Extraits

Je pressai les bords de l'entaille pour en extraire le pus.

- Christ sur un vélo!

Ça, c'était l'un des jurons de Makin. J'ignorai ce qu'était un vélo, mais ç'avait l'air douloureux.

- Reprenez-vous. Il est enfermé avec nous.

(...)

Dans la vie, tant de choses sont affaire d'angle de vue...

- Je pense plutôt que vous êtes enfermés avec moi, leur confiai-je.

- Eh bien, vous devez approfondir le sujet, décréta mon interlocuteur en pointant un doigt vers ma poitrine.

Avant qu'il l'ait appliqué sur le métal lustré de mon plastron, je me l'appropriai.

- Pouquoi faites-vous cela ? m'enquis-je tandis qu'il hoquetait. Pourquoi me tendez-vous de quoi vous faire mal ?

(...)

- Et vous avez commis deux fautes, Moljon. Primo, vous m'avez donné votre doigt. Mais vous avez fait pire encore. Je vous l'ai pris, et vous m'avez laissé m'en servir à vos dépens, pour vous séparer, vous et votre fierté. N'accumulez pas les erreurs, mon gars. Votre doigt était perdu dès l'instant où je l'ai attrapé. Vous auriez dû me foncer dessus, quitte à vous le casser, un petit sacrifice qui vous aurait permis de reprendre l'ascendant sur moi en me faisant tomber sur le cul.

Si vous devez fuir, faites en sorte de vous trouver une destination, histoire d'avoir moins l'impression d'être un lâche. Et quitte à fuir vers quelque chose de précis, pourquoi ne pas choisir le trône impérial, tant qu'à faire ? Il est lointain et inaccessible ; c'est fort commode. Obtenir tout ce qu'on désire est presque aussi catastrophique que de voir tous ses rêves se réaliser.

Ric n'avait jamais vraiment assimilé mon statut de roi. J'avais beau me trouver à la tête de sept royaumes, des milliers de gens pouvaient bien se prosterner devant moi par amour et par crainte, surtout par crainte, avec Ric je n'avais droit à une génuflexion que s'il sentait l'intégrité dudit genou menacée par son refus d'obtempérer.

Un grand sage a dit un jour que la plupart des problèmes s'en vont si vous faites comme s'ils n'existaient pas.

-Idiot.

Le plus imposant des gamins m'écarta d'un coup d'épaule pour relever ma fourche.

- Si tu les égratignes, elles vont pas passer la semaine. Il faut que tu sentes la terre, que tu creuses autour, dit-il en extrayant le tubercule blessé.

Je m'imaginai me ruant sur lui pour l'empaler avec mon outil, la dent du milieu en travers de la pomme d'Adam et les deux autres lui prenant le cou en tenaille. Je me demandai pour quelle raison il ne semblait pas du tout avoir conscience du danger. Il me lançait un regard peu amène alors que je braquais mon arme sur lui. C'était lui qui n'allait pas passer la semaine.

Soit les enfants méritent d'être sauvés pour la simple raison que ce sont des enfants, soit ils n'en valent pas la peine. Ne laisse pas des évènements fortuits qui en placent un sous ton nez et t'en cachent un autre te dicter ton comportement. S'ils en valent la peine, sauve-les tous, trouve-les, protège-les. Que cela devienne l'oeuvre de ta vie. Dans le cas contraire, passe par une autre rue pour n'avoir même pas à regarder celui que tu as entraperçu, détourne la tête, cache-toi les yeux. Problème résolu.

Seul un homme qui était déjà mort à mon service et continuait d'y pourrir, inapte à l'exercice de ses fonctions, seul un tel homme pouvait exprimer cette vérité.

Spoiler(cliquez pour révéler)- Capitaine Devers, je crois bien qu'on est sur le point de m'attaquer, et vous êtes de service ! beuglai-je.

En effet, j'estimais préférable d'agir préventivement plutôt que d'aborder la question lorsque quarante gardes pontificaux, au bas mot, entreprendraient de me pourfendre.

Je vis du mouvement du côté des heaumes dorés qui se trouvaient près de notre coche. Devers allait avoir besoin d'un instant, ou de plusieurs, pour assimiler ce qui se passait.

- Oh ! allez, je viens de tuer la papesse, putain. Vous allez m'attaquer, non ?