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Je suis devenue écrivain pour nommer les fantômes.
Afficher en entierun attachement anxieux pathologique : une angoisse de la séparation suivie d'une incapacité à surmonter l'absence, comme si le temps restait en suspens, comme si la vie perdait son sens dès lors que je suis seule, comme si je n'existais plus.
Aucune autonomie affective : j'ai moi aussi besoin d'un maître.
Afficher en entierS'il me quitte, je ne sais plus qui je suis, ni où je vais, ni ce que je dois faire.
Afficher en entierLe 25 octobre 2010, je quitte mon amie D. aux alentours de dix-neuf heures, pour rentrer chez moi au volant d’une Mazda 6 de couleur bleue, cabossée à l’arrière et rayée sur les deux ailes. À ce moment de ma vie, je suis comme cette voiture : cabossée. Quant à mes ailes, où sont-elles ?
(…)
Le soir tombe sur la banlieue parisienne. Je veux rentrer chez moi pour dîner avec mes enfants, faire acte de présence auprès d’eux, bien que n’ayant guère d’appétit et pas plus de consistance qu’un courant d’air.
Je bifurque dans une rue, déboîte dans une deuxième. Je ne sais plus si je grille le feu, ou si je passe à l’orange en donnant un coup d’accélérateur.
Un enfant est là, sur son vélo, au milieu du passage.
Afficher en entierPublier ce récit me donne l'impression d'aller à la piscine en compagnie de gens qui m'ont toujours vue avec un pull et un pantalon....Vais-je me jeter à l'eau, où rester timidement cachée dans les vestiaires ?
Afficher en entierPendant des années, invitée à rencontrer mes jeunes lecteurs dans des collèges, j'ai été soumise à cette question simple et difficile : "Pourquoi êtes-vous devenue écrivain ?"
Tenant à leur offrir une réponse sincère, je disais : parce que j'ai d'abord aimé lire, parce que j'ai été abreuvée de contes dès ma plus tendre enfance, parce que mon père voulait devenir écrivain et qu'il n'a pas réalisé son rêve, parce que j'ai eu la chance de découvrir le plaisir, l'ivresse, la liberté, à travers les livres, parce que... parce que...
Un jour, j'ai répondu : "J'écris des histoires parce que je n'en ai pas. Parce qu'il ne m'est rien arrivé d'extraordinaire. En fait, il ne m'est rien arrivé du tout."
Rien du tout, cela voulait dire aucun drame. Pas de guerre, pas de deuil, pas d'exil, pas de torture, pas de séparation ni de maladie, aucune souffrance depuis ma naissance. J'avais grandi sagement, dans du coton.
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