Extraits

Frank sourit en se tenant les côtes d’une main et s’agrippa fermement à la chemise du capitaine de l’autre.

— Comment t’es-tu retrouvé dans l’Arizona, Holt ? demanda-t-il avec la cordialité d’un homme qui venait de remporter une victoire. Tu es marié ?

— Non, répondit Holt sans pouvoir s’empêcher de penser à Lorelei dans sa chambre d’hôtel.

A cette heure, elle devait avoir pris un bain et peut-être même enfilé une robe. Il savait qu’elle en avait glissé une dans son bagage trop lourd. Il lui suffisait d’évoquer ces simples gestes de la vie quotidienne pour sentir son bas-ventre se tendre douloureusement.

— Je ne suis pas marié, répondit-il platement.

— Mais il en pince pour une femme, ajouta le capitaine en décochant à Holt un sourire en coin. Très jolie, et très douée au poker.

Frank poussa un sifflement admirateur, sans que Holt sache laquelle de ces qualités l’impressionnait le plus.

— Comment s’appelle-t-elle ?

— Lorelei, répondit le capitaine d’une voix traînante, voyant que Holt ne se décidait pas à le faire.

Le sourire de Frank s’élargit.

— Très joli…

— Oh ! Mais Lorelei est très jolie, insista le capitaine comme s’il était personnellement concerné. Dès que ces deux-là se croisent, le ciel tremble et il ne nous reste plus qu’à éviter la foudre.

— Avec tout le respect que je vous dois, capitaine, intervint posément Holt, vos propos sont un ramassis de bêtises.

Frank renversa la tête en arrière et éclata de rire.

— Elle t’exaspère tant que ça ? lança-t-il après avoir repris son souffle. C’est mauvais signe, ça, amigo. Très mauvais signe !

Holt se dressa sur ses étriers, et pas seulement pour détendre ses jambes.

— Si tu n’avais pas les côtes cassées, Frank, je crois bien que je te traînerais moi-même derrière mon cheval !

Frank se contenta de sourire.

— Il la veut, souligna le capitaine.

— J’en ai assez entendu pour aujourd’hui ! s’écria Holt d’un air renfrogné.

— Tu n’en as encore entendu que la moitié, rétorqua Walton, le sourire aux lèvres. N’est-ce pas, Frank ?