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Cet après-midi-là, l’atmosphère de la chambre du Conseil était exceptionnellement calme. D’ordinaire, au moins trois vives querelles auraient déjà éclaté et auraient fait blêmir ceux qui n’étaient guère habitués à ce genre de débat au Conseil, les incitant à se demander si un duel d’honneur n’allait pas être déclaré. Ce jour-là, cependant, dérogeait à la règle. Depuis les premières sessions qui avaient timidement suivi le couronnement de Selenay, il n’y avait plus dans l’atmosphère cette cordialité un peu crispée. Les personnes assises autour de la table en bois massif en forme de fer à cheval étaient silencieuses. Les représentants des Cercles des Bardes, des Hérauts et des Guérisseurs, respectivement sanglés dans leur uniforme écarlate, blanc et vert, avaient gardé le silence, tout comme les Hérauts du Seigneur Maréchal et du sénéchal, ainsi bien sûr que celui de la reine, Talamir.
Quant aux autres, eh bien, ils étaient nerveux. Ils ne connaissaient pas vraiment la reine, même si elle avait été des leurs toute sa vie. Ils constituaient le Conseil de feu le roi et non le sien. Ils avaient été ses amis, ses conseillers et ses pairs, et aucun d’entre eux ne s’était attendu à la servir, encore moins si vite. De sorte qu’ils en débattaient souvent entre eux, en supposant les uns aux autres comme si elle n’était pas là ou n’était pas davantage qu’une déléguée sans importance particulière.
Excepté en ces rares occasions où ce qu’ils souhaitaient accomplir allait devoir impliquer la reine. Auquel cas ils réagissaient généralement comme à ce moment-là, avec inquiétude et nervosité. Ces vénérables hommes et femmes d’État n’avaient apparemment pas conscience de se trahir eux-mêmes en agissant de la sorte.
La reine Selenay connaissait évidemment la cause de leur agitation. Ce qu’ils ignoraient et qui n’aurait pas manqué d’être cocasse en d’autres circonstances. Assise sur le trône qui avait été celui de son père, le siège placé à sa dextre restant vacant, Selenay observait ses conseillers qui se comportaient comme des élèves appliqués, tout en débattant sous l’œil sévère de leur enseignant.
Cette fois, ils s’apprêtaient à conjuguer leurs efforts en un élan de détermination parfaitement inhabituel afin de forcer leur souveraine à accomplir ce à quoi elle se refusait.
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