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La vérité était incontournable ; mais, comme le savait tout juriste, il y avait mille façons de l’aborder.
Afficher en entierC’est triste à dire, mais plus ils sont racistes, mieux c’est. Et nous avons une petite préférence pour les femmes, parce qu’elles auront tendance à jalouser une autre femme qui aura manigancé pour avoir son nom dans un testament. Un homme peut comprendre celui qui perd la tête pour sa femme de ménage, mais pas une femme. Sur ces sujets-là, elles sont impitoyables.
Afficher en entierOn savait que Seth luttait contre un cancer du poumon, mais tous ignoraient que les médecins ne lui donnaient que quelques semaines à vivre. Seth était connu au sein de la paroisse et on priait pour sa guérison, mais, parce qu'il avait divorcé deux fois, on ne le considérait pas tout à fait comme un bon chrétien.
Son suicide n'allait rien arranger.
Afficher en entierOn ne cherche pas la justice lors d'un procès, répétait Lucien à l'envi, mais la victoire !
Afficher en entierUn avocat n’était pas obligé de montrer tous ses témoins, et d’annoncer à la partie adverse ce qu’ils allaient dire.
Au contraire !
Le procès, c’était la guérilla, un jeu d’embuscade, d’attaques surprises. Tout se jouait durant l’audience. C’était ça un procès. Il fallait donc être très bon, pour improviser, pour prendre la balle au bond. Aujourd’hui, tout doit être dévoilé d’avance, tous les témoins doivent faire leur déposition avant l’audience. Quelle perte de temps !
Afficher en entierOzzie Walls était l’un des deux seuls shérifs noirs du Mississippi. L’autre venait d’être élu dans un comté du Delta où la population comptait soixante-dix pour cent de Noirs. Celle du comté de Ford était blanche à soixante-quatorze pour cent, et pourtant Ozzie était régulièrement réélu haut la main. Les Noirs l’aimaient parce qu’il était l’un des leurs. Les Blancs le respectaient parce qu’il était un vrai flic et un ancien champion de football qui avait fait ses débuts à Clanton. Dans le Sud, le football parvenait petit à petit à effacer le clivage des races.Ozzie quittait l’église avec son épouse et ses quatre enfants quand on l’appela au téléphone. Il arriva au pont en costume du dimanche, sans arme ni plaque, mais il avait toujours une paire de bottes dans son coffre. Accompagné par deux adjoints, il prit le chemin boueux jusqu’au sycomore, avec un parapluie pour se protéger de l’averse. Le corps de Seth était trempé et l’eau dégoulinait de partout : des chaussures, du menton, des oreilles, du bout des doigts, des bas de son pantalon. Ozzie s’arrêta sous le cadavre, leva son parapluie et regarda le visage blême et pathétique de cet homme qu’il n’avait rencontré que deux fois dans sa vie.Une histoire les liait. En 1983, quand Ozzie briguait le poste de shérif, il avait face à lui trois rivaux blancs et pas un sou devant lui. Il avait alors reçu un appel de Seth Hubbard – un parfait inconnu pour lui, qui, comme le découvrirait plus tard Ozzie, avait le culte de la discrétion. Seth vivait dans le coin nord-est du comté de Ford, à la lisière du comté de Tyler. Il travaillait dans le bois et l’exploitation forestière, il avait ses propres scieries en Alabama, une usine ici et là – un homme qui avait visiblement réussi. Il proposait d’aider financièrement Ozzie, à la condition expresse qu’il accepte du liquide. Vingt-cinq mille dollars. Dans son bureau, dont il avait fermé la porte à clé, Seth Hubbard ouvrit une boîte et montra à Ozzie l’argent. Ozzie expliqua que les contributions aux frais de campagne devaient être déclarées. Mais Seth tenait à ce que son aide reste confidentielle. C’était à prendre ou à laisser.
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