Extraits

PROLOGUE

New York, le douze avril deux mil dix.

Je pris une grande inspiration et soufflai à pleins poumons sur les vingt-deux bougies qui ornaient mon gâteau dégoulinant de chocolat.

«Joyeux anniversaire», entonnèrent mes vingt invités réunis dans le Park’s Bar.

— Fais un vœu ! s’écria Nina, ma meilleure amie de la présente demi-décennie.

Je fermai les yeux et sursautai. Ce n’étaient pas les bouchons de champagne qui tonnaient à l’horizon, mais les canons de l’Union qui se rapprochaient. 

 *  *  *

Je m’appelle Elora, mais tout le monde m’appelle «Elle» ou «Élie». J’ai cent cinquante-neuf ans. J’ai vu le jour le douze avril mil huit cent cinquante et un à Charleston, jolie petite bourgade du Sud.  Mes parents John et Julia O’Connor, d’honorables sudistes originaires d’Irlande, y avaient élu domicile dans l’une des plus grandes bâtisses de la ville. Maman n’était pas peu fière de sa vaste maison blanche parée d’immenses colonnes de marbre très ostentatoires qui forçaient l’admiration des visiteurs et autres curieux qui s’aventuraient aux abords de notre immense portail de bronze.  De grands massifs d’arbres fleuris couraient dans les allées du jardin où j’aimais flâner, entourée de mes soupirants avant que la guerre ne me fasse grandir prématurément.