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Ah ! misère, et misère et misère, s'il faut m'escrimer, toute la nuit, tout le jour, sur une vieille carcasse de femelle, et après, une fois débarrassé d'elle, remettre ça sur une ribaude-crapaude aux babines boursuifflées ! N'est-ce pas là triste misère ? Oui certes, accablante misère pour un homme ! Ô dieu de sauvegarde, quel cruel destin d'avoir à tirer ma coupe avec des morues pareilles !
Afficher en entierGAILLARDINE
Le tour est joué, Mesdames ! Nous avons eu de la chance, et l'issue des évènements est conforme à nos plans. Mais à présent, à toute de vitesse, défaites-vous des manteaux, dépêtrez-vous des godillots (à une femme, en lui montrant les courroies des spartiates)
De ce harnais de Sparte, ôte les brides, toi !
Jetez vos bâtons!… (Au Coryphée.) Mais non, à toi de leur faire rectifier leur tenue. Moi je veux me faufiler à l'intérieur, avant que mon mari me voie, et remettre son manteau où je l'ai pris, et tout ce que j'ai emporté d'autre.
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Eh bien, les mal fichus n'auront qu'à pister les bien tournés à la sortie de leurs festins, et les avoir à l'œil dans les lieux publics : les femmes n'auront pas le droit de coucher avec les beaux hommes, les bien plantés, avant d'avoir accordé leurs faveurs aux moches et aux nabots.
MIRAVOINE
Vrai ? C'est Lysicrate qui va lever le museau aussi haut que nos Adonis !
Afficher en entierGAILLARDINE
Gouverner quoi ?
MIRAVOINE
Toute l'administration de la cité, tout, architout.
Arrive Crachignol, qui s'approcha sans prendre part tout de suite à la conversation.
GAILLARDINE
Ah ! vivent les amours ! quel avenir de félicité s'ouvres pour Athènes !
Afficher en entierGAILLARDINE
Une autre demande-t-elle la parole ?
LA PREMIÈRE
Moi.
GAILLARDINE
Bien. Mets-toi la couronne, l'affaire presse. Allons, tâche de bien parler, comme un homme, dans la bonne attitude, en prenant appui sur ton bâton.
LA PREMIÈRE
J'aurais souhaité qu'un autre que moi, un des habitués de cette tribune, vînt, en développant les vues les plus judicieuses, me permettre de rester à ma place sans intervenir. Mais je ne pus tolérer – du moins est-ce mon avis personnel – que les cabaretiers fassent chez eux des réserves d'eau. Non, je le jure sur la tête de mon mari…
GAILLARDINE
De ton mari ! Malheureuse ! Où as-tu la tienne ?
LA PREMIÈRE
Ben quoi ? Je n'ai pas demandé à boire, moi !
GAILLARDINE
Non, bien sûr, mais tu es un homme, et tu as juré sur la tête de ton mari ! À part ça, tu avait très bien tourné ton propos.
Afficher en entierPraxagora
J'entends que toutes les femmes soient communes à tous les hommes, et fassent des enfants avec qui voudra.
Afficher en entierBlépyros
Et les repas, où les feras-tu servir ?
Praxagora
Les tribunaux et les portiques, je ferai de tout des salles à manger.
Afficher en entierPraxagora
Je mettrai d'abord en commun la terre, l'argent toutes les propriétés d'un chacun ; ensuite, avec tous ces biens mis en commun, nous vous nourrirons, gérant, épargnant, organisant avec soin.
Afficher en entierPRAXAGORA.
O brillant éclat de la lampe d’argile, commodément suspendue dans cet endroit accessible aux regards, nous ferons connaître ta naissance et tes aventures ; façonnée par la course de la roue du potier, tu portes dans tes narines les splendeurs éclatantes du soleil : produis donc au dehors le signal de ta flamme, comme il est convenu. À toi seule notre confiance ; et nous avons raison, puisque, dans nos chambres, tu honores de ta présence nos essais de postures aphrodisiaques : témoin du mouvement de nos corps, personne n’écarte ton œil de nos demeures. Seule tu éclaires les cavités secrètes de nos aines, brûlant la fleur de leur duvet. Ouvrons-nous furtivement des celliers pleins de fruits ou de liqueur bachique, tu es notre confidente, et ta complicité ne bavarde pas avec les voisins. Aussi connaîtras-tu les desseins actuels, que j’ai formés, à la fête des Scires, avec mes amies. Seulement, nulle ne se présente de celles qui devaient venir. Cependant voici l’aube : l’assemblée va se tenir dans un instant, et il nous faut prendre place, en dépit de Phyromaque, qui, s’il vous en souvient, disait de nous : Les femmes doivent avoir des sièges séparés et à l’écart. Que peut-il être arrivé ? N’ont-elles pas dérobé les barbes postiches, qu’on avait promis d’avoir ou leur a-t-il été difficile de voler en secret les manteaux de leurs maris ? Ah ! je vois une lumière qui s’avance : retirons-nous un peu, dans la crainte que ce ne soit quelque homme qui approche par ici.
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