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Ci-gît Brom
Dragonnier
Qui fut comme un père
Pour moi.
Que son nom soit toujours glorifié !
Il eut un sourire attristé à l'idée d'être passé si près de la vérité. Il parla alors en ancien langage, observant les ondulations et les chatoiements du diamant, tandis qu'un nouveau motif de runes se formait à sa surface. Quand il eut terminé, l'inscription était ainsi modifiée :
Ci-gît Brom
Qui fut un Dragonnier
Lié à la dragonne Saphira
Fils de Holcomb et de Nelda
Bien-aimé de Selena
Père d'Eragon le Tueur d'Ombre
Fondateur des Vardens
Et Fléau des Parjures.
Que son nom soit toujours glorifié.
Studja unin mor'ranr.
C'était une épitaphe moins personnelle, trop solennelle peut-être, mais Eragon la trouvait plus juste. Il jeta ensuite différents sorts pour protéger le diamant des voleurs et des vandales. "
Afficher en entierLe ciel était si rempli d'étoiles qu'Eragon en eu le souffle coupé. Rouges, bleues, blanches, dorées, elles scintillaient telles des poignées de pierres précieuses jetées à travers le firmament.
Il reconnaissait des constellations familières, mais noyées au milieu d'astres minuscules, qu'il découvrait pour le première fois. Si les étoiles lui paraissaient plus brillantes, l'espace, entre elles, était plus noir. Jusqu'à cette nuit, il n'avait regardé le ciel qu'à travers un voile; et ne l'avait jamais vu dans toute sa gloire.
Il demeura longtemps fasciné, frappé d'admiration devant la splendeur mystérieuse de ces lumières étincelantes. Quand il baissa enfin les yeux, il s'aperçut que l'horizon mauve avait quelque chose d'inhabituel. Là ou la rencontre entre le ciel et la mer aurait du former une ligne droite, comme d'ordinaire, elle dessinait une courbe évoquant le bordure d'un ciel gigantesque.
C'était si étrange qu'Eragon mit quelques secondes à comprendre. Puis ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et il en suffoqua presque d'émotion.
-La Terre est ronde ! murmura-t-il. Le ciel est courbe et le Terre est ronde !
Afficher en entierC'était un sort sans mot, car la magie du roi ne lui permettait pas d'agir autrement, et aucun mot n'aurait pu décrire ce qu'Eragon désirait ou ressentait. Une bibliothèque entière n'y aurait pas suffi. C'était un sort né de l'instinct et de l'émotion, hors de tout langage.
Ce qu'il demandait était à la fois simple et infiniment complexe : il voulait que Galbatorix comprenne ... Qu'il comprenne la malignité de ses actes. Ce n'était rien qu'une tentative pour communiquer.
Afficher en entierElle rejeta ses cheveux en arrière :
- Continue ! Pose-moi une autre question , ce petit jeu me plaît !
Tout en doutant d'obtenir une réponse, il haussa un sourcil :
- Cui cui ?
L'herboriste hennit de rire, et plusieurs chats-garous eurent un rictus amusé qui découvrit leurs dents. Chasse-les-Ombres, en revanche, parut mécontente, car elle enfonça ses griffes dans la cuisse d'Eragon, ce qui lui arracha une grimace.
-Ma foi, fit Angela, encore secouée d'hilarité, cette histoire en vaut bien une autre. Voyons... Il y a quelques années, alors que je voyageais en bordure du Du Weldenvarden, à des miles de toute terre habitée, je suis tombée sur Grimrr. Il n'était à cette époque que le chef d'une petite tribu de chats-garous, et ses pattes étaient encore intactes. Bref, je l'ai surpris en train de jouer avec un jeune rouge-gorge tombé du nid. S'il s'était contenté de le tuer pour le manger, je ne serais pas intervenue. Mais il tourmentait la pauvre bestiole, lui tirant les ailes, lui grignotant la queue, la laissant s'échapper pour la rattraper d'un coup de patte.
L'herboriste tordit le nez de dégoût :
-Je lui ai enjoint d'arrêter ; il m'a ignorée royalement.
Elle fixa Eragon avec un profond sérieux :
-Je ne supporte pas qu'on m'ignore. Je lui ai retiré sa proie et, d'un claquement de doigts, je lui ai lancé un sort. Après quoi, pendant une semaine, chaque fois qu'il ouvrait la gueule il pépiait comme un moineau.
-Il pépiait ?
Angela pouffa de nouveau :
-Je n'ai jamais autant ri ! Aucun chat garou n'a voulu l'approcher de toute la semaine.
- Pas étonnant qu'il te déteste !
- Et alors ? Ne pas se faire quelques ennemis de temps en temps, c'est de la lâcheté ou de l'hypocrisie. Et ça valait le coup de voir sa réaction. Il était dans une colère !
Chasse-les-Ombres sortit de nouveau ses griffes et lâcha un grondement sourd.
-Si on parlait d'autre chose ? proposa Eragon.
-Mmmm...
Avant qu'ils ait eu le temps de lancer un nouveau sujet, un hurlement retentit quelque part dans le camp. Il résonna longuement au-dessus des tentes avant de se dissoudre dans le silence.
Eragon et Angela échangèrent un regard. Puis ils s'esclaffèrent. Un des conteurs vardens avait eu la visite des Urgals...
Afficher en entier"Il existe de multiples façons d'utiliser son regard. Brom avait la sienne, mais ce n'était pas la plus souple ni la mieux adaptée aux grandes batailles. Au cours de sa vie, il n'a jamais affronté qu'un adversaire à la fois, de petits groupes tout au plus, et cela influençait ses habitudes. Ta vision doit être vaste ; observer les choses de trop près laisse la place à l'inattendu, qui peut te prendre par surprise. Tu comprends ?"
"Oui, Maître."
"Alors, recommence ! Et cette fois, détends-toi et élargis tes perceptions."
Eragon révisa de nouveau mentalement ce qu'il savait d'Arya. Quand il eut arrêté un plan, il ferma les paupières, ralentit sa respiration et s'enfonça profondément en lui-même. Il se vida peu à peu de ses peurs, de son anxiété, laissa s'éteindre la douleur que lui causaient ses meurtrissures. En même temps, son esprit se clarifiait comme jamais. S'il tenait encore à être victorieux, la perspective d'une défaite ne le tourmentait plus. Adviendrait ce qui devait advenir ; il ne lutterait pas vainement contre les décrets du destin.
- Prêt ? demanda Arya quand il ouvrit les yeux.
- Prêt.
Afficher en entierMurtagh lui tendit alors la main, et le garçon l'agrippa pas l'avant-bras. Ils restèrent ainsi un moment, les yeux dans les yeux.
- Sois prudent, dit Eragon.
- Toi aussi... mon frère.
Eragon hésita une brève seconde avant de hoche la tête :
- Mon frère.
Afficher en entierIl tendit la main et toucha la joue d'Arya:
-Aussi, je te le demande encore une fois: veux-tu venir avec nous?
Les yeux de l'elfe s'embuèrent; elle serra le fairth contre sa poitrine:
-Je ne peux pas.
Il acquiesça et retira sa main:
-Alors... nos chemins se séparent.
Sentant les larmes lui brouiller la vue, il s'efforça de faire bonne figure.
-Nous avons encore un peu de temps murmura-t-elle. Vous ne partez pas tout de suite.
-Non, pas tout de suite.
Ils restèrent là, côte à côte, fouillant le ciel du regard, guettant le retour de Firnen et de Saphira. La main d'Arya frôla celle d'Eragon; il s'en empara et la pressa dans la sienne, et ce minuscule réconfort apaisa un peu la peine qui lui broyait le cœur.
Afficher en entierA cet instant, Eragon ne ressentait rien. Il avait encore conscience de ses blessures, mais comme si le douleur n'était pas vraiment la sienne. Son esprit était un lac d'eau profonde par un jour sans vent, étale et cependant habité par les reflets alentour. Ce qu'il voyait s'imprimait en lui sans qu'il fît intervenir sa volonté ; ce n'était plus nécessaire. Il comprenait tout, et y réfléchir n'aurait fait que le gêner.
Afficher en entierEragon se passa une main dans les cheveux. Il se sentait vidé:
"Pourquoi tout est si difficile?"
"Parce que tout le monde veut manger, mais personne ne veut être mangé."
Afficher en entierIl y avait à El-Harìm un homme aux yeux jaunes.
Méfie-toi des murmures,me dit-il,car ils murmurent des mensonges.
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