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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:51:51+02:00

Il y a dans l’œuvre de Poe une nouvelle qui me paraît décrire parfaitement mon état d’âme de ce temps-là, c’est celle qui relate l’aventure d’un pêcheur attiré avec son propre bateau dans les spirales d’un tourbillon marin. Il tourne avec sa barque tout autour des parois de l’abîme et avec lui, au-dessus, à côté, en dessous, tournent les innombrables épaves des naufrages antérieurs. Il sait qu’en tournoyant il approche de plus en plus du fond du gouffre où la mort l’attend et il sait quelle est l’origine de ces épaves. Eh bien ! Ma vie pouvait se comparer à un tourbillon constant. J’étais pris dans les spirales d’un entonnoir obscur et je voyais tournoyer en même temps que moi toutes les choses que j’aimais. Ces choses dont j’étais censé vivre et que je voyais au contraire entraînées avec moi dans le même étrange naufrage. Je me sentais tourner en cercle avec tout ce qui au monde est bon et beau et pas un seul instant je ne cessais d’apercevoir le fond sinistre de l’entonnoir qui me promettait comme à toutes les autres épaves une fin inévitable. Par moments le tourbillon semblait diminuer, s’aplanir, tourner plus lentement et me rendre à la calme surface de la vie quotidienne. À d’autres, au contraire, le tournoiement se faisait plus rapide et plus profond ; je descendais alors toujours davantage dans l’abîme, et toutes les œuvres humaines, tous les principes humains me suivaient et j’en arrivais à désirer l’engloutissement définitif.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:51:35+02:00

J’ai parlé jusqu’ici de ma femme ; il est temps que je dise quelque chose de moi. Je suis grand et maigre avec un de ces visages énergiques aux traits marqués que l’on rencontre souvent en Toscane, ma terre d’origine. Peut-être, à mieux regarder, pourrait-on voir quelque faiblesse dans la forme de mon menton et le dessin de ma bouche ; mais enfin j’ai un visage volontaire et ferme qui ne correspond absolument pas à mon vrai caractère bien qu’il explique en partie certaines contradictions de celui-ci. Mon trait le plus marquant est sans doute le manque de fond. Quoi que je fasse ou dise, je suis tout entier dans ce que je dis et fais et je ne garde rien en réserve pour le cas où il me faudrait battre en retraite. Je suis, en somme, tout en avant-garde sans renforts ni arrières. De ce caractère me vient ma facilité à l’enthousiasme ; pour un rien, je m’exalte. Mais cet enthousiasme ressemble à un cheval qui saute une haie très haute sans son cavalier, lequel, lui, mord la poussière à dix mètres de là. Je veux dire que c’est un enthousiasme auquel manque toujours le soutien de cette force effective et intime sans laquelle n’importe quelle exaltation se dissout en velléité et en rhétorique. Et de fait, je suis enclin à la rhétorique, c’est-à-dire à prendre les paroles pour des actes. Ma rhétorique est du genre sentimental, car je voudrais aimer et je m’en donne souvent l’illusion alors que je n’ai fait qu’évoquer l’amour avec beaucoup d’émotion peut-être, mais en paroles seulement. Dans ces moments-là, j’ai la larme facile, je balbutie et je me laisse aller à toutes les apparences d’un sentiment débordant. Mais sous ces dehors fervents, je cache souvent une perspicacité âpre et presque pointilleuse qui dédouble ma personnalité et ne signifie nulle force, étant simplement l’expression de mon égoïsme.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:51:24+02:00

J’imagine que bien des fois et dans les occasions les plus diverses ma femme a dû avoir ces spasmes convulsifs. De toute façon, quelques faits restent indubitables : jamais son visage et son corps ne se convulsèrent pendant l’amour. En outre, ces contractions s’accompagnaient toujours d’un silence profond, suspendu, qui ressemblait pourtant davantage à un cri réprimé qu’à un total mutisme. Enfin, ces spasmes semblaient toujours naître de la crainte d’un événement imprévu, subit, foudroyant. Une crainte, je l’ai déjà dit, toute mêlée d’attrait.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:51:14+02:00

Cependant, pour aller au fond des choses, je voudrais relater deux cas où, me sembla-t-il, cette singulière transformation de ma femme eut des origines plus complexes. Un jour, nous nous trouvions à la campagne, dans le jardin de notre villa, et je m’efforçais d’arracher une mauvaise herbe, vivace et haute comme un arbuste qui, je ne sais comment, avait poussé au milieu de la terrasse devant la maison. Ce n’était pas facile, car la plante verte et humide me glissait entre les mains et semblait en outre avoir des racines très profondes. Appliqué à cette opération, je ne sais pourquoi je levai les yeux sur ma femme et je demeurai stupéfait en voyant sa figure et son corps tout transformés par l’insolite convulsion qui lui était particulière. En même temps, emportée par le poids de mon corps, la plante céda, tenant en terre par une seule racine drue et longue, et je tombai à la renverse ; peu s’en fallut que ma tête ne vînt se rompre contre le trottoir de ciment qui entourait la villa.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:51:06+02:00

Je dois dire d’ailleurs que ces spasmes n’apparaissaient que très rarement et jamais dans l’intimité de nos rapports. Je ne me souviens pas qu’une de mes paroles, un de mes gestes ait jamais provoqué en elle cette étrange transformation du visage en masque et du corps en marionnette. Au contraire, c’était dans les moments d’amour qu’elle paraissait atteindre l’apogée de son invraisemblable et indicible beauté. Il y avait alors dans la pupille dilatée de ses grands yeux un appel humble, doux, soumis, plus expressif que toute parole. Sa bouche paraissait exprimer, par la sensualité et la sinuosité de ses lèvres, une bonté capricieuse et intelligente et tout son visage accueillait mes regards comme un miroir mystérieux et rassurant auquel les blonds cheveux épars figuraient un cadre digne de lui. Le corps lui-même semblait se fixer dans sa forme la meilleure, gisant innocent et languide, sans force et sans pudeur, comme une terre promise qui s’offre aux premiers regards tout ouverte et dorée jusqu’au plus lointain horizon, avec ses champs, ses fleuves, ses collines et ses vallées.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:50:59+02:00

Et son corps, de même que son visage, avait une manière à lui de dédaigner l’enchantement de la beauté pour se contorsionner désagréablement. Elle se contractait toute dans un mouvement de peur et de dégoût mais en même temps, comme certains danseurs et mimes le font pour exciter le public, elle allongeait ses bras et ses jambes dans une attitude de défense et de répulsion, puis son corps s’arquait comme pour une invite ou une provocation. Elle semblait alors écarter avec ses bras un péril imaginaire mais en même temps la véhémente contorsion de ses hanches semblait indiquer que ce péril ou cette attaque ne lui déplaisait pas. L’attitude était choquante et, soulignée parfois par la grimace du visage, faisait douter qu’il s’agît de la même personne, l’instant précédent si réservée, si sereine et ineffablement belle.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:50:51+02:00

Je fis cette découverte dans les premiers jours de mon mariage et un instant j’eus presque le sentiment d’avoir été trompé comme un homme qui s’est marié par intérêt et découvre au lendemain des noces que sa femme est pauvre.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:50:42+02:00

Elle avait le nez long, droit et noble et une grande bouche rouge dont la lèvre inférieure ourlait largement un menton trop petit et dont la ligne extrêmement sinueuse évoquait une sensualité lourde et sombre. C’était un visage irrégulier et cependant très beau, d’une beauté comme je l’ai dit, insaisissable qui, dans certains moments et certaines circonstances – on le verra plus loin – devenait évanescent.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-07-25T15:50:32+02:00

Il faut tout d’abord que je parle de ma femme. Aimer, cela veut dire, entre bien d’autres choses, trouver du charme à regarder et à considérer la personne aimée. Et trouver du charme non seulement à la contemplation de sa beauté mais encore de ses défauts, qu’ils soient rares ou non. Dès les premiers jours de mon mariage, j’éprouvai un inexprimable plaisir à regarder Léda ( c’est ainsi qu’elle se nomme ), à épier son visage et toute sa personne dans ses moindres mouvements et ses plus fugitives expressions.

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