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Si je vous comprends bien, il y aurait des hommes qui frappent les femmes par goût, par habitude, en connaissance de cause, et ceux qui les frapperaient sans les frapper vraiment à regret, sans l'avoir voulu, quasiment par inadvertance, parce qu'un gifle leur aurait échappé, ou une bousculade, et ces hommes là seraient pardonnés d'avance, on devrait les excuser, parce qu'ils seraient, je ne sais pas, faibles ? esclaves de leurs pulsions ? pitoyables ? de leur propre aveu ? alors leur comportement devrait être minimisé ? je ne suis pas d'accord!
Afficher en entierTu sais, ça prend du temps de savoir qui on est, il faut réfléchir et dans ce but il faut apprendre à penser, oui, penser, tu m'as bien entendue, donc s'équiper des outils adéquats, acquérir une culture, exercer sa sensibilité et son intelligence.
Afficher en entierSon sourire était vraiment renversant, ce qu'il communiquait semblait passé en contrebande entre les parenthèses de deux fossettes profondes et arrondies, faisant des apartés de joie au fil de la conversation.
Afficher en entierSa vie, c'était ça, amour et mensonge étaient devenus deux notions interchangeables, indifférenciées, qui se mélangeaient pour constituer le fantasme, qui perdurait en elle, de réussite conjugale, de plénitude familiale, de longévité matrimoniale, au fil des jours, dans l'intimité du foyer, sous des apparences parfaitement trompeuses, y compris pour elle-même.
Afficher en entierClaquemurées dans la résignation depuis tellement d’années, ses ambitions pour le bonheur — ses ambitions d’adolescente — avaient beau avoir été violentées par la vie, elle les avait ranimées récemment : elle réclamait dès lors de chaque journée qu’elle lui prodigue une minute irradiante, une heure miraculeuse, une enclave d’émerveillement, un grand soupir extatique oublieux des tristesses de l’existence.
Afficher en entierOn est tous divisés, on est intérieurement plusieurs personnes contradictoires qui se combattent ou dont les intérêts se contredisent, on est tous amenés à jouer des rôles qui en définitive sont les facettes d’une vérité unique qu’on passe son temps à intérioriser, à travestir, à protéger du regard d’autrui et finalement à trahir, parce qu’on a honte de s’avouer aussi complexe, pluriel, tiraillé, contradictoire et donc essentiellement indéfini, alors que c’est précisément notre force, m’écrivait Bénédicte Ombredanne.
Afficher en entierElle s’était sentie mieux après avoir lu mon roman, il en était résulté la conviction qu’il est possible de s’unifier malgré le fait qu’on se perçoit comme fragmenté. Ce que mon livre démontrait, c’est qu’en superposant des morceaux de vie divergents, en agençant les pièces de différents puzzles, on peut voir surgir malgré tout un être en trois dimensions, sans trop de trous, même si des fêlures restent perceptibles à la jonction approximative des fragments, je la cite.
Afficher en entierCe qui accentuait cette intuition que Bénédicte Ombredanne n’allait pas très bien, c’était aussi l’importance qu’elle accordait aux livres qu’elle adorait, une importance que je sentais démesurée : comparable à un naufragé qui dérive en haute mer accroché à une bouée, elle les voyait comme détourner leur route et s’orienter lentement vers sa personne de toute la hauteur de leur coque, c’était bien eux qui allaient vers elle et non l’inverse, comme s’ils avaient été écrits pour l’extraire des eaux sépulcrales où elle s’était résignée à attendre une mort lente.
Afficher en entier"Accepter sa propre bizarrerie pour en faire sa joie, n'est-ce pas ce qu'on devrait tous faire dans nos vies ?"
Afficher en entierMa grande terreur, c'est que ma vie s'écoule inutilement comme de l'eau d'un robinet qu'on a oublié de fermer, ou d'un robinet qui fuit, quelque chose comme ça.
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