Extraits

Elle le vit s'approcher de nouveau, l'air plus suffisant que jamais. Il savait les dégâts infligés par sa dernière attaque, et elle lut dans son regard qu'il allait lui porter le coup de grâce. Elle cherche désespérément autour d'elle quelque chose, n'importe quoi qui pourrait l'aider... Trop tard : les coups pleuvaient déjà sur elle. Ses parades se firent de moins en moins efficaces. Terrassée par cet assaut d'une violence inouïe, elle se retrouva à genoux, le visage tuméfié et ensanglanté.

- Prépare-toi à mourir, dit-il d'une voix froide, dénuée de la moindre émotion.

Femke s'attendait à percevoir triomphe et plaisir dans cette déclaration ; même pas. Elle devait se rendre à l'évidence : il avait gagné.

Elle ne vit pas le dernier coup arriver. Son visage explosa sous la douleur. Alors seulement, elle roula vers le bord du toit. Elle ne maîtrisait plus son corps ; elle ne pouvait rien faire pour essayer de stopper sa chute.

Femke avançait à la faveur d'une faible lueur qui brillait derrière une porte donnant sur le couloir. Elle tendit l'oreille : pas un bruit dans la maison. Dreban avait sans doute donné leur congé aux domestiques, afin qu'ils ne la trouvent pas.

"Quel sinistre personnage ! songea-t-elle. Il m'a laissée, affamée et blessée, pour me présenter au roi comme coupable. Quand j'aurai trouvé l'assassin du baron, j'irai lui dire mes quatre vérités !"

La cuisine aussi parassait vide. Avec mille précautions, elle poussa le battant, qui refusa de s'ouvrir. Elle poussa encore... Le bruit mat d'une masse tombant au sol la fit bondir en arrière : la main pressée sur la bouche, elle retint un cri. Une paire d'yeux fixes la dévisageait. Ceux du comte ! Son horreur redoubla lorsque, dans la pénombre, elle vit que l'un de ses couteaux était planté dans la gorge de la victime.