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Prologue

Chasse Nocturne

Les Anciens me répétaient souvent qu'il fallait être fou pour s'aventurer dans la Contrée Oubliée; que tous ceux qui foulaient son sol rocailleux n'en revenaient jamais. Même les plus courageux guerriers n’osaient pas se rendre là-bas. Et la raison était très simple: selon les légendes, cet endroit serait frappé d’une ténébreuse malédiction venant du plus profond des Âges.

Pourtant, en dépit de ces incessantes mises en garde, je ne crains pas le danger.

Installée sur le dos de mon ami Volondil, un aigle géant apprivoisé par mes soins, je survole les immenses espaces aériens que m'offrent la Vallée Oubliée, située en contrebas, au travers d’une épaisse couche de brume qui la dissimule. Cette contrée, jadis réputée pour être magnifique, n’est plus aujourd’hui qu’une coquille vide, un fantôme délaissé de tous.

Depuis le ciel, je distingue quelques sommets qui émergent çà et là du brouillard opaque, se dressant fièrement, telles de sombres et menaçantes tours des temps anciens.

J’apprécie particulièrement cet endroit reculé, loin de toute agitation, même si les membres de mon peuple le tiennent en horreur. Les elfes, bien que réputés pour leur sagesse, fabulent de nombreuses histoires à propos de la Vallée. De ce fait, les ordres promulgués par la dynastie royale prohibent toute sortie en ce lieu tant que l’on est mineur. À l’Académie, j’ai eu droit à des explications nébuleuses concernant cette loi. Je ne l’ai jamais vraiment comprise. De toute façon, elle ne me concerne plus, puisque je suis maintenant âgée de cent ans, soit l’Âge de Raison chez nous les elfes, un moment sacré où nous passons pour de bon dans le monde adulte. Je suis libre d’aller chasser où bon me semble.

La suzeraine de ma cité, Elbereth, a enfin levé l’Interdiction qui pesait sur moi. Je ne suis plus entravée par ces chaînes inviolables.

Armée de mon arc, je me tiens prête.

Afin de prouver à certains elfes que je ne suis pas aussi faible qu’ils ne le pensent, je dois à tout prix rapporter une proie de belle taille, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Les daims et les cerfs se font de plus en plus rares. Cet amoindrissement des proies pousse certaines personnes à devenir végétariennes ; ils le sont déjà dans les villes du Sud.

Moi, je vis au Nord du royaume, là où le climat m’oblige à me nourrir de mets plus riches en protéines. Dans ma ville natale, les chasseurs sont respectés. Je suis un redoutable archer monté sur un aigle ; je suis la mort qui vient d’en haut. Je sais que les animaux terrestres ne pensent pas à ce qui pourrait les attaquer par le ciel. Cette conclusion me tire un petit sourire.

Le fait de pouvoir chevaucher un aigle géant, animal réputé indomptable, me remplit de joie et de prestige : peu d’elfes en sont capables. Dans la cité d’où je viens, je suis la seule à y parvenir. Cette faculté est réservée à une élite. Je me flatte d’en faire partie, tout en supposant que cela doit être lié à mon pouvoir, car je ne soupçonne aucune autre cause.

En Erthalian, certains elfes possèdent un don singulier, en plus de leurs incroyables capacités physiques. Cela est considéré comme un cadeau des dieux par les prêtres et peut aller de la transformation en animal à la maîtrise d’un élément, tel l’eau ou la lumière.

Le mien consiste à pénétrer l’âme des gens.

Et bien que cela s’avère pratique pour mes activités de chasseuse, ce présent fait par les déités tutélaires empoisonne davantage ma vie qu’il ne la rend heureuse. À cette simple pensée, de sombres réminiscences envahissent mon esprit, le parasitant. J’entends résonner en moi les rires goguenards des elfes de mon âge, ainsi que les échos de leurs insultes. Je m’ébroue mentalement ; je ne dois pas les laisser me distraire.

Je me concentre de nouveau sur ma chasse.

La nuit est tombée et les montagnes procurent au paysage un aspect effrayant. Le ciel au-dessus de moi étant clair, j’arrive encore à distinguer ce qui m’entoure. Je dois toutefois rester prudente : je ne suis pas seule dans le ciel. Une espèce belliqueuse de dragons peuple également cette région reculée du monde.

J’arme mon arc, encoche une flèche et attends.

Les dizaines de tresses qui composent ma coiffe virevoltent dans les rafales nocturnes, laissant voir toutes les nuances de ma toison bicolore, composée de mèches noires et blanches. Je les aperçois qui me passent devant le visage, ondulant gracieusement comme un animal marin. Un demi-sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je vois des cheveux immaculés passer dans mon champ de vision. Malgré les soucis que cette couleur inhabituelle générait, je l’affectais particulièrement car elle me permettait de me démarquer des autres.

Soudain, un terrible rugissement déchire la tranquillité du ciel.

Je sursaute et hurle, à l’adresse de Volondil :

— Plonge vers la vallée !

Il pousse un cri strident, replie ses ailes et plonge dans cet étrange monde immaculé. Je me tiens, solidement ancrée sur son dos, les dents serrées, mon arc placé en travers de ma selle. Nous pénétrons au cœur de la brume, bien plus épaisse que je ne le pensais. Je ne vois rien. Pendant plusieurs secondes, je ne sais plus du tout où je suis. Je suis totalement aveuglée, ne voyant que des nuages autour de moi. Je suis saisie par l’appréhension : j’espère que nous n’allons pas percuter une montagne. Ma main se crispe sur mon arc jusqu’à ce que mes jointures en deviennent blanches. Si nous heurtons la roche, notre aventure est terminée. De nombreuses créatures aériennes se font piéger ainsi dans cette région, je vois souvent des cadavres aux ailes brisées dans les méandres de la Vallée. Je tâche de ne pas trop penser à cela et prie tous les dieux de bien vouloir être cléments.

D’un coup, le brouillard se dissipe et le paysage revient.

Trop rapidement à mon goût.

— Redresse-toi, Volondil ! crié-je d’un ton brusque.

Une seconde de plus et nous plongions tous les deux dans le sinistre lac qui s’étend au cœur de la Contrée Oubliée. L’Aigle panique un instant avant de battre des ailes et de fendre l’écume du bout de ses serres acérées.

La peur passée, je soupire de soulagement et caresse les plumes de mon ami pour l’apaiser.

Par les dieux, juré-je mentalement, j’ai cru que j’allais y passer !

Nous volons désormais à quelques toises au-dessus de la surface des flots. Je me retourne et observe le ciel, mon arc bandé. Je le scrute avec attention pendant quelques minutes. Le dragon ne se montre pas. Je suis rassurée ; même si les Aigles sont plus agiles et plus rapides, les dragons restent de féroces prédateurs dans le domaine aérien.

Ne le voyant pas, je me replace sur le dos de ma monture, les pieds appuyés entre les ailes et le dos, à moitié debout, ma main libre tenant fermement le collier noir que je lui ai mis dix ans auparavant. J’empoigne mon arc, raidie. Pas de gibier en vue, pas même un poisson. Je ne perçois pas leurs pensées dans le lac, ni le moindre signe de vie. Je crois que la surface de l’eau me fait obstacle. Je décide alors d’aller vers les falaises et la cascade, au Nord du lac, là où se situent des bois qui abondent en cerfs.

Nous volons tranquillement à basse altitude. Je profite de cette lenteur pour observer ces paysages qui hantent les elfes de mon pays. Je dois dire qu’ils ne sont pas très accueillants…

Le lac semble maudit – c’est d’ailleurs de lui que proviennent toutes les sombres légendes elfiques ; sa couleur est verdâtre, sa surface est si calme qu’elle en devient un miroir parfaitement poli ; quelques troncs d’arbres, aussi pâles que des os, dépassent des flots à proximité des berges. Les montagnes, de chaque côté des rives du lac, sont majestueuses mais assombrissent l'endroit. Les sapins, quant à eux, ne bougent pas malgré le vent glacial qui souffle dans la vallée et résonne entre les pics.

Tout est sombre; tout est silencieux; tout semble mort.

Mon Aigle pousse alors un cri strident, angoissé. Je lis ses pensées et comprends qu’il est agité. Je crois qu’il vient de réaliser que nous sommes sûrement les seuls êtres vivants présents ici.

Cette pensée me terrifie.

Quand soudain, comme pour contredire ce que je viens de penser, le temps me paraît comme figé et je reçois un choc mental provenant du Nord de la vallée. Je me prends la tête dans mes mains et ferme les yeux. Je parviens à entendre, au plus profond de mon être, une toute petite voix, faible et suppliante.

Assez… J’en ai assez… Je n’en peux plus… Que quelqu’un me libère !

Je ne saisis pas le sens de ces bouts de phrases. Le libérer de quoi ? Je sens l’inquiétude me gagner. Que dois-je faire ? Je ne suis pas loin, je devrais aller voir ce qu’il se passe. D’un autre côté, je ne suis pas un guerrier. Si les choses tournent mal, saurais-je me défendre ?

Ma curiosité finit par prendre le dessus.

J’ordonne à Volondil de s’orienter vers cette voix, tout en adressant une rapide prière aux dieux, espérant ne pas être en train de commettre une grave erreur.

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