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Il roula sur le ventre, et toussa du sang entre ses dents cassées. Il se traîna, son torse frotta sur l’herbe et la terre dure, avant qu’il ne sente des mains se baisser pour le saisir à nouveau.
Se replier, puis revenir.
Les mots lui vinrent tandis que ces mains tiraient sur son kaftan déchiré. Tel était le premier principe de l’art du combat Khin-zan : déséquilibrer, forcer l’autre à trop s’engager, frapper à contre-pied.
Tamu ramena vivement ses genoux sous lui et poussa brusquement en arrière, contre les mains qui l’agrippaient. Il entendit un grognement de surprise lorsque son corps maigre jaillit vers le haut, cogna contre l’un de ses assaillants et l’envoya s’étaler.
Il se retourna en se tordant sur lui-même, expédia son poing serré, et sentit le coup porter. Un autre grognement, un autre corps qui tituba.
Quelque chose frappa sa tempe, le jeta de nouveau au sol. La vue de l’herbe se brouilla en dessous de lui. Son visage la percuta, et le goût des grains de terre lui envahit la bouche.
D’autres coups tombèrent ; des coups de pied dans les jambes, d’autres sur son dos exposé. Il se tortilla, essaya de trouver le moyen de se redresser. Une douleur chaude et humide se manifesta à l’arrière de son crâne.
Pensant qu’ils en avaient fini avec lui, l’un d’eux se pencha, tendit la main, prêt à le soulever par la peau du cou et à le jeter aussitôt au sol, à la façon dont les Talskar affirmaient leur domination d’un adversaire.
Se replier, puis revenir.
Tamu attendit encore, juste une fraction de seconde. Puis il se cabra de plus belle, fit le dos rond et se tordit comme une anguille, se retourna, agrippa le torse de son agresseur. La surprise se lisait sur le visage qu’il trouva face à lui, et il se mit à rire. Puis il frappa de la tête, contre un front proéminent, vit voler les gouttelettes de sang, et l’autre reculer sous l’impact.
Il crut alors pouvoir se dégager d’eux, parvenir à s’enfuir le long du lit à sec de la rivière jusqu’à se mettre en sécurité. Son espoir se révéla de courte durée ; il fut empoigné à nouveau, plus fermement cette fois. Deux mains l’agrippèrent solidement aux épaules. Il fut jeté sur le dos. Il vit trois visages flotter au-dessus de lui, tous meurtris et furieux. Un autre coup de pied s’abattit, et le frappa en plein ventre. Il se recroquevilla en s’étouffant.
— Ça suffit. »
Ils s’arrêtèrent immédiatement, et tournèrent la tête. L’incertitude parcourut leur groupe.
Tamu souleva sa tête. Sa vision était floue. Il vit l’un d’entre eux détaler, se mettre à courir en traînant la jambe. Alors les autres le suivirent : deux hommes trapus du foyer d’Alju, portant la ceinture en tissu rouge des keshig du vieil homme. Ils ne jetèrent pas même un regard en arrière. Tandis qu’ils couraient, ils accélérèrent, comme si une panique étrange les avait soudain pris.
Tamu sentait son sang lui couler à l’arrière du cou. Il s’efforça de se relever, mais n’y parvint pas. Le vent lui paraissait froid contre ses vêtements, même si le soleil était haut dans le ciel.
Il n’arrivait pas à voir celui qui avait parlé. La lumière se réverbérait douloureusement sur les plaines et l’aveuglait. Il se redressa sur ses deux coudes.
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