Extraits

Au matin, je le suppliai de rester avec nous, ce qu'il refusa, de même qu'il refusa tout ce que nous lui donnions. Il déclama dans son mélange de plusieurs langues et son accent étrange que cette île était chez lui, et qu'en cet endroit il était au coeur de lui-même et du monde, et dans tous les lieux du monde à la fois. Ce que j'identifiai comme un fond de délire.

Il n'y a pas de réel, il n'y a que de l'imaginaire. C'est pourquoi l'art est précieux, il invente le réel et alimente les imaginaires, les sort de ces pétrifications qui sont prises pour le réel.

Je craignais qu'une tempête ne dévaste la plage et n'emporte l'empreinte à tout jamais; sa disparition me renverrait à une solitude que j'étais désormais inapte à supporter.

Passée la première prostration, Robinson décide de se mettre en chasse et de débusquer l'intrus. Il refuse de partager l'île et veut s'affirmer seul maître du territoire qu'il a lentement apprivoisé. « j'attendais cet autre pour le combattre ; j'attendais pour le tuer, et pour rester vivant.

Mais voilà qu'un jour, à l'occasion d'une promenade commémorative, Robinson découvre une empreinte d'homme sur le sable. Pour Robinson, la stupeur se mêle de terreur : « quelqu'un d'autre que moi-même était maintenant sur l'île !

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Je disais Quoi pour m'aider à exprimer ce lot d'inexprimables; à tenter de les manier; il ne fallait pas fuir ces réalités rêches, mais au contraire les regarder en face, en guetter les éclats, en supporter l'absence de toute voix et toute voie, et, toujours en leur présence, endurant cette angoisse, tout mettre en œuvre, non pour les nier, mais pour en bâtir du vivre;

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à force de poursuivre l'Autre-inatteignable fomenté par l'emprunte, et à force de le désirer, je lui avais conféré la densité d'une présence invisible - comme si j'avais crée une matière nouvelle, contagieuse, galopante, qui s'était mise à se répandre partout...; je conservai cette hypothèse, seigneur, juste pour supporter que je vivais-là...;

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