L'eau des collines

Bien sur, j’ai vu et revu le film encore plus souvent que je n’ai lu et relu le livre. Alors même si le film est magnifique, l’imagination et l’évasion que provoque cette lecture n’a rien de comparable. Et puis, quel moment de bonheur de se retrouver dans cet arrière pays d’Aubagne, dans ce petit village des Bastides, autour de la fontaine qui donne cette eau si rare, si précieuse. Qu’elle manque et c’est la mort ! Qu’elle coule et c’est la vie, la fortune !

Mais la réussite qu’offre cette eau, la cassette pleine d’or des Soubeyran ne fait pas le bonheur. Au contraire dans l’imagination de Marcel Pagnol, elle provoque un drame qui trouve sa source dans la rivalité de deux familles. Deux de leurs enfants se sont aimés donnant un enfant. Jean, qui reviendra au village des années plus tard avec femme et enfant à la suite de l’héritage d’un mas appartenant à sa mère. Marginalisé, il y perdra la vie, laissant une petite-fille, Manon orpheline. Son destin sera de venger son père et...

Et tel les Dieux du haut de leur Olympe, Marcel Pagnol se jouent des destinées des hommes et lance sur eux les foudres de la justice divine, punissant les crimes, les arrogances et les silences complices. La catastrophe se noue et se dénoue. Le cupide Ugolin, fou d’amour et de remords se pend. Le cynique Papey, au terme de sa vie, avant de fermer les yeux, les ouvrent sur son sort et celui de son fils qu’il a volontairement laissé mourir à la tâche, sous les yeux de Manon, désormais sa propre petite-fille. Ultime ironie du sort : l'enfant à naitre perpétuera la race des Soubeyran, rêve tant espéré de César. « Alors tu comprends que je me languis de mourir parce qu'à côté de mes idées qui me travaillent, même l'enfer c'est un délice. » tel est la torture endurée pour son crime !