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L'Etoile de Natan



Description ajoutée par love-lecture 2011-06-04T19:21:09+02:00

Résumé

Antoine a treize ans, deux petites sœurs, des parents cools, une passion pour le foot, une copine qui le mène en bateau… Et brusquement, Antoine se retrouve enfermé dans une chambre d'hôpital, perdant tous ses cheveux : leucémie… Confronté à cette épreuve, Antoine découvre une aide inattendue : ses rêves. Ils le conduisent dans un monde inconnu et familier en même temps : L'Etoile de Natan. Il y rencontre Gus, une créature étrange qui va lui servir de guide et devenir son ami. Comme la vie d'Antoine, celle du Prince Natan est bouleversée par l'invasion d'un ennemi implacable. Grâce à Gus, Antoine va être le témoin de la reconquête de son étoile par Natan et ses compagnons. Mais quels sont les liens mystérieux qui unissent Antoine et Natan ? Pourquoi la jeune Magicienne Thaïs ressemble-t-elle tant à Cloé, la petite sœur d'Antoine qui va donner une part d'elle-même pour tenter de le sauver ?

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Classement en biblio - 7 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par sophinotte 2011-11-26T21:35:14+01:00

CHAPITRE 3

La pêche aux crabes

Elle avait de l’eau jusqu’à mi-mollets. Si elle faisait un pas de plus, Anna entreprendrait la vidange du bassin d’Arcachon dans ses bottes !

– Anna, recule ! Tu vas te mouiller les pieds.

– C’est pas grave Antoine ! L’eau, elle est même pas froide !

Alors là, Antoine n’était pas du tout d’accord ! Enhardis par le ciel bleu et un beau soleil printanier, ils avaient parié avec Cloé à qui irait le plus loin, pantalons retroussés jusqu’aux genoux. Antoine avait déclaré forfait à peine ses orteils avaient-ils effleuré l’eau, prétextant qu’il ne devait pas prendre froid. Sa soeur, elle, ne s’était pas dégonflée. Elle s’était éloignée d’une vingtaine de mètres, jusqu’à atteindre un banc de sable sur lequel elle se promenait maintenant pratiquement à pieds secs à la recherche de jolis coquillages pour Anna. Ebloui par la lumière du matin, Antoine la voyait en contre-jour. Ses mèches blondes et rebelles entouraient son visage comme un soleil. Elle avait beau être sa soeur, il la trouvait très jolie. Pas autant que Camille bien sûr, mais quand même. D’ailleurs, il se demandait si ce grand idiot de Benoît, qui avait passé des mois à lui faire la leçon à propos de ses propres amours, n’était pas tombé sous le charme des yeux verts de sa cadette.

Comme l’avait prédit Gus, l’infection avait été maîtrisée en quelques jours et on avait pu lui faire le quatrième cycle de chimio (avec une ponction de moelle à la clé !). Il était à peine sorti de l’hôpital que ses parents avaient souhaité profiter de la fin de ces vacances de Pâques pour passer quelques jours à l’océan. Au début, Antoine n’était pas franchement ravi. Laisser Camille et Benoît alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis trois semaines ne l’enchantait guère. A présent, il appréciait de passer du temps avec ses soeurs, sans hôpital et sans école pour les séparer. Et puis, avec au moins dix textos par jour, il n’était pas complètement privé de la compagnie de ses amis !

– Antoine, Antoine, viens voir, il y a des crabes ici ! Viens vite.

Anna était sortie de l’eau et courait vers son frère maladroitement, gênée par ses bottes. Son épuisette verte, son coupe-vent orange et ses bottes jaunes rendaient inenvisageable la possibilité de la perdre sur la plage. D’ailleurs, Antoine ne la quittait des yeux que pour regarder Cloé et derrière elle, l’immense dune et les voiliers manoeuvrant pour sortir du bassin. Les parents, par contre, semblaient se désintéresser complètement de leur progéniture, chacun assis sur le sable, au chaud dans un pull marin, hypnotisé par un bouquin. La petite voix aiguë se rapprochant, Antoine s’arracha à sa contemplation, enfila ses bottes et se porta à la rencontre de sa petite soeur.

– Alors, ils sont où ces crabes ?

– Là, viens voir, près du poteau du pont. Il y en a plein.

– Ce n’est pas un pont, Anna, c’est un débarcadère.

– D’accord mais c’est quand même un pont ! Viens je te dis, j’ai peur toute seule.

Antoine prit dans sa main la menotte rouge et gelée. Il s’étonnait chaque jour de voir à quel point Anna grandissait vite. Elle venait juste d’avoir cinq ans et durant cette année scolaire, elle avait élargi considérablement son vocabulaire, appris à écrire son prénom ainsi que celui de ses meilleurs copains, de son frère et de sa soeur. Elle faisait du vélo, connaissait toutes les lettres de l’alphabet et s’habillait toute seule. Elle savait même manier les télécommandes de la télé ! Antoine lui, n’avait pas su faire ça avant sept ans, Maman le lui avait dit.

Bien sûr, c’est après le long séjour à l’hôpital au début de sa maladie que le changement lui avait paru le plus impressionnant. D’autant plus qu’il allait au-delà de l’évolution physique. À son retour à la maison, Anna s’était comportée avec lui en petite maman. Elle s’enquérait de ses journées, voulant savoir si tout s’était bien passé, s’il avait beaucoup de devoirs, s’il avait bien mangé avec Maman à midi. Antoine trouvait ça un peu bizarre mais en même temps c’était super mignon. De son côté, il avait eu peur qu’Anna soit impressionnée par sa boule à zéro et sa maigreur : elle semblait n’avoir rien vu. Il avait craint qu’elle lui en veuille de l’avoir laissée seule aussi longtemps, de ne plus avoir joué avec elle et de ne plus lui avoir lu d’histoires : à son retour, ils avaient retrouvé leurs habituels moments de complicité comme si rien ne s’était passé. Voilà, c’était exactement ça. Il semblait que pour Anna, rien ne s’était passé. Jamais elle ne parlait de la maladie d’Antoine. Elle avait récupéré son frère et seul cela comptait à ses yeux.

Ils arrivèrent au pied de la jetée en bois d’où pêchaient des vacanciers et des « locaux ». Sanglés dans leur coupe-vent, ils jetaient dans l’eau une bouillie infâme sensée servir d’appât. Si on en jugeait par la fréquence des prises, elle attirait les crabes plus que les poissons. D’ailleurs, une bande de gamins immergeant une nasse depuis le haut de la jetée avait nettement plus de succès. À chaque fois qu’ils la relevaient, plusieurs crabes étaient prisonniers, déclenchant des manifestations de joie proportionnelles à leur taille. Heureusement pour la tranquillité des pêcheurs, ils dépassaient rarement les six centimètres de diamètre, Antoine le savait par expérience.

– Donne-moi ton épuisette, je vais essayer de t’en attraper un.

Pleine d’admiration, Anna tendit l’instrument à son grand frère qui, là encore par expérience, savait qu’il n’avait quasiment aucune chance d’attraper un crabe comme ça. Mais bon, l’important était l’excitation de la pêche. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Anna était tout excitée ! Penchée en avant, les coudes sur les genoux, ses boucles blondes dépassant de son bonnet, elle encourageait Antoine de la voix.

– Allez Antoine, attrape un gros ! On va faire peur à Maman !

– Tu crois ça ? Maman n’a pas peur des crabes. Tu as vu la taille de ceux qu’elle mange avec Papa ?

Se redressant, la petite haussa les épaules.

– C’est pas pareil, ceux qu’ils mangent, ils sont morts. Nous, c’est un vivant qu’on va attraper !

Logique.

Après cinq minutes de pêche infructueuse, Antoine proposa de changer de tactique.

– Tu vois ma puce, avec l’épuisette ça ne marche pas. Regarde bien, les crabes portent leurs yeux sur le dessus de leur tête. Dès qu’ils voient approcher ce gros truc vert, ils s’enfuient à toute vitesse. Il faut les attraper à la main, par derrière.

Anna ouvrit de grands yeux, horrifiée.

– À la main ! Mais tu es fou, tu vas te faire pincer, peut-être même manger un bout de doigt.

En souriant, Antoine flatta avec son index le petit nez rougi.

– Mais non, Anna. Ils sont tout petits et moi je suis très grand. Comment veux-tu qu’ils puissent me faire du mal ? Même toi tu pourrais en attraper à la main.

C’était exactement ce qu’il ne fallait pas dire. Le visage de la petite fille en coupe-vent orange se figea de terreur puis elle se mit à hurler, d’énormes larmes noyant ses yeux émeraude.

– Je veux pas, je veux pas, je veux pas !

Et elle tourna les talons, courant vers Eva et Guillaume en appelant sa mère.

– Maman, Antoine il veut que je me fasse manger par les craaaaabes !

Tout décontenancé, Antoine resta planté comme un idiot son épuisette à la main. Cloé s’approchait de lui en riant, portant au creux de ses mains une précieuse cargaison d’huîtres aux reflets nacrés, de coques et de couteaux.

– Qu’est-ce que tu lui as dit pour la mettre dans cet état ? se moqua-t-elle.

– Ben rien, je lui expliquais juste qu’on peut attraper les petits crabes à la main. Ça l’a rendue complètement hystérique.

– Tu parles, même moi ça me dégoûte ces bestioles. Allez viens, on va lui changer les idées avec les coquillages.

Vexé, Antoine répliqua un peu sèchement.

– Vas-y, toi. Moi je reste pour en attraper un. Histoire de lui montrer que c’est possible sans se faire dévorer tout cru.

Il y avait bien longtemps que le gros chagrin d’Anna s’était calmé lorsque Antoine attrapa enfin son crabe. Quand il rejoignit les autres, Papa et Maman avaient lâché leur livre et offraient béatement leurs visages au soleil. Cloé et Anna, assises dans le sable les jambes écartées, faisaient l’inventaire des coquillages en leur donnant un prénom à chacun.

Antoine n’avait pas encore eu le temps de jouer au héros devant sa petite soeur que le portable de sa mère sonna. À la façon dont son sourire se figea et dont elle blêmit, Antoine comprit que les vacances étaient terminées.

Effectivement, le soir même, ils étaient de retour à la maison.

***********

Antoine se réveilla en haut du Donjon. Comme cela lui était déjà arrivé une fois, il se sentait très mal. Un noeud d’angoisse serrait sa gorge et il se sentait nauséeux. Il trouva un Gus nerveux qui lui intima sans le saluer l’ordre de le suivre.

– Dépêche-toi, il se passe quelque chose de crucial, nous devons descendre à la bibliothèque.

Antoine le suivit dans l’escalier de pierre. Pas encore tout à fait opérationnel, il faillit manquer une marche. Il se rattrapa de justesse au tentacule que lui tendit Gus, comme s’il l’avait vu trébucher alors que son regard était tourné vers le bas.

Antoine en était encore à s’étonner de l’exploit de son ami lorsqu’ils parvinrent à l’entrée de la bibliothèque. Ils n’y étaient encore jamais venus. Ils traversèrent les lourdes portes en chêne comme si elles n’avaient pas existé. C’était un lieu magnifique, dans lequel reposaient sur des étagères en bois doré des milliers d’ouvrages. Sur le sol, des tapis multicolores étouffaient le bruit leurs pas. Il y avait au centre, installé à un bureau circulaire en bois blond, un vieil homme portant lunettes et barbe blanche, vêtu d’une large robe brune : le bibliothécaire sans doute. Devant lui, une pile de livres ; il en prit un et lut son titre à haute voix. Immédiatement, le livre s’envola comme un oiseau pour aller se poser à son emplacement. Les livres voisins se bougèrent pour lui laisser de la place et il s’installa. Le vieillard fit de même avec les autres ouvrages.

Antoine était émerveillé par ce spectacle, par la beauté des livres en vol. Ce monde était si étrange… À combien de manifestations magiques comme celle-ci pourrait-il assister ?

À l’attention des lecteurs, une dizaine de tables accueillaient chacune une lampe centrale, sorte de champignon vert au pied argenté, ainsi que du papier, des plumes et des encriers. Toutes étaient vides, à l’exception de la plus éloignée du vieillard où Hamelin était en grande conversation avec Maé, Ruben, Amber, Thaïs, Nora, Emeric et Corticos. Feulon était là aussi, assis aux pieds de Maé.

–Tu es sûr que nous pouvons parler librement avec cet Arzel dans la pièce ? interrogea Corticos, l’air renfrogné.

– Absolument sûr, répondit Hamelin : il est sourd comme un pot.

– Si tu le dis...

– Alors ? reprit Hamelin en s’adressant à Maé. Comment vous en êtes-vous rendus compte ?

– Et bien lorsque nous avons lancé la dernière vague d’assaut, tout était apparemment calme. Cuider ne signalait rien d’anormal sur la Terra Spina et nos hommes n’avaient, comme les dernières fois, trouvé aucune trace de l’ennemi dans les autres territoires. Quant aux eaux du Gave Fleuri, elles charriaient les fleurs en abondance ; aucun radeau de l’Armée Blanche n’était détectable, aucune des mines de Cytox n’avait explosé depuis plusieurs dulcis. Ce n’est que lorsque nous sommes rentrés dans la Forêt que nous avons compris que quelque chose n’allait pas.

Corticos, le chevalier géant vêtu de cuir prit la suite.

– Maé a tout de suite détecté la présence d’ennemis, mais impossible d’en apercevoir un seul ! Nous nous sommes alors enfoncés dans la Forêt. Tout semblait calme : pas un arbre mort, les oiseaux chantaient ; rien d’inquiétant, vraiment. Ce n’est qu’en pénétrant dans le Sanctuaire que nous les avons vus.

– Ils n’étaient pas très nombreux reprit Maé, une forte tension perceptible dans sa voix. Une division à peine, apparemment les mêmes soldats que lors de l’invasion. Fusox et Anthros sont immédiatement passés à l’attaque et quelques adversaires sont tombés. Mais la plupart sont restés debout.

Le regard qu’échangèrent Corticos et Maé était lourdement chargé de la signification de ce qu’ils venaient de révéler. Hamelin baissa la tête et Ruben frotta sa barbe. Le visage d’Amber devint de marbre. Quant à Thaïs et Nora, Antoine pouvait voir à leurs mâchoires crispées et à leur nez pincé qu’elles retenaient leurs larmes.

Aucun d’entre eux ne faisant de commentaire, Maé continua son récit.

– Ils n’ont pas osé attaquer : leur infériorité numérique était trop importante.

– Et le récit de la rencontre avec les épées de mes chevaliers a du se propager dans leurs rangs, ajouta Corticos.

– Ils sont restés là un grand moment à nous narguer. Puis…

Maé hésita.

– Puis Stem est apparu en personne, sortant du plus profond du Sanctuaire. Ce ne pouvait être que lui : un jeune homme en uniforme aussi bleu que ses cheveux, portant une expression narquoise et méprisante sur le visage. Il n’a rien dit. Il nous a dévisagés Corticos et moi et il a simplement éclaté de rire. Ensuite, ils ont tous battu en retraite et nous sommes immédiatement rentrés pour vous avertir.

Antoine était abasourdi. Ainsi, Stem avait mené à bien son projet de mettre au point des soldats plus performants, plus résistants. Il avait fini par croire que Stem était mort puisque Feulon n’avait pu retrouver sa trace la dernière fois qu’il avait fouillé le Sanctuaire. L’attaque des Protos lui avait presque fait oublier la menace « Stem ». Et le voilà qui ressurgissait, au moment où on l’attendait le moins. Il interrogea du regard Gus qui d’un mouvement de tête et un haussement de tentacules lui fit comprendre qu’il découvrait en même temps que lui la terrible nouvelle.

Tous les alliés de Natan attendaient qu’Hamelin prenne la parole. Ce qu’il fit, après avoir rapidement passé en revue mentalement les options qui s’offraient à eux.

– Maé, as-tu une idée de la façon dont les soldats de Stem résistent aux armes de Fusox et d’Anthros ?

– Non, je suis désolée.

– Thaïs, Nora ?

Nora semblait si bouleversée que Thaïs prit la parole.

– Nous ne pouvons faire que des suppositions. Nous ne pourrons être sûres de rien tant que nous n’en aurons pas capturé quelques-uns pour les examiner et les interroger.

Emeric intervint, ses yeux pervenche transperçant le regard émeraude de Thaïs.

– Alors il ne faut pas perdre de temps. Entre dans ton laboratoire avec Nora et prépare-toi. Corticos et moi-même partons te capturer quelques spécimens.

– Ce n’est pas à toi de me dire ce que j’ai à faire ! rétorqua sèchement Thaïs.

Hamelin s’interposa avec un mouvement d’impatience entre les deux jeunes princes, familiers des disputes.

– Assez vous deux ! Ce n’est pas le moment. De toute façon Emeric, nous n’avons pas le temps de réfléchir à la conception de nouvelles armes. Les soldats de Stem sont vraisemblablement en train de se multiplier très rapidement ; nous serons dans quelques jours confrontés à une véritable invasion. Il faut faire avec ce que nous avons. Maé ?

– Metox et Topos peuvent immédiatement rejoindre les troupes de Fusox et Anthros. Ils disposent d’hommes dotés d’armes que Stem ne connaît pas. Avec eux en renfort, je pense que nous avons de quoi les contenir.

– Enfin Maé, il ne s’agit pas de les contenir ! s’impatienta Emeric. Il faut les anéantir. Il faut tuer Stem.

Maé le fusilla du regard mais ne dit rien : elle savait qu’il avait raison.

Se tournant vers Amber et Ruben, Hamelin ajouta d’une voix douce :

– Emeric est dans le vrai. Natan ne survivra pas à une nouvelle invasion.

La princesse à la couronne de corail fronça ses sourcils bruns. Elle posa ses longues mains blanches sur la table.

– Dans ce cas, il faut augmenter notre force de frappe. Multiplions l’effectif de nos combattants par dix.

Amber se leva brusquement et s’exclama :

– C’est hors de question ! Natan ne supportera jamais un tel déferlement de violence. Tu veux le tuer ou quoi ? !

Les alliés de Natan la regardèrent avec stupeur. Amber était d’ordinaire calme malgré son caractère volontaire. Or, elle faisait en cet instant preuve d’une rage dont nul n’aurait pu l’imaginer capable. Même pas Ruben, son compagnon depuis tant d’années, qui se leva et entoura ses épaules de son bras.

– Calme-toi, chère amie. Tu sais que la situation est très grave, et que rien ne sera aisé. Nous devrons prendre des risques pour sauver notre Filleul.

Alors qu’Amber se laissait aller contre son bras, les larmes aux yeux, le majestueux Ruben s’adressa à Hamelin dont la couronne ornée d’un serpent sur le front semblait peser plus lourd que d’habitude.

– Hamelin, la proposition de Maé est-elle envisageable sans menacer la vie de Natan ?

– Non.

Cette réponse sans appel suscita un lourd silence. Comprenant qu’il devait le rompre rapidement, Hamelin reprit la parole pour préciser la situation.

– Un tel déploiement de troupes et la bataille qui s’ensuivrait transformeraient définitivement la Forêt en désert. Jusqu’à présent, les assauts que nous avons lancés contre Stem ont tué les fleurs et les arbres. Mais nous avons toujours veillé à épargner les graines enfouies dans le sol. Ainsi, la Forêt a pu se régénérer entre chaque assaut. Si nous faisons ce que propose Maé, les graines mourront. Les arbres ne repousseront pas et tous les citoyens de cette étoile seront condamnés. Natan aussi, par conséquent.

Hamelin s’interrompit, faisant des va et vient entre la table et la fenêtre. Le silence reprit ses droits, faisant régner une ambiance dont la gravité imprégna Antoine par tous les pores de son corps. Chacun semblait réfléchir, à l’exception d’Amber, dont les yeux voguaient sur l’océan du désespoir. Ruben la soutenait de toute sa force. Il semblait que sans lui, elle se serait effondrée sur le sol. En la regardant, Antoine eut un flash soudain : il vit sa mère, aux temps les plus graves de sa dépression, son regard perdu au loin même quand elle leur parlait. Elle naviguait dans ces moments-là dans les mêmes eaux qu’Amber aujourd’hui…

– Il y a peut-être un moyen très simple.

Hamelin s’était immobilisé et retourné vers ses compagnons. Sa tête s’était redressée. Malgré sa petite taille, il émanait de lui une autorité naturelle. L’espoir bondit dans le coeur d’Antoine.

– Il suffirait d’importer des graines d’arbres d’une autre étoile. Ainsi, une fois la bataille terminée, nous pourrions réensemencer la Forêt de Natan.

Les regards verts si identiques de Thaïs et Nora se mirent à briller. Le grave visage de Maé se détendit un peu. Amber elle, semblait ne pas avoir entendu ; elle dérivait… Ruben posa un baiser sur son front et l’aida à se rasseoir. Puis, il se rapprocha d’Hamelin.

– Hélas mon ami, ce n’est pas possible, les graines ne germeront pas.

– Et pourquoi ça ? l’interpella Nora, la voix pleine la révolte devant l’anéantissement d’un espoir à peine né.

S’adressant à tous et maudissant presque son immense savoir, Ruben expliqua :

– Sur une étoile, les graines sont des citoyens à part entière, au même titre que les arbres de la Forêt ou les gardiens du Moulin. Elles ne reconnaissent que l’autorité de leur souverain. Dans une Forêt étrangère, elles ne germent pas. Leur loyauté leur interdit de se mettre au service d’un autre souverain que le leur.

– Même si leur souverain leur en intime l’ordre ? demanda Thaïs.

– Oui. C’est un ordre auquel elles ne peuvent obéir, car il est contradictoire avec ce pour quoi elles ont été conçues : servir et participer à l’Evolution de leur souverain, et de lui seul. De toute façon, même si on parvenait à les convaincre, l’étoile où l’on tenterait de les semer les reconnaîtrait comme étrangères et les empêcherait de germer.

– Quelqu’un a-t-il déjà essayé ? insista Nora, refusant d’accepter le verdict qu’impliquaient les mots de Ruben.

– Oui, jeune princesse, je suis désolé. De nombreuses Guérisseuses ont tenté ce type d’expérience dans le passé, sans succès, parfois malgré l’aide de puissantes Magiciennes.

À peine Ruben avait-il fini sa phrase qu’Antoine se sentit envahi par un sommeil soudain. Il voulut avertir Gus mais il était déjà parti.

***********

Antoine avait eu du mal à s’endormir à leur retour de l’océan. À présent, il était couvert de sueur, ses jambes s’agitaient dans le lit, il haletait. Il ouvrit grand les yeux en même temps qu’il hurla.

– Nooon !!!!

Ce n’était pas possible, il ne voulait pas mourir ! Ruben se trompait. Son monde était trop ancien, il n’avait pas la connaissance. Le Dr Loubier lui aurait une solution…

– Maman !!!

Son cri n’avait pas fini de sortir de sa poitrine, dont son coeur affolé menaçait de sortir, que déjà sa mère l’entourait de ses bras. Elle écarta la mèche trempée qui barrait son front et lui tombait dans les yeux, couvrant ses joues de baisers.

– Calme-toi mon amour, ce n’est qu’un cauchemar, tu n’es plus à l’hôpital, tout va bien.

– Non Maman, je vais mourir, je le sais !

Hanté par son rêve, il ne parvenait pas à s’abandonner à l’étreinte réconfortante de sa mère. Il fallut la voix grave de son père pour qu’il se calme un peu.

– Tu ne vas pas mourir Antoine. Bien sûr, si le Dr Loubier veut nous voir du jour au lendemain, c’est qu’il s’est passé quelque chose d’important. D’un autre côté, s’il pensait qu’il n’y a rien à faire, il n’aurait aucune raison de nous convoquer dans une telle urgence.

Antoine regarda ses parents et leur bienveillante assurance l’envahit tout entier, ralentissant son coeur et sa respiration. Eva se pencha et ramassa Dino qu’il serra contre sa joue. Le contact familier du tissu usé jusqu’à la corde finit de l’apaiser.

La crise était passée. Eva et Guillaume embrassèrent leur fils.

– Dors mon chaton, tu as besoin de repos.

– Allez mon grand, demain sera sans doute une journée riche en évènements. Il faut dormir. Et n’oublie pas : tu ne vas pas mourir, je ne le permettrai pas.

Antoine aurait voulu avoir l’âge d’Anna pour pouvoir croire son père. Malgré tout, il parvint à se rendormir bercé par cette promesse. Les derniers lambeaux de l’enfance lui collaient toujours à la peau.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par MiruMira 2015-04-27T19:13:04+02:00

Ayant eu l'occasion de rencontrer l'auteur et d'avoir eu une dédicace de sa part je considère mieux ce livre. Il raconte la manière dont un garçon arrive à vaincre un cancer, je le conseille à tout les enfants qui ont sont atteind, de plus il est pédagogique pour nous qui ne savons pas de quoi il s'agit.

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Commentaire ajouté par clairette17 2011-12-05T19:13:29+01:00
Diamant

ce livre est vraiment super bien et très adapté a toute la famille

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Commentaire ajouté par sophinotte 2011-11-26T21:54:31+01:00
Diamant

Pour son premier roman, Sophie Séronie Vivien ne manque pas d’audace. Elle choisit de parler d’un sujet très délicat, la leucémie chez les enfants… Moi je lui dis : chapeau bas ! Le défi est relevé avec brio, sans cacher la réalité de la maladie, elle l’adoucit avec des rêves métaphoriques qui expliquent le déroulement de la maladie et des traitements. A 13 ans, Antoine est un garçon tout à fait ordinaire ; il va au collège, il a des amis et une famille qui l’aime. Un jour, alors qu’il est malade, il fait un drôle de rêve où il est spectateur d’une guerre qui se prépare sur l’étoile de Natan, un monde fantastique gouverné par un prince qui lui ressemble étrangement. A son réveil il apprend qu’il est atteint d’une leucémie. Accompagné de ses parents et de son médecin, il va devoir se battre contre cette maladie qui peut lui être fatale. Antoine est grand et rien ne lui est caché, il reçoit la dure réalité du haut de ses 13 ans. Ses rêves, qui vont continuer pendant chaque phase de sommeil, vont s’avérer précieux pour comprendre sa maladie, anticiper les traitements, garder de l’espoir… La métaphore de la guerre sur l’étoile de Natan est très bien trouvée, tous les processus complexes de l’évolution de la maladie et des traitements proposés sont clairement expliqués dans une langue que les jeunes comprennent bien : le fantastique. La vie d’Antoine est très touchante, ce jeune adolescent qui tombe amoureux, qui veut survivre, qui doute, qui a peur… Ce réalisme est troublant et en connaissant le sujet du roman, j’ai eu peur de ne pas arriver à la fin. Mais une fois la lecture entamée, je n’ai pas pu m’arrêter, l’auteure m’a transporté sur l’étoile de Natan… L’étoile de Natan rentre dans mes coups de cœur car je n’aurais jamais pensé prendre autant de plaisir à lire un roman traitant de ce sujet. C’est émouvant mais porteur d’espoir. Un grand merci à Sophie Séronie-Vivien pour ce magnifique roman que je conseille aux jeunes et aux moins jeunes à partir de 14 ans. Je me dois d’ajouter que le profit des ventes sera reversé à la Fédération Enfants et Santé.

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