installé dans l’obscurité, il avait somnolé et rêvé jusqu’à ce que des craquements secs le réveillent. Il avait soudain haï la cellule dans laquelle il flottait depuis si longtemps. Il tenta instinctivement de déployer son long cou, il donna un coup de menton vers le haut et sentit l’excroissance sur son nez cogner l’intérieur du dur cocon. Trois coups de plus et la coquille céda.

Auron passa la langue sur leurs œufs sans défense. Il goûta leur première couvée. Comparés à la moiteur de la caverne, les œufs lui semblèrent froids et secs. Leur étrangeté le laissa tout tremblant.

Le dragonnet goûta l'air pour la première fois. Comparé à la moiteur de son œuf, il lui sembla froid et sec. Son étrangeté le laissa tout tremblant.

- Le défaut des dragons. Ce que nos ennemis peuvent utiliser contre nous. Qui causera notre ruine.

- De quoi parles-tu, Auron ? Je suis fatigué.

Le draque sentit sa poche à feu se convulser sous le coup de la frustration.

- J'ai entendu dire que tu étais sage, que tu avais découvert une faiblesse chez les dragons. Nous sommes de moins en moins nombreux. C'est ce que tous m'ont dit : de mes parents jusqu'à un nain dont j'ai fais la connaissance. Je pensais que peut-être cette elfe était parvenue à te soutirer cette information par la ruse et que des assassins l'utilisaient contre nous.

Auron accepta que le combat s'achève ainsi et observa la barque à fond plat se diriger vers les plus grosses embarcations. Il remonta pour respirer et constata les ravages qu'ils avait provoqués. Deux des bateaux de pêche étaient en feu. Des corps horriblement noircis flottaient dans les eaux calmes de la baie;au dessus d'eux des mouettes descendaient déjà pour en faire leur repas. Une nappe de feu tenait les oiseaux à l'écart d'un autre cadavre, vraisemblablement celui du courageux harponneur. Les dauphins nageaient toujours en rond et donnaient de petits coups de bec à leur frères morts qui flottaient à la surface. (...)