Extraits

Elle avait dû déployer des trésors d'ingéniosité pour apporter ce livre de si loin. Et faire preuve de cran.Mais il savait déjà qu'elle possédait l'un et l'autre.

- Je n'aurais laissé personne me le prendre.Il aurait fallu me tuer d"abord.

Ariana fut choquée par les paroles de son père. Jamais elle n'aurait soupçonné qu'il envisage de fuir. À cet instant, Berthold frappa à la porte pour annoncer le dîner, et tous trois quittèrent le salon en silence.

Le vent fouettait Doff et Cassandra alors qu'ils se promenaient le long du lac du château de Charlottenburg. Cet après-midi, ils étaient seuls dans le parc. Les enfants étaient retournés à l'école et le froid vif avait dis IADE' les promeneurs habituels. Doff et Cassandra savouraient leur balade solitaire.

- Vous n'avez pas envie de vivre, Ariana ? interrogea-t-il.

- Pourquoi le devrais-je ?

- Parce que vous êtes jeune. Votre vie reste à bâtir. Tout sera possible pour vous quand cette guerre sera terminée.

- Est-ce tellement important ? répliqua Ariana, nullement convaincue.

Elle se remémorait son regard lorsqu'il contemplait les portraits de ses enfants et de sa femme.

- Parce que, vous, vous avez envie de vivre ? reprit-elle.

- Plus qu'avant, oui, avoua-t-il d'une voix sourde. Comme ce sera le cas pour vous, plus tard.

- Pourquoi ? Plus rien ne compte désormais. Et tout cela ne finira jamais.

Ensemble, ils prêtaient l'oreille au sifflement lointain des bombes, mais elle ne semblait pas effrayée, seulement désespérément triste. Elle aurait voulu que les bombes tuent tous les nazis. Alors elle aurait été libre - ou morte.

- Si, ça finira un jour, Ariana. Je vous le promets.