Extraits

[Spoiler]

"Kendhal eut alors un geste inattendu: il prit le menton de Luna dans sa main et approcha son visage de celui de la jeune fille.

- Ah, Luna, si tu savais à quel point je suis content que tu sois ici ! Tu m'a vraiment manqué, tout ce temps. Tu es un véritable rayon de soleil. Hier soir, dans ta robe à paillette, tu as illuminé la cérémonie.

Ébahie, Luna ouvrit des yeux ronds et dévisagea kendhal avec perplexité. Les joues en feu, l'adolescent la fixait avec une intention nouvelle

[...]

Il l'a fit brusquement basculer dans la neige.

-Kendhal, non ! Mes cheveux vont être tout mouillés.

- Pas si tu ne te débats pas, rétorqua l'adolescent en se penchant vers elle.

Luna sentit son pouls s'accélérer et ses joues s'enflammer. les yeux noyés dans ceux de Kendhal, elle cessa de respirer. C'était comme si le temps s'était arrêté, comme si elle voyait le garçon pour la première fois. Elle se rendait compte à quel point elle tenait à lui. Un sentiment d'une force insoupçonné déferla alors dans on esprit comme une vague, une vague de désir, aussi intense qu'incontrôlable.

Lorsque les lèvres de Kendhal effleurèrent les siennes, Luna ne se déroba pas et répondit à son baiser, léger et doux comme un battement d'aile de papillon.

Luna ferma les yeux et demeura là, sans bouger, de peur de tout gâcher. Mais un cri provenant des dunes la ramena brutalement à la réalité.

- Priiiiice Kendhaaaal ! Héla un elfe doré en courant vers eux."

Dans son rêve, Luna courait dans une forêt enneigée. Avec une agilité surprenante, elle contournait les fourrés, sautait par-dessus les troncs, bondissait au-dessus des fossés. Sa vitesse impressionnante était tellement grisante ! Jamais elle n’avait connu pareille sensation.

Luna s’aperçut alors avec stupeur qu’elle ne courait pas sur ses deux jambes, mais qu’elle galopait plutôt à quatre pattes comme un… animal.

— Mensonges ! cracha la femme en marchant à présent droit vers elle. Pourquoi aurais-tu fait une chose pareille ? Les elfes argentés n’ont jamais caché leur aversion pour ce que nous sommes. En plus, j’ai entendu les cris d’agonie de mon enfant pendant que vous le torturiez.

Luna n’eut pas le temps de répliquer que déjà, dans un cri de rage, la guerrière lui sautait à la gorge. Ses mains agrippèrent le cou gracile de l’adolescente comme les serres d’un aigle. La femme s’apprêtait à l’étrangler quand une petite voix dans son dos arrêta son geste meurtrier.

— Maman… c’est vrai, ce qu’elle a dit.

— Ewen ? s’écria la femme en faisant volte-face. Loué soit le seigneur !

Sans un regard pour la jeune fille qu’elle s’apprêtait à assassiner, la femme se précipita sur Darkhan pour lui arracher l’enfant qu’il portait dans ses bras, chaudement enveloppé dans son manteau de fourrure. Même s’il était encore pâle, le garçon semblait hors de danger.

D’un geste plein de grâce et d’amour, la mère enveloppa son fils dans ses voiles sombres et le berça contre son sein en chantant doucement, des larmes plein les yeux. Bien que secoués par l’agressivité de cette femme, Luna et Darkhan furent touchés de constater à quel point elle semblait émue.

Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que la guerrière lève enfin son visage vers eux.

— Merci, étrangers, s’excusa-t-elle. Je me suis vraiment comportée comme une furie. Vous m’en voyez désolée !

— Voilà pourquoi je souhaitais vous voir, conclut-elle, déterminée. Vous allez m’escorter jusqu’à la vallée d’Ylhoë !

Darkhan resta bouche bée plusieurs secondes avant d’éclater de rire. Assyléa lui jeta un regard de travers, se demandant quelle mouche l’avait piqué.

— Ah, sacrée Luna ! s’exclama le guerrier. Tu m’étonneras toujours. Comme d’habitude, tu as une longueur d’avance sur tout le monde ! Ce bon vieux Marécageux… Qui, à part toi, aurait eu l’idée de lui demander conseil ? Tu es formidable, Luna !

— Alors, quand partons-nous ? s’enquit l’adolescente, comblée.

— Dès que ta mère aura donné son accord, rétorqua Darkhan en retrouvant son sérieux.

— Tu plaisantes, ou quoi ? s’étrangla Luna. Il est hors de question que je demande quoi que ce soit à Ambrethil. Pas tant qu’elle ne m’aura pas fait des excuses pour hier soir !

Assyléa pouffa en silence avant de prendre la main de Luna pour l’entraîner vers la sortie.

— Allez, tête de mule, je t’accompagne. Allons voir ta mère pour lui expliquer le but de notre mission. Je suis certaine qu’elle regrette déjà son attitude et qu’elle acceptera sans rechigner que tu viennes avec nous.

— J’avais remarqué ! lui cracha-t-elle au visage. Tu ne t’es pas méfié une seule seconde, tu lui as même raconté que nous étions en mission. N’importe quoi. Tu t’es simplement laissé abuser par son charme sauvage. Tes hormones t’ont joué un drôle de tour !

— Oh, c’est donc cela ! Tu es jalouse, Assy ! s’esclaffa le guerrier, tout sourire. Jalouse !

La jeune femme serra les dents, bien décidée à ignorer le sarcasme. Convaincue qu’elle avait raison, elle renchérit :

— Je te dis que cette étrangère n’a pas joué franc jeu avec nous. Je ne suis pas télépathe ni légilimens, mais je sens quand les gens mentent. Cette Laïla était tout, sauf honnête ! Si tu veux mon avis, elle était bien trop pressée qu’on s’en aille d’ici. Ça sent le piège à plein nez !

— Jalouse… jalouse ! la railla Darkhan.

Cette fois, Luna, n’y tenant plus, décida d’intervenir, abondant dans le sens de son amie :

— Arrête tes enfantillages, Darkhan ! Je pense qu’Assyléa a raison. Laïla nous a caché des choses. J’ignore si ses intentions étaient mauvaises ou non, mais elle ne nous a pas dit toute la vérité, c’est certain.

Alors qu’Aziza s’éclipsait discrètement, Sohan se tourna vers Darkhan.

— Je ne partagerai pas votre repas, car j’ai déjà mangé, mais cela vous ennuie-t-il que je reste à vous tenir compagnie ?

— Absolument pas, Sohan ! Ta présence nous honore. N’est-ce pas, Luna ?

L’adolescente, qui sentait ses joues s’empourprer, baissa les yeux.

— Luna ? Quel nom adorable ! C’est vraiment charmant, déclara le garçon en saisissant trois brochettes pour les déposer sur les braises.

Le cœur de Luna se mit à tambouriner dans sa poitrine. Pourtant, son émoi la remplissait de honte. Il n’était pas convenable pour une jeune fille de perdre ses moyens au moindre regard ou au premier compliment. En plus, elle ne le connaissait même pas, ce Sohan, et elle était déjà amoureuse de…

— Ton loup a sûrement faim, lui aussi ? s’enquit Sohan en faisant glisser les morceaux de viande encore crue de deux brochettes dans une assiette. Tiens, donne-lui ça.

Le vent balayait ses longs cheveux noirs, l’air pur fouettait ses joues, un sourire cruel étirait sa bouche. Montée sur un immense dragon doré, matrone Zélathory exultait.

Jamais elle n’avait connu pareille sensation. Chevaucher un dragon était mille fois plus excitant que de monter un pégase noir ou même un griffon. Elle avait beau être solidement sanglée à sa selle à dossier, l’impression de puissance, de force et de sauvagerie qui se dégageait de l’animal lui conférait un sentiment d’invincibilité exaltant.

La grande prêtresse jeta un regard derrière elle et sourit. Des centaines de dragons multicolores suivaient sans protester la dragonne noire de Zéhoul qui planait à quelques dizaines de mètres devant elle. Sur chacune des créatures se tenait une guerrière drow prête à se battre jusqu’à la mort. Pourtant, en plissant les yeux, on devinait également quelques hommes. Des sorciers et des invocateurs, pour la plupart.

— Eh bien, moi, à votre place, je vous inviterais dans ma tribu afin de passer la nuit à l’abri ! rétorqua sèchement Assyléa en foudroyant l’humaine du regard.

Laïla la toisa en ouvrant des yeux ronds, comme si la drow venait de proférer une aberration.

— Non, je regrette, ça, c’est impossible ! rétorqua-t-elle en secouant la tête vivement. Mon clan n’accepte aucun étranger.

Elle ajouta en se levant, son fils toujours serré contre elle :

— Bon, eh bien, il est temps pour moi de rentrer. Merci encore d’avoir aidé… enfin, je veux dire sauvé la vie d’Ewen. Je suis désolée de ne rien pouvoir vous offrir en retour. Pas même l’hospitalité, je le regrette… Mais, je vous en supplie, fuyez au plus vite, sans vous arrêter, sans vous retourner. Galopez en direction de l’est jusqu’à la passe. Là-bas, vous serez en sécurité.

— Comment en êtes-vous si sûre ? fit Assyléa, presque agressive.

— Heu… c’est ce que racontent les anciens de mon clan. Ils disent que les… les buveurs de sang ont peur de cet endroit. En tout cas, personne n’a jamais été attaqué par là-bas. Mes amis, faites-moi confiance, je vous en conjure, et fuyez tant que vous en avez encore le temps !

— Non, il dit la vérité ! souffla Luna, livide.

— Comment le sais-tu ? s’étonnèrent en-semble Darkhan et Assyléa.

— Je viens de le lire dans son esprit, expliqua l’adolescente d’une voix blanche. C’est… c’est la première fois que j’arrive à le faire, mais je regrette presque d’y être parvenue, car les images qui hantent cet homme sont véritablement… terrifiantes.

— Eh, c’est de la triche ! protesta l’halfelin, outré. Elle n’avait pas le droit ! Maintenant vous savez tout et je n’ai même pas eu mon or !

— Tiens ! fit Darkhan en lui envoyant une pièce d’or d’une chiquenaude. Raconte-nous tout ce que tu sais, maintenant.

Le personnage observa un moment la pièce et la fit disparaître entre ses doigts.

— Personnellement, je n’ai pas vu à quoi ressemblent ces créatures, reprit-il en chuchotant. Néanmoins, j’ai vu… ce qu’il restait du jeune Araan, disparu la semaine dernière alors qu’il était parti à la chasse. C’était effrayant. Son corps était complètement exsangue. Plus une seule goutte de sang, je vous dis !

Il marqua une pause, partagé entre l’horreur et le dégoût.

— Ces démons sont des buveurs de sang. Et, vu le nombre de disparitions qui ont eu lieu dernièrement, je dirais qu’ils ont soif, très soif, ou qu’ils se multiplient ! Méfiez-vous, car je gage que le sang d’une petite elfe de lune risque d’attiser leur convoitise…

— Non. C’est gentil à vous, mais je ne voudrais surtout pas abuser de votre bonté. D’autant moins que toutes ces émotions m’ont coupé l’appétit.

— Et toi, tu as faim, Ewen ? demanda gentiment Luna en fouillant déjà dans l’un des sacs de provisions. Un bain glacé, ça creuse, ventremou ! Tu aimes le fromage ?

— Non ! Il n’a pas faim, non plus, s’empressa de répondre Laïla en regardant son fils dans les yeux, fixement.

Luna la dévisagea, interloquée, mais elle n’insista pas. Elle était intimement convaincue que Laïla était en train de communiquer mentalement avec Ewen. Peut-être lui racontait-elle que la nourriture elfe n’était pas bonne ou bien, pire, empoisonnée.

Alors, mue par une curiosité dévorante, Luna projeta son esprit dans celui de la femme.

« … pas bon pour nous. Mon chéri, tu le sais… »

La femme releva la tête brusquement et adressa à Luna un regard noir.

La jeune fille détourna le visage, vexée d’avoir été prise en flagrant délit. Elle se sentait tellement honteuse qu’elle aurait voulu disparaître sous terre.

— Ce n’est rien, lâcha aussitôt Laïla, mal à l’aise elle aussi. Ewen et moi sommes gravement allergiques à certains aliments, notamment aux laitages. De toute façon, nous avons déjà mangé juste avant l’incident.