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Mon péché a été le plus grand, songea l’Ange. Et c’est moi, par conséquent, qui ai le plus besoin d’être entendu. Père, entendez mon appel. Faites-moi revenir vers vous.
Ses grandes ailes repliées, une main reposant sur le pommeau de l’Encarmine, l’Ange se dressait telle une immense statue pensive, sur l’estrade de commandement centrale de la passerelle du Red Tear. Ses ordres avaient le pouvoir d’envoyer une flotte à la guerre. La puissance d’une légion lui appartenait, et ses décisions, ses actes, avaient amené le péché sur tous ses fils. Il devait à présent se montrer suffisamment puissant pour laver cette impureté.
Depuis la position avancée et surélevée de l’estrade, Sanguinius disposait d’une vue panoramique à travers les grandes fenêtres du cuirassé. Il regarda encore la souffrance du vide stellaire secoué par le Warp, pendant quelques dernières secondes, alors que les volets commençaient à se fermer. La vue sur la Tempête de la Ruine se rétrécit et la tension au sein de l’équipage s’accrut. Ces humains avaient survécu à la démence qui s’était abattue sur la flotte lors du saut vers Signus Prime, bien qu’ils en eussent conservé les stigmates psychiques, des souvenirs comme des tessons de verre fichés dans leur courage. Mais ils le regardaient et en tiraient une force, et accomplissaient leurs devoirs. Une officière de navigation entama le décompte. Sa voix était ferme, consciencieuse. L’un après l’autre, les officiers répondirent depuis leurs stations, en déclarant le vaisseau paré au départ.
Un tremblement parcourut les ponts du cuirassé, comme si son esprit de la machine s’y préparait lui-même. Le Red Tear était tombé sur Signus Prime. Comme tant d’entre nous, se dit l’Ange. Mais le vaisseau, soulevé et arraché à cette terre, avait repris son envol. Les années passées sur Macragge avaient permis de réparer la nef vénérable. Elle était à nouveau apte à retourner au combat, mais ses cicatrices étaient aussi profondes que celles de l’équipage, autant que les blessures spirituelles infligées à la légion. Bien des choses avaient été perdues. Les lignes du cuirassé étaient demeurées les mêmes, ses grandes salles et ses baies étaient intactes, ses systèmes d’armes pleinement opérationnels. Mais les statues, les œuvres d’art et les manuscrits qui avaient brûlé étaient perdus à jamais. Le Red Tear avait fièrement incarné la culture de Baal. Chaque artefact détruit représentait un élément de l’histoire des Blood Angels qui avait disparu. Les sculptures, les tapisseries et les tableaux continuaient d’orner les couloirs ; ceux qui pouvaient être restaurés l’avaient été. Sanguinius avait donné l’ordre que les autres soient laissés à leur place. Ils formaient à eux tous un mémorial. Et un rappel que la IXe légion continuait de se battre, malgré ses blessures, ou les craquelures qui menaçaient de faire voler en éclats sa noblesse fondamentale.
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