L'éveil de la Bête, tome 1 : Mon Nom est Carnage

Les chromes étaient relativement faciles à tuer, mais ils déferlaient en hordes innombrables.

Huit remparts d’Imperial Fists contenaient l’une des colonies principales au cœur d’une vallée parsemée de broussailles à l’est du nid et réduisaient les xenos à l’état de coquilles carbonisées et de viande écrasée.

De la fumée s’élevait du monticule de cadavres. C’était une souillure jaunâtre composée de particules organiques atomisées et de volutes de fumée de fycelène. D’après le magos biologis dépêché pour les assister dans cette mission, les tirs soutenus de bolters et de lasers, combinés aux impacts traumatiques répétés des lames et autres armes de mêlée, avaient bel et bien vaporisé environ sept pour cent de la biomasse collective de l’ennemi. La fumée jaune, un nuage de vingt kilomètres de large et de soixante de long, s’écoulait dans la vallée comme une brume matinale.

Le magos biologis en informa Koorland, comme si cette donnée pouvait avoir une application pratique. Koorland, second capitaine de la Compagnie du Rempart de l’Aurore, haussa les épaules. Pour lui, c’était une non-information, comme si on lui disait que les contours d’une mare de sang évoquaient une carte d’Arcturus ou le profil de grand-oncle Janier. Koorland avait été envoyé sur cette maudite Ardamantua pour tuer des chromes. Il avait l’habitude de tuer des choses. Il excellait dans cet exercice, comme tous ses frères de compagnie, comme tous les frères appartenant aux égides. Il savait aussi que lorsque l’on tuait un nombre colossal de choses, le spectacle n’était pas beau à voir. Cela laissait parfois de la fumée, parfois du liquide, parfois de la graisse, parfois des braises. Il n’avait pas besoin d’un expert issu des spires de Terra pour savoir que ses frères et lui avaient frappé les chromes de manière si implacable, si terrible, qu’ils les avaient en partie vaporisés.

Le magos biologis disposait d’une suite de trois cents acolytes et servitors. Encapuchonnés et diligents, ils avaient recouvert le flanc de la colline d’appareils de détection et de machines analytiques portables. Des tubes reniflaient l’air (voilà comment, selon Koorland, le magos avait calculé ses sept pour cent). Des appareils de capture pict enregistraient les différentes anatomies des spécimens chromes, les morts comme les vivants. Des dissections étaient en cours.