L'âme de l'homme sous le socialisme
Auteur
- Oscar Wilde (Écrivain)
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extrait
On nous dit souvent que les pauvres sont reconnaissants de la charité. Quelques-uns d’entre eux le sont, sans doute, mais les meilleurs parmi les pauvres ne sont jamais reconnaissants : ils sont ingrats, mécontents, insoumis et révoltés. Ils ont tout à fait raison de l’être. Ils sentent que la charité est un mode ridiculement disproportionné de restitution partielle, ou un don sentimental, habituellement accompagné de quelque importune tentative, de la part du bienfaiteur, pour régenter leur vie privée. Pourquoi seraient-ils reconnaissants pour les miettes qui tombent de la table du riche ? Ils devraient être assis au festin, et ils commencent à le savoir.
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J'étais très curieux de voir ce qu'un essai politique d'Oscar Wilde pourrait donner et je ne ressors pas déçu de cette lecture.
À travers la défense d'une vision individualiste qui s'inscrirait dans un monde socialiste, Wilde révèle ses nouvelles affinités avec la pensée anarchiste. De manière générale et à travers des développements plus philosophiques que pratiques, il tente d'expliquer qu'il serait judicieux de reconstruire la société afin d'éradiquer toute forme de pauvreté et de permettre une réalisation pleine et entière de l'individu. Il ne s'aventure pas réellement sur le terrain de l'action politique en tant que telle mais examine plutôt les diverses conditions qui devraient être réunies pour que la société mute conformément à cet idéal individualiste (sa conception de l'individualisme touchant à l'épanouissement de la personnalité au mépris de l'accumulation de richesses, en passant notamment par l'abolition de la propriété privée).
Dans cet essai, finalement, Wilde révèle sa pensée anti-capitaliste à travers la critique du capitalisme comme d'une arme inhibant la créativité et exacerbant les inégalités. Il est pleinement conscient des avantages de la propriété privée et de l'individualisme mais ne peut s'empêcher d'admettre que les masses populaires en manquent cruellement. En d'autres termes, il s'agit moins d'éliminer la propriété privée que de prôner l'anti-autoritarisme et l'individualisme. Il n'est également pas question d'exploiter la force de travail des individus de quelque manière que ce soit : là, Wilde propose le machinisme comme un moyen de libérer les travailleurs de leurs emplois dégradants afin qu'ils puissent se consacrer à l'art et à l'innovation.
Au bout du compte, Wilde est contre toute forme de tyrannie et d'oppression économique - y compris un socialisme autoritaire au service de l'industrie. Le socialisme de Wilde, c'est celui qui favorise l'individu, sa dignité, son développement personnel, et l'élévation de son âme.
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Date de sortie
L'âme de l'homme sous le socialisme
- France : 2013-01-23 - Poche (Français)
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Résumé
L’Âme de l'homme sous le socialisme d’Oscar Wilde (1854-1900) fut publié pour la première fois à Londres dans la Fortnightly Review, en 1891. L’auteur est devenu célèbre l’année précédente, avec la parution du Portrait de Dorian Gray. Dans la préface de ce roman, Wilde développe une conception très paradoxale ("perverse", diront certains critiques) de la littérature, de l’esthétique et de l’art en général : seul compte le beau, et le véritable créateur ne doit se soucier ni de l’utile, ni de la morale, ni de l’opinion. C’est cette théorie qu’il reprend dans cet essai, en apparence plus politique, où l’enjeu de l’épanouissement individuel est élargi à la société entière : avec une violence redoublée, un sens de la formule et un humour dignes de son ami George B. Shaw, Wilde s’en prend à tout ce qui peut contrarier le libre développement de l’individu, de la propriété privée à la démocratie et… au journalisme. Car le “socialisme” dont il souhaite – ou feint de souhaiter – l’avènement, plus proche de l’idéal de la Fabian Society (cercle réformateur créé en 1884) que de la dictature du prolétariat, ne peut correspondre à ses yeux qu’au triomphe… d’un individualisme intégral, qu’il définit comme « nouvel héllénisme». Le texte ne fut – discrètement – proposé en librairie qu’en 1895, au moment où Wilde se trouvait déjà en prison, après sa condamnation pour homosexualité.
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