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Conscient qu’il devait s’efforcer de mieux contrôler ses émotions, Javier lui prit le bras pour la guider vers la limousine.
– Je suis désolé, querida, s’excusa-t–il. J’ai encore du mal à supporter le choc. J’ai bien failli te perdre. J’essaierai d’être plus attentionné.
Une fois qu’il eut pris place sur la banquette auprès d’elle, Emelia fixa sur lui son regard clair.
– Ce n’est pas grave, répondit-elle doucement. C’est difficile pour moi aussi. J’ai l’impression de vivre la vie de quelqu’un d’autre.
– C’est bien la tienne pourtant, assura Javier. Celle que tu t’es choisie.
– Nous nous sommes fréquentés pendant combien de temps avant de nous marier ? demanda-t–elle pensivement.
– Pas longtemps. Six semaines.
– Si vite ?
Sous l’effet de la surprise, ses iris semblèrent se dilater, nota-t–il. Machinalement, elle replaça une mèche couleur miel derrière son oreille et s’humecta les lèvres.
Ce geste eut sur lui un effet insensé, en dépit des efforts qu’il faisait pour rester insensible à son charme. Assis si près d’elle, il respirait le parfum vanillé de sa peau. S’il fermait les yeux, il pouvait se représenter son corps nu se tordant sous le sien tandis qu’il la possédait jusqu’à l’explosion extatique.
Afficher en entierDans l’avion qui les avait ramenés en Espagne, il avait observé ses expressions. Si elle avait vraiment oublié à quel point il était riche, elle ne pouvait plus en douter à présent. Et même si elle se souvenait du désastre qu’était devenu leur mariage, elle n’allait certainement pas l’admettre maintenant. Pourquoi le ferait-elle ? Il pouvait tout lui offrir. Par ailleurs, elle n’avait personne d’autre vers qui se tourner puisque son amant était mort. Un caprice du destin l’avait ramenée auprès de lui et il lui était impossible de la jeter dehors pour le moment – ses relations d’affaires le mépriseraient de divorcer de son épouse amnésique. Mais la situation comportait tout de même certains avantages, convint-il. Car il la désirait toujours.
Cet aspect-là n’avait pas changé, même s’il se reprochait de ne pouvoir renoncer à l’attirance qu’elle lui inspirait. Chaque fois qu’ils étaient en présence l’un de l’autre, l’air se chargeait de tension érotique, et il était sûr qu’à défaut de le reconnaître Emelia réagissait physiquement à son approche, comme avant. En un rien de temps, elle se tordrait de désir sous lui, se promit-il. Il rayerait de son esprit jusqu’au dernier souvenir de son amant pour qu’elle n’ait plus conscience que de lui, et de lui seul. Plus tard, quand elle serait complètement rétablie, il la chasserait de sa vie. Leur divorce serait bref, définitif, car il n’avait pas l’intention de faire traîner les choses après le scandale qu’elle avait causé et qui l’avait ridiculisé. La presse oublierait cette histoire à la longue, car – c’était bien connu – un scandale en chassait un autre, mais lui, Javier, n’oublierait jamais. Jamais !
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