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Introduction

Cinq minutes avant l'arrivée du car qui ramène mes enfants de l'école, j'emprunte la longue allée de notre vieille ferme du Tennessee jusqu'au portail qui clôture notre terrain, en compagnie d'une petite troupe de chiens bruyants et excités. Là, le car s'arrête, sa porte s'ouvre, et je vois Dani, notre fille de douze ans, prête à débarquer. Après un rapide coup d'œil vers les marches, elle choisit plutôt de descendre en glissant sur les fesses le long de la rampe de métal. Lorsqu'elle atteint le sol, je la prends dans mes bras, elle me sourit, et une fois que son grand frère William a refermé la grille derrière nous, nous marchons ensemble jusqu'à la maison, en naviguant entre les dizaines de poules qui picorent çà et là, tels des pigeons sur une place italienne.

Dani ouvre la porte, jette son sac à dos dans l'entrée et caresse la tête des chiens restés à l'intérieur. Un sourire illumine son visage quand le perroquet de William l'accueille d'un cri strident ; après un bref détour par les toilettes, elle se dirige vers la cuisine pour reprendre des forces après une longue journée de classe. Tandis que le chat se frotte contre ses jambes, Dani ouvre le réfrigérateur et en contemple le contenu sans rien y trouver d'intéressant ; elle se rabat alors sur le garde-manger, où elle s'empare d'un paquet de biscuits au beurre de cacahuètes. Elle choisit un verre dans le placard, se rend jusqu'à l'évier, tourne le robinet, et emplit son verre d'eau. Puis, elle s'assoit à table et entame son goûter. Tel est le rituel de retour de l'école, comme il se déroule dans des millions de foyers américains.

Après le goûter, nous nous rendons à la grange pour nous occuper de notre troupeau de chèvres, qui ne cesse de s'agrandir. Pendant que William et moi commençons à disposer nourriture et eau fraîche pour les bêtes dans la cour, Dani entre dans la grange pour retrouver les jeunes mamans et leurs petits dans l'endroit qui leur sert de nursery.

Une fois ces tâches effectuées, nous rentrons à la maison pour que les enfants fassent leurs devoirs, pendant que je commence à préparer le dîner. Lorsque Bernie rentre du travail, il ébouriffe les cheveux de William, chatouille Dani jusqu'à ce qu'elle pousse de petits cris, et prend ensuite une douche avant que nous ne passions tous à table. Après le dîner, s'il fait encore jour, il aime jouer dans la cour avec les enfants – c'est lui-même un grand enfant. Tous trois font enfin un petit tour dans le pré pour rendre visite à nos quatre poneys. Bains, pyjamas, lecture d'histoires, prières, bisous de bonne nuit, extinction des feux, et ça y est, les enfants sont couchés. Bernie et moi nous laissons tomber sur le canapé du salon, discutons de nos journées respectives, regardons le journal télévisé si nous ne tombons pas déjà de sommeil, et allons lancer un dernier regard dans les chambres de William et Dani avant de terminer cette longue journée. Le lendemain matin, le réveil sonne à 5 heures, et c'est reparti !

Telle est notre routine quotidienne. Notre ordinaire.

Toutefois, dans notre famille, même la routine est imprévisible. L'ordinaire y est souvent extraordinaire, et les tâches les plus banales représentent des réussites marquantes pour notre jolie blondinette aux yeux noisette et aux longues jambes.

La première fois que Bernie et moi avons rencontré Dani, dans le fond d'une classe de l'école de Land O'Lakes, en Floride, elle venait juste d'avoir huit ans. Elle bavait, la langue sortie d'un côté de la bouche, la tête penchée du même côté. Elle portait une couche et buvait – si l'on peut dire – dans une tasse à bec attachée au pied d'une table, afin que celle-ci ne tombe et ne roule pas au loin chaque fois qu'elle avait fini de s'en servir. Elle se mordait les bras et les mains, se tirait les cheveux, et se frappait les côtés de la tête de ses poings serrés. Elle ne regardait personne dans les yeux, ne communiquait pas, n'appréciait pas d'être touchée. Elle ne souriait pas, ne riait pas, ne parlait pas. Elle possédait cependant un répertoire de bruits assez impressionnants : un grondement guttural prolongé, un gémissement haut perché, parfois un bref cri perçant, et un « wou-wou-wou-wou » lancinant qui ressemblait beaucoup à une sirène d'ambulance – au point que Bernie fit remarquer qu'en cas d'urgence, elle pouvait elle-même lancer l'alerte !

Dani séjournait en famille d'accueil depuis sa sortie du Tampa General Hospital, quinze mois auparavant, où elle avait passé quatre semaines après avoir été retirée du taudis où elle vivait avec sa mère et ses deux grands demi-frères. Elle avait été confinée jour et nuit, comme un animal, dans une minuscule chambre sombre et sale, complètement nue en dehors de la couche qu'elle portait. Un matelas crasseux, sans couverture, y était posé à même le sol, au beau milieu des cafards. De temps à autre, on lui donnait une boîte de conserve à manger. On la baignait très rarement. Elle ne fut jamais enlacée, embrassée ; personne ne lui lut d'histoires, ne lui chanta de chansons, ou ne joua avec elle. Jamais elle n'avait été emmenée dehors, pour ressentir la douceur du soleil sur sa peau. À presque sept ans, elle n'avait jamais vu un docteur ni un dentiste, n'avait jamais été vaccinée et n'était jamais allée à l'école. Son corps était couvert de piqûres d'insectes, ses bras étaient rachitiques, ses côtes saillantes sous sa peau blême, et son cuir chevelu grouillait de poux sous ses cheveux collés par la crasse.

Mais ce jour-là, à l'école, Bernie et moi ne savions rien de tout cela. Tout ce que nous savions, c'est que nous nous étions sentis irrésistiblement attirés vers cette petite fille, dont nous avions uniquement vu une photo dans une galerie présentant des enfants à adopter. Au point de ne plus pouvoir cesser de penser à elle. L'agence d'adoption nous avait d'abord recommandé de choisir un autre enfant. La première assistante sociale nous avait vivement conseillé de regarder le film Nell, dans lequel Jodie Foster incarne une « enfant sauvage » découverte dans les forêts de Caroline du Nord. Elle parlait un langage que nul ne pouvait comprendre et agressait tous ceux qui essayaient de s'approcher d'elle. Nous le regardâmes avec William et un autre de nos grands fils, Paul. À un moment, alors que nous étions tous pétrifiés par l'histoire, Paul se tourna vers nous et nous demanda : « Vous êtes cinglés ? Vous avez perdu la tête, ou quoi ? » Lorsque le film fut fini, Bernie et moi échangeâmes un regard ; et, comme souvent, chacun put lire dans les pensées de l'autre.

Nous savions tous deux que nous devions rencontrer cette petite fille dont le visage s'était gravé dans nos cœurs, nos esprits et nos âmes. Le lien que nous éprouvions envers elle avant même de l'avoir rencontrée était d'une telle puissance que nous ne l'avons jamais remis en cause. C'était comme si nous la connaissions déjà, et même si nous ne savions pas ce qui nous attendait, nous n'avions d'autre choix que de suivre ce qui nous poussait vers elle.

Aussi fou que cela puisse paraître, quelque part au fond de nous, Bernie et moi pensions que la force de ce mystérieux appel signifiait peut-être qu'elle nous attendait depuis bien longtemps.

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Les premières graines

Ce fut environ trois ans après notre mariage que j'abordai pour la première fois la question de l'adoption avec Bernie. Nous vivions encore dans le Tennessee, où nous rénovions une immense maison ancienne que nous venions d'acheter. Nous passions nos journées au travail, et nos soirées et week-ends aux travaux de la maison. Je n'avais pas un enfant particulier à l'esprit, ni même un âge ou un sexe. Je voulais seulement tâter le terrain. Face à la réponse peu enthousiaste de Bernie, je repoussai cette idée dans un coin de mon esprit.

Ma deuxième tentative eut lieu après notre déménagement en Floride, dans la première maison que nous occupâmes là-bas. Notre fils cadet, Willie, n'allait pas encore à l'école, et Paul et Steven vivaient encore avec nous. Cependant, sur les cinq nous n'en avions plus que trois, et l'idée avait suffisamment fait son chemin en moi pour que j'ose la remettre sur le tapis. Je dus en faire part à Bernie l'air de rien, dans une conversation du genre : « Comment s'est passée ta journée ? Qu'est-ce que tu veux manger ce soir ? Oh, tu pourras emmener Steven s'acheter un nouveau bermuda ? Au fait, as-tu réfléchi à l'idée d'adopter un enfant ? »

Autant que je me souvienne, ses réponses furent de cette teneur : « Bien. Je peux faire un barbecue. D'accord. Non. »

Je laissai donc de nouveau l'idée de côté. Si Bernie s'était montré un partenaire coopératif au moment d'acquérir des chiens errants et des maisons délabrées, un enfant nécessitait un peu plus d'investissement qu'une caresse sur la tête et un coup de peinture.

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours été attirée par l'adoption. Enfant unique, je rêvais d'avoir des frères et sœurs et une grande famille tapageuse comme on en voyait à la télévision. Mes parents étaient sensiblement plus âgés que la plupart des autres à ma naissance. Mon père avait déjà la cinquantaine, et ma mère quarante-deux ans. J'étais leur quatrième enfant, mais les trois précédents décédèrent au cours de leur première année. Je ne l'appris que tardivement, et même alors, le sujet resta relativement tabou pour mes deux parents. Je me souviens leur avoir demandé si je pouvais avoir un frère ou une sœur ; je sais qu'ils avaient envisagé l'adoption, mais à cette époque, ils étaient considérés comme étant déjà trop âgés pour cela.

Je ne peux imaginer les souffrances de ma mère en perdant ainsi un bébé après l'autre. C'est tout simplement inimaginable. Moi qui ai pleuré pendant des jours après la mort d'un petit chevreau… Peut-être a-t-elle été tellement rongée par le chagrin qu'elle ne pouvait plus s'autoriser à s'attacher à un enfant, quand les trois premiers avaient péri tour à tour. Cela expliquerait pourquoi notre relation a toujours été froide et distante. Ma mère n'était guère démonstrative, et c'était en vain que je recherchais des gestes d'affection de sa part. Elle assurait tous mes besoins basiques – alimentation, hébergement, vêtements, soins médicaux, éducation – mais ne parvint jamais à me dire ou à me montrer qu'elle m'aimait. Mon père, lui, était différent. J'étais sa petite fille chérie, et passais autant de temps que possible en sa compagnie.

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Pour nous, chaque étape qu'elle franchit est un miracle. Chaque jour se vit dans l'espoir, la foi et la gratitude.

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D'après elle, si cette fillette avait été enlevée de son foyer à l'âge de trois ou quatre ans, lors des premières alertes au DCF, son pronostic aurait sûrement été bien différent.

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