Extrait

Avant que la jeune femme ait pu deviner ses intentions, il la saisit à bras-le-corps.

— Santino ! Que... que t'arrive-t-il ?

Tout en montant l'escalier quatre à quatre, il déclara avec fureur :

— Je te porte sur le lit conjugal, ma chère ! J'ai bien l'intention de profiter moi aussi de ton goût pour le sexe !

Déconcertée, Frankie ne songeait même pas à se débattre.

— Voyons, Santino... La police va arriver !

— Ça va leur prendre un certain temps. Et s'ils arrivent avant que nous ayons fini... eh bien, ils attendront!

Là-dessus, il la jeta sans cérémonie sur le grand lit.

D'une main tremblante, Frankie rejeta en arrière ses cheveux en désordre.

— Tu es fou !

— Au contraire, je reprends enfin mes esprits ! Et ce n'est pas trop tôt... Si j'apprenais à un Sarde que j'ai attendu cinq ans pour prendre possession de ma femme, c'est lui qui me dirait que je suis fou... Et il aurait raison !

Avec un rire sardonique, il poursuivit :

— Et puisque tu as l'air d'apprécier la publicité autant que ta mère, tu pourras toujours raconter toute cette histoire à un journal à scandale, une fois de retour à Londres. Imagine l'argent que tu tireras de tes révélations!

— Tu me crois capable de faire une chose pareille ?

— Après t'avoir entendue m'assurer d'un air vertueux que jamais tu ne m'avais pris un sou, pour avouer ensuite que tu étais mêlée à l'arnaque depuis le début, je te crois capable du pire !

Frankie baissa la tête.

« Quoi que je dise, quoi que je fasse, tout se retourne toujours contre moi, pensa-t-elle avec désespoir. Mais pouvais-je le laisser expulser ma mère sans autre forme de procès ? »

Délia n'était peut-être pas une mère idéale..; mais elle avait été elle aussi cruellement meurtrie par la vie.

— Je ne suis pas celle que tu crois, s'entendit déclarer Frankie d'une voix hachée.

Seul un rire moqueur lui répondit. Santino était en train de se débarrasser de ses vêtements.

Frankie retint sa respiration en voyant pour la première fois de sa vie un homme en chair et en os entièrement nu devant elle. Puis elle baissa les yeux en rougissant.

— Santino...

— Tu ne vas pas jouer les vierges effarouchées, maintenant?

Il n'eut pas de peine à défaire la ceinture du peignoir que la jeune femme retenait à deux mains. Puis il l'attira contre lui...

— Comédienne, va! lança-t-il d'un ton méprisant. Comme si une femme qui se vante du nombre de ses amants avait encore la moindre pudeur !

— Santino...

— Je me flatte d'être assez expérimenté, mais tu vas peut-être m'apprendre une chose ou deux?

— Je... euh, je ne me sens pas d'humeur à ça.

— Ne t'inquiète pas, je vais te mettre en condition! Quand je pense que je me suis encore laissé prendre à tes comédies, hier ! Pour te dessoûler, j'aurais mieux fait de te mettre la tête sous le robinet d'eau froide !

Il la contempla d'un air avide et tendit une main pour lui caresser un sein. Involontairement Frankie s'arqua sous cette caresse.

— Jolie petite tentatrice...

Avec adresse, Santino fit glisser le peignoir par terre avant d'allonger Frankie sur les draps en lin.

— Le lit est parfumé au romarin, symbole de fertilité..., murmura-t-il. Mais avec toi, inutile de prendre des précautions, n'est-ce pas ?

Frankie n'écoutait pas. Malgré elle, elle vibrait sous les savantes caresses de Santino... et elle avait honte de ne pas savoir se maîtriser. Quoi, il suffisait qu'il la touche pour qu'elle perde la tête?

— Comme tu sais bien rougir ! Quand tu me regardes comme ça, j'ai envie de te prendre sans aucun préliminaire...

Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser sans fin. Un baiser auquel Frankie, les yeux clos, répondait avec une ardeur, une passion qu'elle ne se connaissait pas.

Puis les mains de Santino lui parurent être partout à la fois, explorant les recoins les plus secrets de son corps. Au lieu de le repousser, elle s'offrait tout entière à ses caresses, gémissant de désir et de plaisir.

Soudain elle se raidit en laissant échapper un cri de douleur. Santino s'immobilisa, tandis qu'une expression stupéfaite se peignait sur son visage. Puis un tendre sourire lui vint aux lèvres.

— Francesca, petite folle, pourquoi m'as-tu menti? Si tu m'avais dit la vérité, j'aurais été bien moins brutal.

Frankie ne répondit pas. Le bref instant de douleur passé, elle se sentait soudain merveilleusement bien, emportée par une vague puissante et délicieuse qui balayait tout sur son passage... Fermant les yeux, elle s'abandonna au plaisir.