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- Nat... Tu... tu m'en veux?

Il résista à la lâcheté qui lui enjoignait de ne pas lui répondre. De partir en courant. Le plus loin possible.

- Si je t'en veux! s'exclama-t-il plus fort qu'il ne l'aurait souhaité. Te rends-tu compte de ce que tu me demandes? N'as-tu donc conscience de rien, ni de personne?

- Je...

- Toutes ces heures passées à rêver de toi, à espérer un baiser, une étreinte, le coupa-t-il en la fixant dans les yeux. Ce désir, incroyable et inassouvi... mon désir... et toi...

- Nat, je...

- Tu me disais que tu te battais, Shaé. Contre toi et pour nous. Tu me disais que tu avais envie de moi mais que ton corps t'était encore étranger, qu'il te fallait du temps et de la confiance. De la confiance, Shaé! Tu me demandais du temps et de la confiance! Et moi, comme un imbécile, je te croyais.

- Nat...

- Tu m'as menti, Shaé. Tu disais que tu m'aimais.

- Mais je t'aime.

Elle avait crié, alors que les larmes jaillissaient de ses yeux. Ruisselaient sur ses joues.

Natan serra les dents.

- Tu m'aimes mais c'est dans les bras d'Emiliano que tu te vautres, alors que la simple idée de me toucher te révulse!

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Il avait mal. Plus qu'il n'aurait cru possible d'avoir mal, mais cette douleur ne pesait rien face a son amour pour elle.

Au meme instant, il comprit que le pardon etait sans dout le plus beau cadeau qu'il pouvait lui offrir.

Qu'il pouvait leur offrir.

-Je...

Il se tut.

Son coeur battait la chamade, le mots le fuyaient, la douleur etait toujours la. Paralysante.

Shaé le regardait, si pale qu'elle en devenait translucide.

Les secondes s'egrenerent, distillant doute et peur.

-J'ai mal, reprit-il enfin. Terriblement mal. Et je t'en veux. Terriblement. Mais cette douleur et cette rancoeur ne pesent rien face a l'essentiel. Je t'aime, Shaé. Depuis toujours et pour toujours. Cela seul est important, cela seul est vrai. Le reste n'est que poussiere.

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Shaé n'en avait pas fini avec lui.

- Il me reste à te remercier. Tu as feint d'être aveugle sans te douter que tu l'étais vraiment et tu m'as offert un cadeau qui va au-delà de mes rêves les plus fous.

Tu ne comprend rien aux sentiments des humains, pauvre Onjü. J'aime Natan. Je l'aime plus que tout au monde. Je le lui ai souvent dit, aujourd'hui, grâce à toi, je peux le lui prouver.[...]

Lorsqu'il s'acheva, le visage de Shaé était transfiguré.

Elle pivota vers Onjü.

- Quelle que soit la dimension maudite qui t'accueillera quand tu disparaîtras, n'oublie jamais le bonheur que tu m'as offert.

Elle contempla une dernière fois la silhouette translucide du Maître des Tempêtes.

- Merci, Onjû, dit-elle avant de lui tourner définitivement le dos. Merci du fond du coeur.

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Elle se blottit contre Natan. Leurs levres se trouverent avec le naturel des gestes si souvent reves qu'ils prennent les couleurs de l'evidence. Leur baiser devint un ocean dans lequel ils s'immergerent.

Totalement.

Ils n'entendirent pas le hurlement muet d'Onjü, ne le virent pas se dissoudre dans le neant, pas plus qu'ils ne virent Anton et Barthelemy s'eloigner sur la pointe des pieds.

A l'exterieur, un rayon de soleil illumina la capitale.

La neige commenca a fondre.

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Shaé lui sourit et les craintes de Natan s'envolèrent. Comme par magie.

Ce n'était pas le sourire qu'elle avait eu un peu plus tôt en jouant avec les enfants. Plus secret, moins lumineux, plus profond, c'était le sourire qu'elle lui réservait. A lui. A lui seul.

Lorsqu'il prit la fillette dans ses bras, leurs doigts se frôlèrent.

Il fit mine de ne pas sentir qu'elle retirait vivement sa main.

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Jamais Nathan n'oublierait la réaction de Barthélemy.

Pas un geste.

Pas un tressaillement.

Pas un gémissement.

Une total et inhumaine impassibilité que seule démentait la flamme qui avait embrasé son regard a l'annonce de la nouvelle.

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Une promenade, assise sur les épaules de son père. Un fou rire avec sa mère. Une histoire lue chaque soir. Une caresse sur la joue. Un sourire. Un gâteau partagé. Un larme essuyée. Un chagrin évaporé. Une certitude de bonheur...

Un meurtre.

Shaé se mit à trembler.

Elle avait mal.

Mal partout.

Mal à l'âme.

Mal à en mourir.

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" - Ne me touche pas... La voix, cassée, était à peine humaine et les yeux qui se fixèrent sur Natan ceux d'un fauve. - Ne me touche... surtout pas ! La main de Natan retomba sans force. Il eut le temps de voir un rayon de lune accrocher une larme sur la joue de Shaé. Il s'évanouit. "

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Shaé était sa vie, son espoir et sa lumière.

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- Il m'a touchée, commença-t-elle. Je l'ai laissé me toucher.

Natan tressaillit. Déjà elle poursuivait:

- Lorsque tu es parti pour tenter de convaincre Anton, nous avons parlé. Il m'a raconté son enfance, le meurtre de ses parents, sa solitude, sa souffrance... Ses mots sonnaient si juste, si fort... Je me suis retrouvée dans ses bras.

Chacun des mots qu'elle prononçait était une flèche qui s'enfonçait dans le coeur de Natan. Elle en avait conscience mais elle lui devait la vérité, cette vérité dût-elle les séparer à jamais.

- Je ne veux pas te mentir, Nat. Je ne peux pas. Ce qui est fait est fait. Si je le regrette de toute mon âme, je ne peux le défaire. La seule solution est de continuer à avancer... Si tu le veux encore.

Natan enfouit son visage entre ses mains. Du bref récit de Shaé avaient jailli une multitude d'images terribles. Elles l'avaient bousculé, assommé, emporté sans qu'il est la moindre chance de résister. Le souffle court, le coeur douloureux, il avait l'impression que sa raison vacillait au bord d'un gouffre sans fond.

- Nat?

La voix de Shaé n'était plus qu'un murmure. Un murmure désespéré.

- Nat... Tu... tu m'en veux?

Il résista à la lâcheté qui lui enjoignait de ne pas lui répondre. De partir en courant. Le plus loin possible.

- Si je t'en veux! s'exclama-t-il plus fort qu'il ne l'aurait souhaité. Te rends-tu compte de ce que tu me demandes? N'as-tu donc conscience de rien, ni de personne?

- Je...

- Toutes ces heures passés à rêver de toi, à espérer un baiser, une étreinte, la coupa-t-il en la fixant dans les yeux. Ce désir, incroyable et inassouvi... mon désir... et toi...

- Nat, je...

- Tu me disais que tu te battais, Shaé. Contre toi et pour nous. Tu me disais que tu avais envie de moi mais que ton corps t'était encore étranger, qu'il te fallait du temps et de la confiance. De la confiance, Shaé! Tu me demandais du temps et de la confiance! Et moi, comme un imbécile, je te croyais.

- Nat...

-Tu m'as menti, Shaé. Tu disais que tu m'aimais.

-Mais je t'aime.

Elle avait crié, alors que des larmes jaillissaient de ses yeux. Ruisselaient sur ses joues.

Natan sera les dents.

- Tu m'aimes mais c'est dans les bras d'Emiliano que tu te vautres, alors que la simple idée de me toucher te révulse!

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