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Extrait ajouté par Sonia-16 2018-10-24T13:48:25+02:00

Il y eut un matin où à mon arrivée sur la plage je trouvai échouée, étalée comme pour un séchage, une robe aux fleurs rouges lacérée comme si celle qui l’avait portée avait dû affronter en mer quelque terrible épreuve. J’imaginai des poissons aux dents acérées, des rascasses géantes, ou pire : des violences d’hommes. Bien sûr, je n’osai pas toucher à la robe. Encore moins m’en saisir. Avec un bâton ramené lui aussi par la mer, je me contentai de finir de la déployer, d’en étendre les courtes manches, les plis d’une sorte de volant, devant c’était une rangée de boutons à moitié arrachés et comme si ce fut obligation de pudeur qui m’était faite, j’entrepris de ramener l’un vers l’autre les pans déboutonnés. Le dos manquait. À la vue du gris doux des galets arrondis j’eus l’impression que c’était là les seins ronds de la femme que je cherchais à couvrir. Devant ce reste de robe outragée, je fus alors saisi d’une émotion si violente, inconnue, d’un vertige comme une noyade. Je savais peu encore des troubles qui empoignent le corps. J’eus l’impression d’un monde qui chavirait, qui s’ouvrait, et dans le même instant (mais par quels sournois détours venait taper à mes oreilles une loi que je ne savais pas avoir apprise ?) je sus que c’était là quelque chose d’une nature telle qu’il me faudrait le taire. Je ne pouvais laisser la robe. Je ne pouvais l’emporter. Je résolus alors de faire comme pour un trésor secret. Je dégageai des galets. Je creusai jusqu’à atteindre cette profondeur où les galets sont mouillés. Cette fois j’osai du bout des doigts saisir le tissu que je couchai au fond de la cavité. Je recouvris la robe de pierres. Avec délicatesse pour les premières qui touchaient le tissu, puis le reste, debout, poussant les galets du pied. C’est seulement à ce moment que je réalisai que je venais de l’enterrer. Plusieurs jours après, lorsque je revins, je ne trouvai plus la robe, je m’en voulus de ne pas mieux avoir repéré l’endroit. Je ne me voyais pas remuer les galets. Qu’aurais-je répondu si on m’avait questionné ? Ma peur d’avoir à avouer l’emporta. J’abandonnai toute recherche. Pendant longtemps, bien sûr, après un coup de mer, il m’arriva d’inspecter la plage à la recherche d’un bout de tissu rouge dépassant entre les galets. Mais la vérité, c’est que je pris goût à ne pas la retrouver. Aussitôt apparue, aussitôt disparue. N’était-ce pas là, précisément, les indices de ce que l’on appelle “ apparition ” ? Je voulus croire que quand bien même j’aurais creusé toute la plage, jamais je n’au­rais retrouvé la robe enterrée. Cela n’avait rien à voir avec quelque manque d’attention de ma part, une faute que j’aurais commise, de la désinvolture (si j’avais mieux repéré l’endroit, si je l’avais enterrée plus profond, si au lieu de l’enterrer je l’avais emportée, si…). La robe avec ses larges fleurs rouges m’était apparue puis avait disparu, je l’avais honorée de tous les soins que l’on doit à une apparition : respect, émotion, dévotion, secret aussi, la question n’était pas de savoir où elle était passée mais bien plutôt quelle était sa provenance, et que signifiait que ce soit à moi et à moi seul qu’elle se fût manifestée dans toute son émouvante fragilité. Était-ce là une apparition venue du lointain de l’autre bord ? Un appel ? Que m’annonçait (me promettait !) sa venue ? Me vint au fil des jours que m’était dévolu d’être comme le prince de Cendrillon qui ayant ramassé la pantoufle de vair n’a d’autre possibilité que de la faire essayer à toutes les jeunes filles du royaume jusqu’à trouver celle dont le pied se glissera dedans comme à l’intérieur de sa propre peau. Y aurait-il un jour une fille, une femme, dont je saurais qu’elle était celle qu’annonçait cette robe couchée sur les galets ? Une qui, comme l’avait fait la robe, viendrait à moi par la mer ?

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Extrait ajouté par anonyme 2018-10-21T05:00:23+02:00

On m'avait tellement dit que l'eau de mer m'avait sauvé. Qu'à l'âge de trois mois et sur le point de mourir, c'étaient des piqûres de mer qui m'avaient permis de renouer avec la marche des jours. Était-ce une légende ? Une vérité que je m'étais construite faisant profit d'une anecdote entendue (ces piqûres que l'on m'avait effectivement faites) à laquelle le plaisir que m'apportait la compagnie de la mer aurait donné le poids d'une preuve irréfutable ? Quelque chose, en tout cas, avait fait que la mer pouvait trouver en moi l'écho des deux mouvements antagonistes qu'elle générait : on pouvait y flotter aussi bien que couler. C'était d'ailleurs ce mouvement à double sens qui ramenait souvent à la surface ce qui avait sombré, et qui, au gré des courant, finissait par être déposé sur la rive, la vague offrant alors une sorte de sauvetage à cela même qu'elle avait englouti. Si je savais que cela arrivait pour des humains (plus d'une fois j'entendis parler de corps échoués découverts à l'aube sur la plage) il ne m'arriva jamais d'en voir ici sinon à extrapoler sur la découverte d'une chaussure, un vêtement parfois. Bien plus fréquemment que ces restes de présences humaines c'étaient, déposés sur la grève, de longs bâtons travaillés, branches usées, morceaux de poutres, de planches, mais arrondis aussi, affinés, limés, et comme le remuement de l'eau apportait à la pierre le paradoxe d'une douceur qui ne lui était pas naturelle, il finissait par donner à la fragilité corruptible du bois une raideur de roche qui le faisait jumeau de galet. Parfois je découvrais aussi les restes charbonneux d'un feu que des clochards avaient allumé sur la plage avec le bois qu'ils y avaient ramassé. Il y avaient là quelque chose des traces que laissent des naufragés sur une île déserte. Ces clochards, que je voyait souvent en ville, dans le jardin, ou attendant au bout du Cours à la porte de la soupe populaire, ne pouvaient pas rester longtemps sur la plage. Dès l'aube, les arroseurs municipaux se faisaient un devoir (un plaisir ?) de les chasser de la grève où ils avaient dormi et des bancs de la promenade, comme ils en chassaient, à coup de lance à eau, papiers gras et détritus, mégots, journaux, même saleté dont il fallait dégager le paysage pour le rendre net et luisant au regard des touristes. JE sais que certains de mes camarades s'en amusaient. Et ils auraient bien volontiers pris la lance d'arrosage pour se payer un moment de rigolade. Aurais-je eu le courage de m'y opposer ? Je partageais avec ces hommes hirsutes le même attrait pour la plage déserte. Quelquefois nous nous y croisions. Et jamais (ou bien l'ai-je oublié) je n'eus peur d'eux, jamais ils ne manifestèrent quelque animosité, violence, ou même moqueries à mon égard. J'avais l'impression que les embruns du matin déposés sur les galets régénéraient leur corps d'une bonne odeur qui, certes, disparaîtrait dans la journée, mais qui, à ce lever du jour, les enveloppait d'une sorte de brume, d'aura. D'avoir offert leur corps à la caresse des galets ces hommes répudiés en avaient une sorte de lustre, un nimbe, oui, et lorsqu'ils se mettaient debout dans la poussière de lumière du soleil levant c'était comme lavés de toute leur crasse, de leur misère, non pas transfigurés (on voyait bien leurs gueules pas rasées, les joues creuses, les yeux jaunis, les vêtements déchirés, les pantalons troués et quelques fois les sexe qui malencontreusement en dépassait), mais simplement rappelés à leur pleine humanité. Je savais à ces moments-là pouvoir leur sourire. Mais cela ne durait pas plus pour moi que pour eux. Lorsque je les recroiserais en ville, ce serait le spectacle de leur puanteur avinée, les pitreries de mes camarades à leur égard, et qui sait si, moi aussi, l'occasion se présentant, je n'aurais pas consenti avec quelque jouissance à brandir la lance d'arrosage balayant sous le jet ce peu de lumière entrevu au matin.

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