Extraits

Je vais tomber...

Elle vient tout près de moi.

Je m’agrippe à sa robe.

Je reprends ma respiration.

-C’est l’émotion, peut-être ? Me dit-elle.

Oui c’est l’âme de Ludo qui s’est faufilé jusqu’à moi.

Mais cela, je ne peux le dire.

Je n’ai pas de mots.

Les larmes montent,

Je pleure,

Je suis gêné de pleurer, j’ai honte.

Mais elle ne dit rien.

Elle sourit, elle dit, doucement :

c’est le chant ...

Il permet de s’en aller si loin, dans ce pays, où tu iras, un jour, auprès de cette rivière.

L’âme de Ludo coule en cette rivière...

Ce chant m’enveloppe...

Vais-je pouvoir tenir debout ?

Je me retiens aux bras du fauteuil sur lequel est posée la boîte colorée dans laquelle elle rangera son violon , une fois la leçon terminée.

Elle est là ; elle nous attend.

Elle est grande et belle.

Elle nous accueille avec son violon et un chant que j’entends pour la première fois.

- C’est La Moldau, dit-elle.

C’est ce qu’on appelle un arrangement pour violon.

Un compositeur qui avait pour nom Smetana la composée.

C’était sa rivière dans sa ville.

Elle court au milieu des forêts, des plaines, elle tombe en cascades et enfin, elle arrive à Prague , sa ville, la capitale de son pays.

Ludo et Arthur étaient à distance.

Près d’un monticule de sable qu’ils affectionnaient l’un et l’autre, ils remplissaient des seaux de leurs pelles colorées.

À qui reviendrait le plus beau château ?

Je savais que je serai appelée pour donner mon avis...

Ils parlaient sans arrêt, ils devaient se donner quelques coups suivis de vives protestations qui cessaient assez rapidement.

C’étaient dans le jeu...

Tout va bien ? demandais-je à voix haute.

Et ils répondirent d’une seule voix :

- Oui , maman, tout va bien !

- Qui a fait le plus beau château ?

Demandais-je encore.

Et d’une seule voix, tous deux s’écrièrent :

- C’est moi !