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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:43:31+02:00

Il eut la vague intention de bouger, son corps ne lui obéit pas. Changé en pierre, soudé aux chiottes. Les parents et Marie-Anne se foutraient de lui s’ils le surprenaient dans cette posture. Pas moyen de se lever, ni même de remuer les doigts, la déflagration avait lapidifié son système nerveux. Un souffle d’air tiède lui léchait le visage, adoucissait les brûlures à ses paupières, à ses narines.

Il réussit enfin à jeter un regard sur le côté. Des poutrelles métalliques s’enchevêtraient, s’agençaient en abri protecteur autour de lui. Un mikado géant. Des reliefs étranges émergeaient des volutes de poussière écharpées par les rafales, là, un ustensile de cuisine, là, une boîte métallique, là, des fragments de tuile, là, un sac de riz éventré, là, un masque à gaz… Et là, tout près, presque à toucher la sienne, la tête de Marie-Anne.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:43:21+02:00

Le mal au ventre de Pibe s’accentua et, avec lui, une énorme envie de pisser. Il ne bougea pas, il attendrait que les autres se soient endormis pour transvaser le contenu de sa vessie dans la cuvette chimique. Pas envie de partager ses écoulements intimes avec les parents et la frangine. Tant pis si la rétention tournait à la torture. Les bourdonnements des avions et le chapelet des explosions lui vrillaient la poitrine et la colonne vertébrale. Impossible de décontracter les muscles de son cou à moitié enfoncé dans ses épaules. Les douleurs aux omoplates et au dos se prolongeaient plusieurs jours après une nuit d’alerte.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:43:14+02:00

Cette fois encore, Pibe ne dormait pas – le Dieu de ses pères avait sans doute des prières plus importantes à exaucer. Il subissait avec un énervement grandissant les frottements, les gargouillements, les couinements étouffés de ses parents. Et puis son moi caché, sorti de sa tanière, s’associait à leur raffut. Et puis les ronronnements des bombardiers l’emberlificotaient dans une angoisse nauséeuse. Et puis il avait mal au ventre, peut-être à cause de l’eau qu’il avait bue directement au robinet. Comme on soupçonnait l’ennemi d’avoir empoisonné les stations d’épuration, le dernier cri en matière d’attentat terroriste, le ministère de la Santé recommandait l’usage intensif de filtres. La mère de Pibe ne se contentait pas de passer l’eau dans des entonnoirs garnis de trois épaisseurs de charbon, elle la faisait bouillir deux fois pour, disait-elle, éliminer tout risque. La prof de sciences de Pibe avait laissé entendre que ni les filtres ni la chaleur ni les pastilles purificatrices à base de chlore n’empêchaient les molécules malfaisantes de s’inviter dans les verres ou dans les casseroles. La preuve : le retour en force de la variole, du typhus, du choléra, des fléaux qu’on croyait définitivement éradiqués de la surface de la terre, et aussi l’émergence de nouvelles maladies.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:43:04+02:00

Aux bombes, aux missiles, il fallait ajouter les AK. André, un copain, un fanatique des jeux de guerre, avait appris à Pibe qu’AK signifiait attentat kamikaze, du nom de ces aviateurs japonais qui piquaient leurs zincs sur les bateaux, les tours ou les foules pendant la deuxième Guerre mondiale. Les AK d’aujourd’hui, les islamistes, se faufilaient entre les lignes occidentales et gagnaient les grandes villes de l’Union européenne où ils se faisaient sauter en entraînant le plus grand nombre possible de chrétiens dans la mort. Ou bien ils brandissaient un fusil d’assaut, AK47 ou AK74 – AK comme attentat kamikaze d’accord, mais pourquoi 47, pourquoi 74 ? – et tiraient dans le tas jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre. Ou encore ils se glissaient la nuit dans les appartements et les maisons dont ils égorgeaient les occupants endormis. Certains d’entre eux avaient perpétré plus de trois cents meurtres avant d’être repérés, pourchassés et livrés aux foules ivres de colère. Leurs corps démembrés, émasculés, écorchés, pourrissaient plusieurs jours sur les trottoirs. Des passants ne pouvaient s’empêcher de leur cracher ou de leur pisser dessus. Pibe avait vu des hommes attacher la dépouille d’un AK au pare-chocs de leur bagnole et rouler dans les ruelles du centre ville en klaxonnant et en poussant des glapissements de bête sauvage.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:42:55+02:00

Dans trois ans, peut-être moins, un archange en uniforme noir se présenterait à la maison et dirait à ses parents que l’Europe comptait sur leur fils pour défendre les terres et les vertus occidentales. Papa se gonflerait d’importance, déjà que l’inactivité lui gonflait pas mal le ventre et le menton, maman verserait des larmes discrètes, comme il sied à une mère chrétienne, Marie-Anne, la frangine, l’emmerdeuse, ricanerait, pas fâchée d’occuper enfin tout l’espace familial et la chambre de son frère. Pibe serait jeté dans un camion bâché en compagnie d’autres recrues de son âge, il partirait après dix jours de formation militaire pour la Roumanie ou la Pologne, quelque part entre les mers Noire et Baltique, il croupirait dans l’un de ces bunkers sinistres que montraient avec un mélange de fierté et de dégoût les reportages de la TEU, la Télévision européenne unique, jusqu’à ce qu’un officier de la légion lui ordonne de se présenter le cœur joyeux face à la mitraille impie.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:42:47+02:00

Papa ne trouvait jamais de termes assez haineux pour qualifier les fanatiques du Jihad. Pibe lui aurait bien suggéré « coupeurs de couilles », « faces de culs » ou « enculés de leur race », comme les enfants les appelaient entre eux dans la cour de récréation, mais il n’était pas certain de la réaction de ses parents. « Bordel » lui avait valu une claque retentissante, « putain » trois jours sans télé – pas trop grave, les couleurs, les mouvements et les scénarios des dessins animés diffusés entre 17 heureset 17 h 30 par la commission

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:42:38+02:00

L’électricité était coupée tous les jours aux alentours de 20 heures, sans compter les interruptions dues aux bombardements, aux orages, aux sabotages ou à la vétusté des disjoncteurs. Les bougies supplantaient alors les ampoules et grignotaient les ténèbres en grésillant et répandant leur pénible odeur de cire chaude. Les flammes dansantes donnaient une autre dimension aux objets et aux gens. Elles transformaient, par exemple, les visages du père et de la mère de Pibe en masques durs, grinçants, et celui de sa sœur en pointe de lame toujours prête à piquer. Elles symbolisaient également le couvre-feu, les heures lentes et étouffantes de l’enfermement, du confinement. Les auxiliaires civils de la légion avaient reçu l’ordre de tirer sans sommation sur tout individu surpris dehors entre 8 heures du soir et 6 heures du matin. Ils ne s’en privaient pas : certaines nuits, les labyrinthes des rues étaient le théâtre de véritables chasses à l’homme.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:42:24+02:00

Zara n’avait pas remis les pieds à l’école. La prof principale avait expliqué que sa famille avait trahi la confiance du Prophète et la cause du peuple occidental assiégé par les armées du Jihad. À Pierre-Jean, qui s’était inquiété du devenir de Zara et de ses deux sœurs, la prof avait répondu qu’elles seraient sans doute transférées dans un prime nid, une école prophétique, et qu’ainsi libérées de l’influence néfaste de leurs parents, elles deviendraient de bonnes chrétiennes et de vraies patriotes. La prof en avait profité pour glorifier le sacrifice de

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-27T17:42:18+02:00

Pibe n’aimait pas le ciel.

Il tombait toujours quelque chose de ce plafond sale et bas, eau, grêle, éclairs, nuées d’insectes, merdes d’oiseaux, missiles longue portée dont les sifflements précédaient de quelques secondes les terribles impacts, averses de bombes larguées par des fantômes d’avions aux bourdonnements ténus, presque abstraits.

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Extrait ajouté par Caroline 2013-01-19T18:23:49+01:00

"- C'est curieux, je... je ne veux plus rien, je n'ai plus d'envies.

(...)

- Déroutant, hein ? Pour la grande majorité des hommes, cesser de vouloir équivaut à cesser de vivre. Pour toi et moi, et pour tous ceux qui nous ont précédés dans cette voie, dans cette non-voie plutôt, c'est exactement le contraire : on commence à vivre quand on cesse de vouloir".

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