Extraits

Maman disait souvent qu'on n'est jamais tout à fait malheureux.

Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Dans le fond, je n'ignorais pas que mourir à trente ans ou à soixante-dix ans importe peu puisque, naturellement, dans les deux cas, d'autres hommes et d'autres femmes vivront, et cela pendant des milliers d'années. Rien n'était plus clair, en somme. C'était toujours moi qui mourrais, que ce soit maintenant ou dans vingt ans.

Je comprenais très bien que les gens m'oublient après ma mort. Ils n'avaient plus rien à faire avec moi.

Le temps me manquait pour m'intéresser à ce qui ne m'intéressait pas.

Je n'ai jamais eu de véritable imagination. J'essayais pourtant de me représenter une certaine seconde où le battement de ce cœur ne se prolongerait plus dans ma tête. Mais en vain.

Le fond de sa pensée, si j'ai bien compris, c'est que j'avais prémédité mon crime.

Pour la première fois depuis bien des années, j'ai eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté par tous ces gens-là.

Ils ont l'air de la même race et pourtant ils se détestent.

Pour moi, c'est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c'est. Ça vous laisse sans défense. Eh bien ! Pour moi c'est un malheur.

Nous avons traversé une cour où il y avait beaucoup de vieillard,bavardant par petits groupes. Ils se taisaient quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. On aurait dit un jacassement assourdi de perruches.