Ajouter un extrait
Liste des extraits
Le lendemain matin, un jeudi, il faisait un temps de saison que les gens du coin définissent d'une phrase : "Ca devrait se maintenir." De la brume pleine de flotte en suspension, remuée par un petit vent de nord qui allait dégriser le ciel sans rien sécher.
Afficher en entierJ’ai pris l’habitude de l’hostilité ou de l’indifférence ; par contre, je n’ai jamais pu me faire au mépris. Je sais que je n’aurais pas dû, mais j’ai soutenu leur regard. On a toujours un peu peur dans ces cas-là, sauf qu’on ne peut pas s’empêcher d’y mettre une once de défi, on sent que l’œil brille et que l’autre, en face, ne le supporte pas.
Afficher en entierC’est très simple : j’ai découvert qu’il a participé à un jeu télévisé en même temps que les cinq victimes… Le Maillon faible… Elles ne sont pas parvenues en finale, mais, dès le premier tour, elles l’avaient toutes expulsé en inscrivant son prénom sur leur ardoise, au feutre noir, alors qu’il était le seul à ne pas avoir commis d’erreur. Il n’a pas supporté cette injustice, cette humiliation subie devant des millions de téléspectateurs… Il voulait laver son honneur. C’est devenu une idée fixe. Il a fini par éliminer méthodiquement ses éliminateurs.
Afficher en entierSi l’enfance est le centre de la vie, la jeunesse est la première de ses banlieues. Une manière de s’éloigner tout autant que de contingenter. Et comme dans la géographie urbaine, un simple tour de périphérique suffit pour constater qu’aucune banlieue n’est semblable à une autre. De la Chapelle à Passy, de Montreuil à Saint-Cloud, les portes sont ouvertes en permanence. La ville n’est plus close, en apparence.
Afficher en entierOn apprécie le plat quand la recette est terminée. Je suis donc une nouvelle fois repassé par la cuisine où j’ai bu une coupe pour m’éclaircir les idées. Mes trois étoiles n’avaient pas encore étrenné une saison qu’on faisait déjà la queue pour vivre à leur clarté ! Quand est venu le moment de présenter la note, j’ai demandé au maître d’hôtel de dire à cette femme dont j’avais perdu le souvenir qu’elle était mon invitée. Quelle ne fut pas ma surprise de la voir arriver et se hisser sur la pointe de ses escarpins pour m’embrasser sur les joues. Je rassemblai tout mon courage pour lui avouer la vérité : « Excusez-moi, mais je ne me rappelle vraiment plus dans quelles circonstances nous nous sommes rencontrés… » Elle a hoché la tête pour signifier qu’elle l’avait compris : « C’était il y a dix-huit ans, en juin 1947, près du pont Eiffel que les Allemands ont fait sauter pendant leur retraite… Je ne me remettais pas de la fin d’une grande histoire d’amour, et j’ai voulu en finir… Le hasard a voulu que vous fassiez de la plongée à quelques mètres de là, et que vous me sauviez la vie. »
Afficher en entier