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Le sergent se leva pour préparer du thé frais. Vieux serviteur de la famille Ti, il s’était occupé du juge quand celui-ci était un bébé, et lorsque, douze années avant le début de ce récit, le juge avait été nommé magistrat d’un district de province, il avait demandé à l’accompagner malgré son âge déjà avancé. Le nommant sergent du tribunal, le juge Ti avait trouvé en ce fidèle serviteur de sa famille un conseiller précieux avec qui il pouvait discuter librement tous ses problèmes.
Afficher en entierLe juge abattit son martelet sur la table.
— Que le plaignant reprenne ses esprits et raconte à la Cour une histoire cohérente ! déclara-t-il d’un ton brusque. Si vous avez seulement vu par la fenêtre le corps de votre sœur couvert de sang, comment pouviez-vous savoir qu’elle était morte ?
Pendant un moment Ye fut incapable de répondre. De violents sanglots ébranlaient tout son corps. Brusquement il leva les yeux vers le juge.
— Sa, sa… balbutia-t-il. Elle n’avait plus de tête, Votre Excellence !
Afficher en entierLe juge aperçut la devanture d’une boutique minuscule mais qui paraissait très propre. Sur l’enseigne on pouvait lire écrit en gros caractères : Le bouquet de cannelle.
— Je vais y aller moi-même, dit le juge Ti. Et tout en descendant de son palanquin, il poursuivit à l’intention de Tao Gan et du sergent Hong : J’ai toujours aimé l’atmosphère des pharmacies ! Vous feriez mieux de m’attendre dehors, cela m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de place à l’intérieur !
Une agréable odeur d’herbes séchées accueillit le juge quand il ouvrit la porte.
Afficher en entierLe juge songea avec amusement qu’il n’avait jamais vu vêtement aussi loqueteux. Mais il savait que son fidèle lieutenant était quelque peu avare. C’était un ancien escroc que le juge avait, jadis, tiré d’une situation fâcheuse. Tao Gan s’était alors réformé et avait demandé à entrer au service du magistrat. Sa parfaite connaissance du monde de la pègre et son talent particulier pour découvrir le côté louche d’une affaire lui avaient permis de se rendre fort utile et de contribuer à l’arrestation de nombreux criminels dangereux.
Afficher en entierLes acclamations du personnel se mêlèrent aux ovations de la foule massée devant la porte du tribunal. "Longue vie à notre magistrat", criait-on de tos côtés. Le juge songea avec amertume que la vie n'était finalement qu'une comédie.
Il avait regagné son bureau depuis un moment quand ses trois lieutenants firent irruption dans la pièce pour le remercier. Ils s'arrêtèrent net en voyant les deux Censeurs qui aidaient leur maître à quitter sa robe officielle.
Le juge leur adressa un pâle sourire par dessus la,tête des deux Censeurs. Ils se retirèrent discrètement et le magistrat comprit soudain avec tristesse que les journées de bonne camaraderie entre eux étaient une chose du passé.
Le vieux Censeur tendit au juge son bonnet de fourrure favori. Le fonctionnaire était un habitué de la cour et il avait appris à cacher ses sentiments. Pourtant il ne put s'empêcher de lever un sourcil dubitatif en contemplant la vieille coiffure râpée du nouveau président de la Cour Métropolitaine.
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