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CHARLIE
Il paraît que je suis un de ces personnages étranges qui ne connaissent pas les mots tels que : « pudeur », « timidité », « doute », et autres pathologies du moi qui affectent la majorité des êtres humains. Dieu sait d’où me vient cette assurance légendaire... sachant que mes parents ne sont pas particulièrement pédants. C’est un peu comme si j’étais né sans cette barrière entre moi et les autres. Du coup, j’ose tout, et souvent n’importe quoi. Je me montre égal à moi-même en toutes circonstances, et mon comportement varie peu en fonction de la personne à qui je m’adresse. Bien entendu, j’ai quand même appris à adapter ma manière d’être, mais c’est généralement quand j’essaye obtenir quelque chose en particulier. Ouais, je suis sûrement un brin manipulateur, et plutôt malin... et la plupart du temps, ça me réussit.
Lorsqu’elle lève les yeux sur moi, mon sourire s’élargit de quelques millimètres de chaque côté. Le regard marron de Miss Crayon brille d’espièglerie.
— Mh non, je te présente ma grande copine : la femme invisible !
Je pose la main sur le dos de la chaise qui m’intéresse et la fait pencher de quelques centimètres.
— Oups, je dis en arborant une mine faussement affligée, on dirait que ta grande copine vient de glisser de son siège. Bon ben, puisque la place est libre...
Merde, je crois qu’on l’a perdue. Elle est déjà retournée dans son petit monde et affiche le même air concentré que cinq minutes avant que je débarque. Bah alors, on se présente pas ? Bizarrement, je me sens plus du tout motivé à finir de pirater le site de jeux en ligne pour obtenir des crédits gratuits. Dès qu’il est question de nanas, de demoiselles, de gonzesses, de chicas, j’ai tendance à me laisser déconcentrer de n’importe quoi. Question d’hormones, sûrement.
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Je ne sais pas trop ce que je suis en train de faire. Enfin si, concrètement je suis plantée devant une immense baraque dont j’ignore tout du propriétaire, et m’apprête à y entrer. Ça je le sais, mais la véritable question est « Pourquoi ? ». Et en même temps, j’ai tellement froid que l’idée de retrouver de la chaleur -humaine ou non- ne tardera pas à me faire passer la porte.
Lorsque, une demi-seconde plus tard, je franchis le seuil, je suis tout de suite mise dans l’ambiance par la musique un peu forte à mon goût. Vous savez, le genre qu’on déteste en début de soirée et qu’on finit par adorer après quelques verres ? Une foule impressionnante fait agréablement grimper la température en discutant ou dansant. Ou en faisant les deux. Je retire ma veste en jeans en me rassurant : impossible que je me fasse remarquer ici. Pourquoi suis-je là, finalement ? On m’a parlé de cette soirée comme on m’aurait conseillé une drogue, un tuyau au fond d’une ruelle sombre et j’ignore encore ce qui m’a convaincue. Certainement les derniers mots que cette fille loufoque m’a confiés avec son flyer : « rencontrer du beau monde ».
Sauf que maintenant, je commence à en douter. Qu’est-ce qu’ils ont, ceux-là, à se déshabiller autour d’un jeu de poker ? Me détournant de cette vue, mon regard se pose sur un étalage de verres et de bouteilles. J’inspire profondément, souffle un grand coup et murmure pour moi-même :
— Allez, courage.
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