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"Au fil des années, sa tendance à explorer des endroits qui lui étaient interdits avait appris à Will à se déplacer à découvert sans se faire repérer. Les branches de l'arbre agitées par le vent dessinaient sur le sol des motifs changeants dont Will tirait avantage pour se mouvoir.

D'instinct, il accorda ses pas au rythme des arbres, se fondant avec aisance dans les ombres qui se formaient de se déformaient sur le sol, et qui l'aidaient à se dissimuler.

Avec aisance, le garçon se mit ensuite à grimper à toute allure le long du mur et parcourut les cinq premiers mètres en quelques secondes, allongeant ses membres contre la paroi rugueuse à la manière d'une araignée géante. Mais quand il entendit les lourd pas du sergent arriver à sa hauteur, il se figea et resta agrippé au mur, craignant que le moindre petit bruit n'alerte la sentinelle. Une sensation de soulagement l'envahit quand enfin ses mains se refermèrent sur le rebord en pierre de la fenêtre et qu'il atterrit sur le sol du bureau du Baron. La feuille de papier tant convoitée brillait dans le clair de lune; elle était à présent à sa portée. Il tendit la main. Ses doigts effleurèrent le papier. Une main sortit de nulle part et saisit son poignet!"

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Un vacarme indescriptible provenait des fourrés : de furieux jappements auxquels se joignaient des hurlements à glacer le sang. On entendit les arbres et les buissons craquer, se rompre et le bosquet trembler de toutes parts.

Soudain, le sanglier en sortit.

Il arriva au centre du cercle ; en poussant un hurlement de rage, il se débarassa d'un des chiens qui s'accrochaient encore à lui, fit une courte pause puis chargea en direction des chasseurs à une vitesse aveuglante.

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Il prit une flèche dans son carquois, glissa de sa celle avec agilité vers la torche allumée. Une bonne quantité de résine avait fondu et coulé le long du manche : il trempa la pointe de sa flèche dans la substance visqueuse et la plaça au dessus de la flamme.

Quarante mètres plus loin, retentissait les incessants cris de triomphe de la diabolique créature, dressée devant les trois hommes : Halt sans connaissances, Arald au paroxysme de la douleur et Rodney, les bras ballants, toujours pétrifié et impuissant, attendant la mort. Le Kalkara leva alors l'une de ses énormes pattes griffues pour l'abattre sur lui ; le chevalier ne ressentait rien d'autre que de la terreur.

Will banda son arc autant qu'il put ; il grimaça de douleur tandis que les flammes léchaient la main qui tenait l'arme. Il tint compte du poids supplémentaire de la résine, redressa légèrement son arc et décocha sa flèche.

Elle s'envola dans les airs en décrivant une courbe chargée d'étincelles, le vent réduisant la flamme à une simple braise. Le Kalkara aperçut cet éclair de lumière et se retourna, un mouvement qui décida de son sort : la flèche l'atteignit en pleine poitrine.

Elle pénétra à peine dans la chaire, mais, au contact des poils, la braise qui se trouvait sur la pointe embrasa la fourrure à une incroyable vitesse.

A la vue du feu, la seule chose qu'il craignait au monde, le Kalkara se mit à hurler de terreur ; il se frappa la poitrine mais cela n'eut pour effet que de propager le feu à ses bras. Une grande flamme jaillit soudain, brûlant le monstre des pieds à la tête. Il tournait sur lui même, à l'aveuglette, s'efforçant en vain d'échapper à la férocité des flammes. Ses cris allaient crescendo, se faisaient de plus en plus perçants, et témoignait d'une agonie difficile à imaginer.

Les hurlements s'arrêtèrent enfin : la créature était morte.

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Le lendemain serait un grand jour, il le savait. En fait, il ne le savait que trop. Le jour le plus important de sa vie, le Jour du Choix, déterminant pour son avenir.

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" Halt fit un signe de tête et recula, donnant l’impression de s’évanouir dans le décor. Will observa cet énigmatique personnage avec angoisse, se demandant quel renseignement il venait de transmettre au Baron. Tout comme nombre de gens, Will avait gandi dans l’idée qu’il valait mieux éviter les Rôdeurs. Ils appartenaient à un Ordre obscur, impénétrable et nimbé de mystère et on les considérait avec de l’appréhension voire de la crainte. "

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1

— Essaie de manger quelque chose, Will. Après tout, demain est un grand jour.

Jenny, une jolie blonde enjouée, désigna l'assiette à laquelle Will avait à peine touché, et lui sourit d'un air encourageant. Will s'efforça de lui rendre son sourire, mais échoua lamentablement. Il piocha du bout des doigts dans son assiette, où s'empilaient pourtant ses mets préférés. Ce soir, l'estomac noué par l'anxiété et l'appréhension, il ne parvenait pas à avaler un seul morceau.

Le lendemain serait un grand jour, il le savait. En fait, il ne le savait que trop. Le jour le plus important de sa vie, le Jour du Choix, déterminant pour son avenir.

— Le trac, je suppose, dit George.

Ce dernier reposa sa fourchette bien fournie pour attraper les revers de sa veste d'un air posé. George, un garçon à la mine sérieuse, mince et dégingandé, nourrissait une fascination pour les règlements et les lois. Il avait tendance à examiner les deux aspects d'une question, puis à en débattre parfois longuement.

— Une chose terrible, l'anxiété. Qui paralyse à un tel point que l'on ne peut plus ni penser, ni manger, ni parler, observa-t-il.

— Je n'ai pas le trac, dit Will avec précipitation, voyant Horace qui levait les yeux vers lui, prêt à lancer une remarque sarcastique.

George hocha plusieurs fois la tête, réfléchissant à la réponse de Will.

— D'un autre côté, un brin de nervosité peut aussi améliorer une performance, aiguiser la perception et affiner les réactions. Ainsi, que tu sois inquiet — si, bien sûr, tu l'es — ne doit pas nécessairement t'inquiéter... pour ainsi dire.

Will ne put réprimer un léger sourire narquois. Il se dit que George ferait un excellent homme de loi. Le Maître des scribes le choisirait certainement le lendemain matin. Will songea que là était son véritable problème : parmi les cinq orphelins, il était le seul à craindre le Grand Choix qui aurait lieu dans une douzaine d'heures.

— Il a raison d'être nerveux ! se moqua Horace. Après tout, quel Maître va vouloir de lui comme apprenti ?

— Je suis certaine que nous sommes tous anxieux, dit Alyss, qui offrit à Will l'un de ses rares sourires. Nous serions stupides de ne pas l'être.

— Eh bien ce n'est pas mon cas ! dit Horace, qui rougit quand il vit qu'Alyss avait haussé les sourcils et que Jenny s'était mise à glousser.

On reconnaissait bien là Alyss, se dit Will. Il savait que la grande et gracieuse jeune fille avait déjà reçu la promesse d'être l'apprentie de Dame Pauline, responsable du service diplomatique du Château de Montrouge. Elle faisait semblant d'être inquiète et s'était retenue de relever la gaffe d'Horace : preuve qu'elle était déjà une habile diplomate.

Bien évidemment, Jenny serait immédiatement attirée par les cuisines, le domaine de Maître Chubb, le chef cuisinier du château. Il était renommé d'un bout à l'autre du Royaume pour les banquets servis dans l'imposante salle à manger de Montrouge. Jenny adorait cuisiner, elle était facile à vivre et son inébranlable bonne humeur ferait d'elle une précieuse recrue dans l'agitation des cuisines.

Le choix d'Horace se porterait sur l'École des guerriers. Will jeta un œil vers son camarade, qui attaquait avec voracité la dinde rôtie, le jambon et les pommes de terre empilés dans son assiette. Cet athlète-né était costaud pour son âge. Il n'y avait aucun risque que la place lui soit refusée. Horace correspondait exactement au profil des recrues que Messire Rodney recherchait comme apprentis guerriers : robuste, athlétique, bien bâti ; et, pensa Will avec un rien d'aigreur, pas trop intelligent. L'École ouvrait une voie vers la chevalerie pour des garçons de basse extraction, comme Horace, mais possédant des capacités physiques qui leur permettaient de servir le Royaume en devenant chevaliers.

Restait Will. Quel serait son choix ? Plus important encore, comme Horace l'avait fait remarquer, quel Maître l'accepterait comme apprenti ?

Le Jour du Choix était un tournant essentiel dans l'existence des pupilles du château, des orphelins qui devaient leur éducation à la générosité du Baron Arald, Seigneur du fief de Montrouge. Pour la plupart, leurs parents étaient morts au service du châtelain, et le Baron estimait qu'il était de son devoir de prendre soin des enfants de ses sujets et de leur donner l'occasion d'améliorer leur statut social chaque fois que cela était possible.

Le Jour du Choix était l'une de ces occasions.

Une fois par an, les pupilles qui avaient atteint leur quinzième année postulaient pour faire leur apprentissage auprès de l'un des Maîtres au service du château et de ses habitants. Habituellement, les apprentis étaient sélectionnés en fonction de la profession de leurs parents ou de l'influence que ces derniers avaient sur les Maîtres. Les pupilles n'avaient pas ces avantages mais, grâce au Jour du Choix, ils pouvaient obtenir une place qui leur offrait un avenir.

Les orphelins qui n'étaient pas choisis, ou pour lesquels on ne trouvait aucun métier, étaient placés chez l'un des paysans du village voisin, afin de participer aux travaux des champs et de soigner les bestiaux qui procuraient de la viande aux habitants du château. Il était rare que cela arrive, Will le savait, le Baron et les Maîtres s'arrangeaient pour fournir une place à chacun. Mais c'était un sort qui l'effrayait plus que tout autre.

Les yeux d'Horace croisèrent les siens et il lui sourit d'un air suffisant.

— T'as toujours l'intention d'être candidat pour l'École des guerriers, Will ? demanda-t-il entre deux bouchées de dinde et de patates. Si c'est le cas, tu ferais mieux de manger quelque chose. Tu as besoin de te muscler un peu... ajouta-t-il en s'étranglant de rire.

Will lui lança un regard mauvais. Quelques semaines plus tôt, Horace avait entendu Will confier à Alyss qu'il souhaitait ardemment entrer à l'École des guerriers. Depuis, Horace avait fait de sa vie un enfer, en répétant le plus souvent possible que la frêle carrure de Will ne se prêtait absolument pas aux rigueurs d'un entraînement guerrier.

Horace avait probablement raison et cela ne faisait qu'aggraver les choses. Il était grand et musclé, alors que Will était petit et maigre. Will était agile, rapide et possédait une force étonnante, mais il n'avait tout simplement pas la taille requise pour devenir un apprenti guerrier. Ces dernières années, il n'avait cessé d'espérer qu'il ferait sa « poussée de croissance » avant le Jour du Choix. Mais rien ne s'était passé et le grand jour était désormais proche.

Comme Will ne disait rien, Horace comprit qu'il avait visé juste, chose rare dans leur relation tumultueuse. Ces dernières années, Will et lui s'étaient régulièrement affrontés. Horace, le plus fort des deux, avait généralement le dessus, mais parfois, grâce à sa vivacité et son agilité, Will lui avait lancé un coup de pied ou de poing puis s'était enfui avant qu'Horace ne puisse l'attraper.

Pourtant, si Horace l'emportait généralement lors de leurs affrontements physiques, il était rare de le voir gagner une joute verbale. L'esprit de Will était aussi agile que ses jambes et il réussissait presque toujours à avoir le dernier mot. À vrai dire, ce penchant avait souvent été à l'origine de leurs disputes : Will n'avait pas encore appris qu'avoir le dernier mot n'était pas forcément une bonne idée. Cette fois, Horace décida d'en profiter :

— Tu as besoin de muscles pour entrer à l'École des guerriers, Will. De vrais muscles, dit-il en jetant un œil autour de la table pour voir si les autres l'approuvaient.

Les pupilles, mal à l'aise, se concentraient sur leur assiette.

— Et surtout, d'en avoir un à la place du cerveau ! rétorqua Will.

Malheureusement, Jenny ne put s'empêcher de glousser. Horace, cramoisi, se leva de son siège. Mais Will fut plus rapide et, avant même qu'Horace puisse se dépêtrer de sa chaise, il était déjà près de la porte. Alors que Will battait en retraite, Horace se contenta de lancer :

— C'est ça ! Fiche le camp, Will Sans-Nom ! Tu n'as pas de nom et personne ne voudra de toi comme apprenti !

Depuis le vestibule, Will entendit cette dernière remarque et il se sentit rougir. C'était pour lui la pire des insultes ; il s'était pourtant efforcé de le dissimuler à Horace, sachant que cela lui aurait fourni une arme supplémentaire.

C'était la vérité, personne ne connaissait le nom de famille de Will. On ne savait pas qui avaient été ses parents. Contrairement à ses camarades, qui vivaient déjà au château avant que leurs parents meurent et dont on connaissait les familles, Will était arrivé de nulle part, quand il n'était qu'un nouveau-né. Quinze ans plus tôt, on l'avait trouvé sur les marches de l'orphelinat, enveloppé d'une petite couverture et couché dans un panier. Un mot, épinglé à la couverture, disait :

Sa mère est morte en lui donnant la vie.

Son père est mort en héros.

Merci de prendre soin de lui. Il s'appelle Will.

Cette année-là, il n'y avait qu'un seul autre enfant, une orpheline. Le père d'Alyss, un lieutenant de cavalerie, était mort durant la bataille de Hackham, lors de laquelle l'armée wargal de Morgarath avait été vaincue et avait battu en retraite dans les montagnes. Accablée par le chagrin, la mère d'Alyss avait succombé à une fièvre quelques semaines après son accouchement. Il y avait donc suffisamment de place dans l'orphelinat pour l'enfant inconnu et le Baron Arald avait bon fond : malgré les circonstances inhabituelles, il avait autorisé à ce que Will soit pris en charge par le château de Montrouge. Selon toute logique, si le message disait vrai, le père de Will avait dû mourir dans la guerre contre Morgarath, et puisque le Baron y avait joué un rôle essentiel, il était de son devoir d'honorer le sacrifice de ce père inconnu.

Grâce à la bonté du Baron, Will devint ainsi un enfant du château et reçut éducation et instruction. Au fil du temps, d'autres enfants les avaient rejoints, Alyss et lui, jusqu'à ce qu'ils soient au nombre de cinq dans la même classe d'âge. Mais ses camarades gardaient des souvenirs de leurs parents ou, dans le cas d'Alyss, des gens les avaient connus et pouvaient lui en parler ; Will, lui, ignorait tout de son passé.

C'est pourquoi il s'était inventé une histoire qui l'avait aidé tout au long de ces années passées à l'orphelinat. Et avec le temps, il avait ajouté des détails et de l'épaisseur à son récit, si bien que lui-même se mit à y croire.

Il savait que son père était mort en héros. Il était donc naturel de l'imaginer revêtu d'une armure, combattant des hordes de Wargals, les fauchant de son épée, jusqu'à ce que leur nombre ait raison de lui. Will avait souvent convoqué cette haute silhouette dans son esprit, voyant chaque détail de son armure, mais sans jamais pouvoir discerner son visage.

En tant que guerrier, son père se serait attendu à ce qu'il suive la même voie. Voilà pourquoi il était si important pour Will d'appartenir à l'École des guerriers. Plus il semblait improbable qu'il serait choisi, plus il se raccrochait désespérément à l'espoir de devenir chevalier.

Il sortit du bâtiment et se retrouva dans la cour sombre du château. Le soleil était couché depuis longtemps et les torches placées tous les trente mètres environ le long des murs d'enceinte diffusaient une lueur vacillante. Il hésita un instant. Il ne voulait pas retourner à l'intérieur et affronter les continuelles moqueries d'Horace. Cela se terminerait à coup sûr en bagarre, une bagarre dont il sortirait perdant, à n'en pas douter. George essaierait certainement d'analyser les différents aspects de la situation et ne ferait que la rendre plus confuse encore. Alyss et Jenny tenteraient peut-être de le réconforter, surtout Alyss, qui avait grandi à ses côtés. Mais, à cet instant, il ne voulait pas de leur compassion et ne se sentait pas capable d'affronter Horace ; il se dirigea donc vers l'unique endroit où il savait qu'il serait seul.

À maintes reprises, l'énorme figuier qui poussait près du donjon avait été son refuge. Le garçon n'avait pas le vertige ; il y grimpa avec aisance et atteignit le sommet de l'arbre, où les branches les plus légères s'inclinaient sous son poids. Par le passé, il avait souvent pu échapper à Horace en se réfugiant là. Ce dernier, plus costaud, ne pouvait rivaliser d'agilité avec Will et refusait de le suivre si haut. Will trouva une position confortable entre deux branches et s'y cala, son corps s'accordant aux légers mouvements des branchages que berçait la brise nocturne. Plus bas, dans la cour, il apercevait les petites silhouettes des gardes qui effectuaient leur ronde.

Il entendit la porte de l'orphelinat s'ouvrir et aperçut Alyss qui le cherchait du regard. La jeune fille hésita quelques instants puis, semblant hausser les épaules, retourna à l'intérieur. Sur le sol de la cour, le long rectangle de lumière de la porte ouverte disparut soudain, tandis qu'elle la refermait doucement derrière elle. Étrange, se dit-il, que les gens aient si rarement l'idée de lever les yeux.

Un doux froissement d'ailes se fit entendre et un hibou se posa sur la branche voisine ; sa tête pivota et ses yeux immenses captèrent les derniers rayons de la faible lumière. L'oiseau observa le garçon avec indifférence, comme s'il savait qu'il n'avait rien à craindre de lui. C'était un chasseur silencieux, un seigneur nocturne.

— Toi, au moins, tu sais qui tu es, dit-il doucement à l'oiseau.

La tête du hibou pivota en sens inverse et il s'élança alors dans l'obscurité, laissant Will seul avec ses pensées.

Les lumières du château s'éteignirent peu à peu, les unes après les autres. Les torches ne furent plus que des tisons fumants, remplacées à minuit lors du changement de la garde. Bientôt, il n'y eut plus qu'une seule lueur visible ; il savait qu'elle provenait du bureau du Baron, où le Seigneur de Montrouge travaillait probablement encore, le visage penché sur des rapports et des documents. La pièce était presque au même niveau que Will et il apercevait la solide carrure du Baron assis devant sa table. Finalement, l'homme se leva, s'étira et se pencha en avant pour éteindre la lampe avant de quitter la pièce, se dirigeant ensuite vers ses appartements situés à l'étage au-dessus. Le château était maintenant endormi, à l'exception des gardes postés sur le chemin de ronde, qui restaient aux aguets.

Will prit conscience que dans moins de neuf heures il serait confronté au Choix, et il craignait le pire. En silence, il descendit de l'arbre et, d'un air misérable, se dirigea vers le dortoir des garçons, plongé dans l'obscurité.

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Morgarath, Seigneur des Montagnes de Pluie et de Nuit, ancien Baron du fief de Gorlan dans le Royaume d'Araluen, parcourut du regard son triste domaine balayé par les pluies et lança un énième juron.

C'était tout ce qui lui restait désormais : un fouillis de falaises de granite aux contours déchiquetés, des amas de rochers et de montagnes glaciales, de gorges à pic et d'étroits défilés escarpés, de gravier et de roche, sans aucun arbre ni trace de verdure pour en briser la monotonie.

Quinze ans plus tôt, il avait été repoussé dans cette région inhospitalière qui était devenue sa prison, mais il se souvenait encore du charme des vertes clairières et des collines généreusement boisées de son ancien fief, des cours d'eau poissonneux et des champs aux récoltes abondantes et riches en gibier. Gorlan avait été un bel endroit animé. Les Montagnes de Pluie et de Nuit, elles, étaient mortes et désolées.

En bas, dans la cour du château, un escadron de Wargals s'entraînait. Morgarath, à l'écoute du chant guttural et rythmé qui accompagnait chacun de leurs mouvements, les observa quelques secondes. Les Wargals étaient des êtres trapus et difformes, aux traits à demi humains, des brutes qui arboraient un long museau et des crocs semblables à ceux d'un ours ou d'un molosse.

Évitant tout contact avec les humains, les Wargals vivaient et se reproduisaient dans ces montagnes éloignées depuis des temps reculés. Personne, de mémoire d'homme, n'avait jamais posé les yeux sur l'un d'entre eux, mais il subsistait des rumeurs et des légendes racontant qu'une tribu de bêtes sauvages, à demi intelligentes, vivait dans les Montagnes. Morgarath, des années plus tôt, avait projeté de se révolter contre le Royaume d'Araluen et il avait quitté son fief de Gorlan afin d'aller à leur recherche. Il pensait que si de telles créatures existaient vraiment, elles seraient un atout dans la guerre à venir.

Cela lui prit des mois, mais finalement, il les trouva. Hormis leur chant sans paroles, les Wargals ne possédaient pas de langage et communiquaient par le biais d'une forme primitive de transmission de pensée. Mais leur esprit restait simple et leur intellect faible. Ils étaient ainsi prédisposés à se voir dominés par une intelligence et une détermination supérieures. Morgarath les plia à sa volonté et ils devinrent pour lui l'armée idéale : d'une laideur cauchemardesque, dépourvus de toute pitié, ils étaient totalement soumis à ses ordres mentaux.

Tout en les observant, il se remémorait les chevaliers en armures étincelantes, vêtus avec éclat, qui concouraient aux tournois du Château de Gorlan, leurs dames en robes de soie qui les encourageaient et applaudissaient leurs exploits. Il les comparait à ces créatures difformes, au pelage noir, et il laissa échapper un nouveau juron.

Les Wargals, à l'écoute de ses pensées, détectèrent son trouble et s'agitèrent de façon inquiétante, interrompant leurs exercices. Avec colère, il leur ordonna de reprendre l'entraînement et, bientôt, leur chant résonna à nouveau.

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— Je travaillerai dur, Messire, dit-elle avec ferveur.

— C’est à espérer ! répliqua-t-il avec entrain. Je m’en assurerai : pas de flemmards ni de tire-au-flanc dans mes cuisines, sache-le.

Craignant que l’occasion ne lui échappe, Jenny joua sa carte maîtresse :

— J’ai la silhouette idéale pour l’emploi.

Chubb était d’accord, elle était bien en chair. Arald dut à nouveau réprimer un petit sourire.

— Il y a du vrai dans ce qu’elle dit, intervint-il, et le cuisinier se tourna vers lui en signe d’assentiment.

— La silhouette est essentielle, Messire, tous les grands cuisiniers ont tendance à être... enveloppés.

Il regarda à nouveau la jeune fille et se mit à réfléchir. Les autres pouvaient peut-être se permettre d’accepter des apprentis en un clin d’œil, mais la cuisine était un domaine à part.

— Dis-moi, que ferais-tu d’un pâté de dinde ?

Jenny lui lança un sourire éclatant et répondit sans hésiter :

— Je le mangerais !

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Les kalkaras

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